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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

29 mars 2011

Chronique, 'L'amant Liesse'


« Elle l’attend. Elle est l’attente. Chaque matin davantage depuis une semaine qu’elle a pour la première fois senti l’immense vague lui creuser le ventre au rythme de sa langue dans sa bouche, la langue de Liesse, elle est l’attente, l’attente ailée confiante d’une chrysalide, elle sourit, elle pense à la fatalité du désir, puisqu’il arrive (...) »

Prenez une profonde inspiration avant d’entamer la lecture de cette nouvelle brûlante, car vous ne pourrez reprendre votre souffle qu’une fois le livre refermé !
Nul besoin d’intrigues ou de rebondissements, Bertrand Leclair parvient, par un exercice de style magistral, à nous maintenir en haleine d’un bout à l’autre de ce texte transpirant de désir. Un désir projeté dans l’attente quasi insoutenable d’une femme mariée pour son amant, un amant qu’elle appelle Liesse. «Elle veut à frémir qu’il arrive et ses mains sur elle et son souffle et sa peau, sa peau, oui, elle veut sa peau, c’est exactement ça elle veut la peau de Liesse (...)».
Les mots s’enchaînent à une vitesse folle, dans une prose délicieusement poétique où le désir exacerbé repousse les points et les virgules. On lit ce texte d’une seule traite, comme on courrait un 100 mètres. Impossible de s’arrêter.
On se laisse emporter dans ce tourbillon de mots, dans cette cascade de désir. Un désir brut exprimé sans tabou, avec, d’un côté, le désir étourdissant d’une femme qui attend son amant, un amant qui redonne vie à chaque parcelle de son corps, de son être, «la vie vraie de l’âme au corps accordée», la ramenant à elle-même, entière et vivante ; et de l’autre côté son mari, rongé par la jalousie, qui couche ses doutes sur le papier pour ne pas affronter la réalité. Une réalité qui s’impose de plus en plus à lui, qui se devine de plus en plus dans l’attitude de cette femme «absente à leur univers et pourtant présente à elle-même comme il l’a rarement observée.»
Le désir imprègne chaque phrase, dont certaines s’écrivent sur plusieurs pages avant de nous autoriser à reprendre notre souffle. Un désir interdit vécu sans culpabilité. « (...) femme adultère, ce mot d’adulte au parfum de mystère, ce mot de grande personne peut-être, elle songe, traçant les lettres éphémères au souffle du miroir, ce mot qui la fait grandir et grandir jusqu’au vertige, elle songe, qui vous fait grandir mais vous précipite au sens de la terre (...) ».
L’auteur manipule les mots avec une aisance déconcertante. Jeux de mots, métaphores, brèves incursions poétiques... : on ne lit pas simplement ce livre pour l’histoire qu’il raconte, mais aussi pour la qualité et l’originalité déconcertante de la plume de l’auteur.
Un chant érotique enivrant qui éveillera tous vos sens.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de février 2011.

2 mars 2011

Poème, "A contre-courant"


Si tu m’entends sans m’écouter
Si ma souffrance t’est étrangère
Nous voilà tous deux prisonniers
De ce silence au goût d’enfer

Pas si facile d’oser s’aimer
Alors de malaises en conflits
On en vient à se détester
Intolérable tragédie

Que faire alors de nos désirs
Faut-il détourner le regard
Crois-tu que ça pourrait suffire
Pour effacer notre mémoire

Y a-t-il des larmes que tu retiens
Des pas que tu n’oses pas faire
Aimerais-tu me prendre la main
Et faire de nous deux ton repère

Nos souvenirs sont trop précieux
Et tellement chargés de bonheur
De cette ivresse qui rend heureux
Et repeint nos vies en couleurs

Je les revis à chaque instant
Pour te sentir moins loin de moi
Et m’échapper de ce présent
Où je perds pieds, où je me noie

Tout mon corps tremble et mon cœur pleure
En voyant tes yeux qui me fuient
Sans toi les minutes sont des heures
Sur l’horloge de mon agonie

Je me réfugie dans mes livres
Pour échapper à la douleur
Rêvant qu’un jour tu m’en délivres
Rêvant qu’un jour tu n’aies plus peur

Les sourires se sont effacés
Le vide a remplacé les rires
Le bonheur s’est juste absenté
Veux-tu lui dire de revenir ?

L’espoir me file entre les doigts
Et si je préfère être seule
C’est parce que je ne supporte pas
Qu’il manque cette pièce à mon puzzle

Mélina Hoffmann, mars 2011