De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

22 août 2011

Chronique "Rouge majeur", Denis Labayle



« Ma peinture se situe, comme ma vie, dans un espace étroit entre l'ordre et le chaos. Je fuis le stable, le simple, toujours trompeur. Il y a quelque chose de mort dans le parfait défini. L'art doit être recherche, aventure, instabilité. Une toile réussie est une toile qui bouscule l'esprit jusqu'au vertige. Sans vertige, pas de génie. Comment pourrais-je atteindre le hasard en m'entourant de certitudes ? Regardez, chez moi, tout est déchirure... J'aime le chaos ordonné. »
Rouge Majeur est un roman inspiré d'une histoire réelle et tragique, celle du talentueux peintre de la France d'après-guerre, Nicolas de Staël.
L'histoire commence le 5 mars 1955 tandis que Nicolas de Staël assiste à un grand concert à Paris. Complètement bouleversé par la musique d'Anton Webern, le peintre décide d'exprimer en peinture ses émotions à travers ce qui sera l'œuvre de sa vie, une immense toile qu'il nommera "Le Concert", et dans laquelle il souhaite célébrer nos sens, peindre son impression musicale, son ressenti. « Je veux que l'œil entende. » Un projet audacieux par lequel le peintre compte marquer une véritable rupture.
Mais l'histoire se termine prématurément dix jours plus tard lorsque le jeune peintre au sommet de sa gloire se suicide, laissant sa dernière œuvre inachevée. Denis Labayle a voulu imaginer ces dix derniers jours de la vie de l'artiste, et c'est là que les faits réels cèdent la place au roman.
Jack Tiberton est pigiste depuis six ans pour la rubrique culturelle du Washington Tribune lorsqu'on lui propose enfin sa première vraie mission : une enquête à mener en France sur le célèbre peintre Nicolas de Staël. Une proposition qui ne se refuse pas pour ce journaliste ambitieux.
De la rencontre entre les deux hommes va naître une relation privilégiée. Le peintre propose à Jack d'être présent tout au long de la réalisation de son oeuvre, d'être son ange gardien en quelque sorte. Une expérience bouleversante et enrichissante pour le jeune journaliste qui découvre la sensibilité exacerbée de l'artiste, sa solitude extrême, ses angoisses, son désespoir, ou encore sa quête obsessionnelle de l'absolu.
« A mesure qu'il progresse, l'espace se modifie, la toile prend une force de plus en plus incandescente. Et moi, discret, j'assiste en première loge à l'alchimie de l'art. Pour la première fois, j'ai l'impression d'entrer, par effraction, au cœur du mystère de la création. »
Rouge majeur est un véritable coup de cœur. La plume délicate et poétique de Denis Labayle nous emmène au cœur même de la création artistique sous tous ses aspects et de la solitude de l'artiste, là où naissent les élans et les doutes, les émotions les plus intenses et les plus ravageuses. « A l'origine de toute œuvre majeure, il y a un grand bonheur et, en même temps, une grande douleur. Un mélange des extrêmes, une jouissance meurtrière. »
A travers ces dix jours fictifs mais possibles de la vie de Nicolas de Staël, l'auteur nous livre un roman passionnant, dans l'ambiance du Paris d'après-guerre qui renaît de son agonie malgré les traumatismes encore présents dans les mémoires.
Une très belle découverte.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de juillet 2011 et sur le site Internet du BSC News.

12 août 2011

Chronique "L'amour dure trois ans", Frédéric Beigbeder



« On nous dit souvent qu'au bout d'un certain temps, la passion devient "autre chose", de plus solide et plus beau. Que cette "autre chose", c'est l'Amour avec un grand "A", un sentiment certes moins excitant, mais aussi moins immature. J'aimerais être bien clair : cette "autre chose" m'emmerde, et si c'est cela l'Amour, alors je laisse l'Amour aux paresseux, aux découragés, aux gens "mûrs" qui se sont engoncés dans leur confort sentimental. Moi, mon amour il a un petit "a" mais de grandes envolées ; il ne dure pas très longtemps mais au moins, quand il est là on le sent passer. »
Cœurs sensibles s'abstenir ! Si vous cherchez de l'espoir et des histoires d'amour à l'eau de rose, ce n'est pas ici que vous les trouverez ! « L'amour est un combat perdu d'avance. » C'est par ces quelques mots que débute ce roman au titre tout aussi pessimiste. Le ton est donné ! Frédéric Beigbeder règle ici ses comptes avec l'amour, et autant dire qu'il n'y va pas de main morte ! Le personnage principal, c'est lui, il nous l'avoue au bout de quelques pages, et il n'est pas vraiment au mieux de sa forme. « Je crois que je suis la personne la plus triste que j'aie jamais rencontrée. »
Sa femme l'a quittée, l'amour s'est transformé en solitude, le mariage en divorce. En pleine désillusion, il nous énonce alors sa théorie : « Un moustique dure une journée, une rose trois jours. Un chat dure treize ans, l'amour trois. C'est comme ça. Il y a d'abord une année de passion, puis une année de tendresse et enfin une année d'ennui. » Il n'hésite d'ailleurs pas à s'appuyer sur quelques statistiques pas franchement rassurantes que je vous laisse le plaisir de découvrir au fil de la lecture !
Et comme si cela ne suffisait pas, il nous propose d'écouter en boucle la petite sélection musicale élaborée par ses soins - pour nous aider à remonter la pente dit-il, mais dont, en réalité une simple écoute vous ferait dévaler la pente à une vitesse que vous ne pensiez même pas pouvoir atteindre ! Il y a de l'ironie dans l'air...
Alors, évidemment, lorsque notre auteur/héros entame une nouvelle histoire d'amour, à l'approche des trois ans le compte à rebours est lancé ! Et, l'air de rien, il parvient ainsi à ménager un certain suspense !
Le style de Frédéric Beigbeder plait ou ne plait pas, c'est sans demi-mesure. Simple, fluide, brut, sans fioriture, provoquant, et diablement efficace ! Ainsi, malgré quelques envolées pas franchement très fines voir carrément trash, et un narcissisme dont il est difficile de faire abstraction, j'ai littéralement dévoré ce livre d'une seule traite ! Il m'en a coûté quelques heures de sommeil et une légère collision frontale heureusement sans conséquence (et oui, lire en marchant présente un certain danger, surtout sur les trottoirs parisiens !) Mais que voulez-vous, je soupçonne ce livre d'avoir un puissant pouvoir addictif !
Pour être tout à fait honnête, il y a quand même quelque chose de très dérangeant dans ce roman - qui ressemble d'ailleurs plus à un essai contemporain. Derrière l'ironie et le sarcasme dont abuse l'auteur, et malgré les quelques mots d'espoir qui s'invitent tardivement pour tenter de nous faire croire que, Ouf ! Rien de ce que nous avons lu d'affreux sur l'amour tout au long de ce livre n'est à croire !, on se dit que, quand même, il sonne beaucoup trop vrai ce roman... Et, une fois passée la première moitié, on sent bien que rien de ce que l'auteur pourra dire par la suite ne nous rassurera ! Certaines réflexions nous poursuivent, on s'interroge, et j'avoue avoir eu envie, pendant quelques minutes (... heures ?!), de renoncer définitivement à l'amour !! En résumé, et bien que je l'ai trouvé excellent, mieux vaut peut-être fuir ce livre si vous êtes en pleine déception amoureuse ! En revanche, si vous vous sentez d'attaque ou que vous êtes d'un optimisme inébranlable, ne vous privez pas de cet agréable moment de lecture !
Allez, une petite phrase positive pour finir, parce qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on lit, l'amour ce n'est pas QUE ce qu'en dit Frédéric Beigbeder dans les 190 premières pages... C'est aussi ce qu'il en dit dans les trois dernières !« Pour que l'amour dure toujours, il suffit de vivre hors du temps. » Ouf !
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de juillet 2011 et sur le site Internet du BSC News.