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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

29 déc. 2012

Etre ou paraître, telle est la question

La vie est un bal masqué. 

Nos conditionnements, notre éducation, nos croyances, les normes sociales, nous coupent de notre être profond, étouffent notre intuition, et nous asservissent. Peu de gens se connaissent vraiment et/ou osent se montrer sans masque. 

Peu de gens sont donc en accord avec eux-mêmes. Or, ne pas être en accord avec soi c'est se condamner à subir une vie avec laquelle on ne fera que se débattre, prisonnier de costumes, de rôles qui finiront par nous définir. 

Nous sommes nos propres tortionnaires, et le seul moyen que nous avons trouvé pour tromper notre sentiment d'échec c'est de juger l'autre, de façon souvent impitoyable, et d'exiger de lui une authenticité dont nous sommes incapables. 

Alors oui, parfois, je me dis qu'une fin non pas du monde mais d'UN monde, celui-là, nous aurait fait le plus grand bien... 

Mélina, Décembre 2012

26 déc. 2012

'L'amour dans la vie des gens', Sophie Fontanel



« Admettre que, certaines personnes, l'amour qu'on leur porte les émeut. Mais que c'est peut-être leur maximum. »

Ce livre n’est pas un roman. Il ne raconte aucune histoire. Où plutôt, il les raconte un peu toutes. Sophie Fontanel nous parle d’amour. En toute sincérité, en toute simplicité, elle évoque tout ce que ce sentiment puissant  suscite de beauté, d’émerveillement, d’espoir, de joie, mais aussi de déception, de solitude, de manque, d’illusions, dans la vie de chacun de nous. Tout et son contraire en quelque sorte.

Les pensées, anecdotes, constats et autres coups de gueule se succèdent à un rythme qui laisse peu de répit. Car, même s’il est possible de picorer ça et là quelques phrases sans se plier à une lecture linéaire, en réalité, une fois commencée, il est difficile d’en interrompre la lecture ! Car on s’y retrouve forcément, dans nombre de ces morceaux de vie. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques de l’amour, quoi que l’on écrive à son sujet, il y aura toujours quelqu’un pour s’y retrouver.

Sophie Fontanel, dont on devine quelques désillusions, se laisse aller avec humour, douceur, ironie parfois, sur ce thème qui lui est familier, comme il l’est à chacun de nous. Elle nous ouvre son cœur pour nous parler de l’amour qui fait du bien, de l’amour qui fait du mal, de celui pour lequel on se bat, de cet autre contre lequel on lutte, de l’abandon de soi, du dévouement à l’autre, de l’être aimé que l’on quitte, ou de celui qui nous abandonne… Elle évoque avec sensibilité les doutes, les interrogations, les peurs qui empêchent bien souvent l’amour de se révéler, de s’épanouir, d’être tout simplement.

Voici quelques extraits piochés au hasard (ou pas tant que ça d’ailleurs...) :

« Une nuit, ça me réveille, la pensée que dans mon cas l'expression "donnant, donnant" signifie juste que je donne deux fois. » ;

« Celui-ci, en phase maniaque, il prend une fille assez rêveuse et il l'aime. Et après, il redescend et il la détruit. »

« Echec de Laurent qui voulait se trouver une petite amie sans importance pour oublier la femme qu'il aime. »

« Quand je comprenais qu'un homme ne pouvait pas aimer, je n'avais pas le coeur à abandonner cette personne à une telle détresse. »

« Il propose son amitié en guise de rupture. Mais elle : "L'amitié, qui ça intéresse quand on aime ?". »

« Que je me suis très lourdement trompée.

Que je n'ai pas trouvé ce que je cherchais.

Que je n'ai pas su vivre. »

Un petit livre sans prétention dans lequel chacun puisera un peu d’espoir, de réconfort, de douceur, selon son histoire personnelle. Un peu d’amour en tout cas.


Mélina Hoffmann


Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Décembre 2012 (pages 127-128)

6 déc. 2012

'Avant, pendant, après', Jean-Marc Parisis



« La première fois que je l'ai vue, je ne l'ai pas vue, je l'ai aimée de dos. Je savais que lorsqu'elle se retournerait, ce serait pire. Blonde avec des traits de brune. Ses yeux brillaient d'une lumière mystérieuse et familière qui semblait venir du fond de l'enfance. Le pain et le chocolat, la marelle au soleil, les genoux écorchés, les matins d'hiver si durs à se lever. »

François Roman est un parolier à succès. Son registre ? Les chansons d'amour. L'amour dont il noircit des pages sans véritablement en remplir sa vie, qu'il partage pourtant avec Laurence. Mais ça, c'est l'"avant".

Et puis, lors d'une soirée parisienne, François rencontre une jeune femme à l'envoûtement de laquelle il succombe et qui lui murmure à l'oreille : « Vous n’avez pas froid sans manteau ? Ne rentrez pas trop tard », avant de se glisser dans un taxi et de s'effacer tel un courant d'air dans la nuit, avec la légèreté d'un ange.

Captivé par cette femme mystérieuse qui a mis tous ses sens en émoi, attiré par le parfum de danger qui émanait d'elle, François n'a qu'une seule envie, la retrouver. Qu'a-t-il à craindre, lui qui n'avait jamais souffert d'amour, lui qu'on n'avait jamais quitté...
Arrive alors le "pendant" d'une relation délicate et sensuelle, au goût brûlant de passion entre les deux amants. François découvre les vertiges de l'amour, celui-là même qu'il n'avait jusqu'alors qu'écrit et qu'il découvre avec enchantement.

Mais la passion se nourrit de l'éphémère et de l'impossible. Elle se consume aussi vite qu'elle s'embrase. Et alors même que le "pendant" a un goût d'infini, l'"après" se dessine déjà en filigrane. Arrive le temps de la séparation des corps et des cœurs qui ne s'étaient faits aucune promesse. François, désemparé, se trouve à nouveau plongé dans une solitude que les souvenirs de cette passion rendent un peu plus douloureuse qu'avant. La jalousie, l'incompréhension, la désillusion et le désespoir viennent recouvrir l'ivresse des plus beaux sentiments.

« Si l'amour est le plus court chemin vers la solitude, le mensonge conduit à la folie. Esseulé dans l'amour, aliéné par le mensonge, je m'étais complètement perdu. Dans l'amour, quand on n'est pas deux, on est moins qu'un. »

Si le thème du triptyque amoureux "rencontre, passion, séparation" n'a, certes, rien d'original, la plume fluide, précise et réaliste de Jean-Marc Parisis lui donne néanmoins une autre saveur. Alternant romantisme et brutalité, il décrit avec minutie les trois temps d'une histoire d'amour passionnelle dans un Paris fiévreux et incandescent, dévoilant à travers sa prose masculine toute la gamme des sentiments propres à la passion.

Un roman qui sonne juste et qui nous charme.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Novembre 2012 (pages 144-145)

19 nov. 2012

'Replay', Ken Grimwood




« Il avait dix-huit ans, et il n'ignorait rien de tout ce qui se produirait de déterminant dans le monde, pendant les deux décennies à venir. »

Imaginez que vous ayez la possibilité de recommencer votre vie avec le souvenir de tout ce qui va se produire, que changeriez-vous ? La réussiriez-vous mieux ? Feriez-vous d'autres choix ? Essayeriez-vous d'empêcher certains évènements de se produire ? 

Un matin de 1963, Jeff se réveille dans sa chambre universitaire, à côté de son meilleur ami et camarade de classe. Rien de plus normal, à priori, pour un étudiant de 25 ans... Sauf que Jeff est mort la veille d'une crise cardiaque, à l'âge de 43 ans !

Difficile pour le "jeune" homme de comprendre ce qui lui arrive et de savoir quelle attitude adopter. Il se retrouve dans le corps de ses 25 ans, auprès d'un ami qui s'est suicidé des années auparavant (qui deviennent alors des années plus tard), ses parents ont le même âge que lui hier à la même heure, le président Kennedy n'a pas encore été assassiné... Rapidement, Jeff comprend qu'on ne le croira jamais. Dès lors, pourquoi ne pas profiter de toutes les possibilités qui s'offrent à lui ? Pouvoir recommencer sa vie en se souvenant du futur, n'est-ce pas finalement une chance ? Il va pouvoir séduire à nouveau celle qui sera sa femme des années plus tard mais ne l'ignore encore, empêcher l'assassinat de Kennedy, parier sur les matchs sportifs dont il connaît déjà les résultats, anticiper les évolutions économiques... : autant de perspectives alléchantes, et pourtant...

Quelques années plus tard, le phénomène se répète. Jeff meurt et renaît à nouveau, mais pas exactement au même moment. Et c'est ainsi que les replays vont s'enchaîner, sans qu'il ne puisse l'empêcher. Bénédiction ou malédiction ? Prisonnier d'une vie qui n'en finit pas de finir et qu'il tente d'appréhender chaque fois différemment, le jeune homme se rend compte, peu à peu, que son impact sur les évènements est limité, que sa vie n'est ni meilleure, ni pire, mais simplement différente. Mais, est-il le seul à vivre ce phénomène ? Pourquoi et jusqu'à quand devra-t-il subir cela ?

Au-delà d'un récit rythmé et prenant, ce livre nous invite à une véritable réflexion spirituelle sur le sens que nous donnons à notre vie et notre rapport au présent.

Confronté à une situation qui pourrait à première vue faire rêver, le héros nous montre que la pensée de pouvoir mieux faire si nous revenions en arrière est finalement illusoire. Un choix qui se révèle décevant ne signifie pas pour autant que le choix inverse aurait été meilleur. Il aurait pu se révéler aussi décevant, si ce n'est davantage.

« Il avait essayé d'utiliser sa préscience pour remodeler le destin de façon positive, en un acte qui l'élevait bien au-dessus de la banalité de ses paris et de ses combines d'investissements - or ses efforts avaient à peine provoqué une petite ride à la surface de l'Histoire : le nom de l'assassin avait changé, rien de plus. »

D'une intensité et d'une profondeur assez inattendues pour le genre, ce livre nous rappelle que seul le moment présent existe et que nous gaspillons un temps précieux à nous poser trop de questions, à alimenter remords et amertume, à croire que nous avons l'éternité devant nous... au lieu de vivre, simplement et pleinement l'instant présent, qui déjà s'échappe...

Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Novembre 2012 (pages 146-147)

11 nov. 2012

'Aimer c'est résister', ouvrage collectif


 
« Aimer c’est se sentir plus vulnérable et plus fort. Résister contre l’ennui, l’indifférence, résister c’est aimer. Quelque chose qui résiste en nous, qui résiste aux maux et aux mots, que l’on ne saurait dompter, tout juste apprivoiser comme un petit renard fauve, qui se sauve, qui nous sauve. (...) Aimer c’est être ému. »
Aimer c’est rêver, espérer, désespérer parfois ; désirer, comprendre, attendre, oser. Aimer c’est sentir un quand on est deux et parfois moins qu’un quand on est seul. Aimer c’est vivre hors du temps, en plein soleil ou, d’autres fois en pleine tempête quand l’amour file ou se défile. Aimer c’est voir à nouveau le monde avec ses yeux d’enfant, retrouver la magie de nos cœurs insouciants. Aimer c’est laisser s’accorder l’âme, le cœur, le corps, un sentiment intense qui nous embrase, nous dévore. Aimer c’est… tout ça, bien plus encore.
Et puis aimer, c’est aussi résister. Résister aux nombreux obstacles qui menacent l’amour, tentent de le condamner ; nos doutes, nos peurs, nos déceptions, nos illusions déçues, nos rêves perdus, nos attentes trop élevées... Résister à notre envie de réécrire l’autre, de le changer. Résister au manque, à l’absence, à l’indifférence, au temps qui passe, qui lasse parfois. 
Ce recueil 2.0, dirigé par Franck-Olivier Laferrère, réunit les plumes de dix auteurs qui, chacun à leur manière, se sont emparés du thème « Aimer, c’est résister », le déclinant dans des styles et des tons fort différents les uns des autres.
Ici, nous nous trouvons immergés dans les pensées d’une jeune fille qui s’interroge sur la notion d’héroïsme au sein de la Résistance ; là, c’est une jeune infirmière qui nous emmène dans son quotidien auprès de handicapés moteurs et mentaux ; ailleurs, c’est une femme qui apostrophe son amant, le mettant en garde de façon satirique sur les dangers qui menacent la vie de couple, « Avant que tu deviennes méchant et con et moi triste et aride, amusons-nous encore un peu, hein. » ; ailleurs encore, une autre plume nous dresse – à la manière d’un essai - le portrait d’une femme moderne, « La Femme moderne est araignée. Sa toile va de son carnet d’adresse à son site Internet et, pourtant, elle veut cet homme qui ne veut rien. Elle désire cet homme qui, sans affect, mais en conscience aime d’amour et propose l’amitié. Tout le travail d’aimer. »
Chacun des auteurs nous emmène ainsi dans un univers qui lui est propre, abordant l’amour sous un angle que l’on n’attend pas forcément, parfois avec tendresse et douceur, parfois avec humour ou dérision. Je n’ai pas été séduite par toutes les nouvelles (et je pense qu’il est difficile de l’être au vu de la variété des plumes), j’en ai abandonné certaines au bout d’une vingtaine de lignes, d’autres m’ont laissée sur ma faim, et puis je me suis régalée de quelques-unes d’entre elles que j’ai eu envie de relire.
Un recueil qui vaut donc le détour, notamment de par l’expérience de lecture singulière qu’il propose grâce à la présence d’illustrations ainsi que d’une musique de fond qui nous accompagne tout au long de ces dix nouvelles. Nous sommes ainsi tour à tour surpris, enchantés, déçus, transportés, secoués, selon nos attentes et nos préférences littéraires, et finalement, on en demanderait bien encore !
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'Octobre 2012 (pages 108-109)

30 oct. 2012

'Lucienne', de Jean-Michel Berardi



« - EDMOND ! EDMOND !
Non, il est bien trop loin pour m'entendre ! Et puis, sait-il que je vais venir ?... Parfois j'en doute ! En ce moment, je le trouve bizarre, pas dans son assiette, préoccupé... Mais préoccupé par quoi ? Non, ce n'est pas préoccupé, c'est plutôt perdu, égaré... Ce ne serait pas surprenant parce que sous terre, il n'a plus de repère, plus de saison, plus de lumière... et pas de calendrier. »

Lucienne a 76 ans et n’a d’yeux que pour Edmond, son défunt mari que l’on jurerait vivant pourtant, tant elle le traite avec amour, respect, tendresse et bienveillance. Mais c’est bien au cimetière de son village qu’elle lui rend visite chaque jour, lui raconte son quotidien, lui confie ses angoisses, lui livre son regard sur le monde moderne et ses travers, l’interpelle, interprète ses silences ou lui prête des répliques… Une bouleversante relation qu’elle ne partage pas, n’ayant ni enfant, ni personne pour s’occuper d’elle.

« Le silence, c'est comme une cage que l'on construit autour de soi, petit à petit, barreau après barreau et si le silence dure trop longtemps, quand on veut en sortir, on ne peut plus ! (…) Il y en a qui se résignent et qui se taisent pour toujours, il y en a d'autres qui se mettent à crier, et d'autres qui partent. Il y en a qui vont voir le docteur et qui prennent des pilules pour moins penser, et encore d'autres, comme moi, qui parlent dans leur tête... à des morts au cimetière... »

Lucienne est une vieille dame attachante et dotée d’un sacré caractère, qui nous fait rire et nous émeut tout à la fois, entre sa gentillesse, ses coups de colère, ses réflexions sur la vie et les souvenirs qu’elle évoque pudiquement. D’abord enfermée dans cet amour qui semble avoir survécu à la mort et qui continue à prendre toute la place, nous l’observons revenir lentement à la vie, sa propre vie.

Peu à peu, son regard change sur ce qu’a été son existence, sur ce à quoi elle aspire. Elle ouvre les yeux sur la monotonie de son quotidien, sur sa relation avec Edmond aussi, redécouvre l’espoir. Elle rencontre alors Joseph, un clochard qu’elle accueille chez elle. Au fil des jours elle se surprend à penser à lui, à apprécier sa compagnie, une compagnie différente de celle d’Edmond. Une compagnie qui ressemble davantage à une présence. Des sentiments dont elle se sent d’abord coupable, desquels elle se justifie, s’excuse presque !

« (...) Je me demande s'il ne tourne pas jaloux que je m'occupe de Joseph... Je ne lui en ai même pas parlé mais c'est vrai qu'en ce moment, je pense autant à l'un qu'à l'autre et c'est bien la première fois que ça m'arrive... Il doit le sentir... ou alors c'est moi qui change. Il faut dire que Joseph, même s'il ne parle pas, il est là, vivant, il vient, il part le matin, il rentre le soir et ce n'est pas le cas d'Edmond !... Pourtant, ce n'est pas parce qu'il est mort que je dois l'oublier... Mais sans l'oublier, il y a peut-être de la place pour deux... »

Et puis, quand par un beau matin Joseph décide de partir sans prévenir, Lucienne, bouleversée, prend alors des décisions qui donneront à sa vie une tout autre tournure…

Jean-Michel Berardi nous offre ici une histoire touchante, débordante d’humanité, qui nous hante longtemps. On sourit, on rit aussi parfois, mais toujours avec quelques larmes hésitantes au bord des yeux. On aime Lucienne, cette veille dame qui en symbolise tant d’autres et nous semble si familière. On voudrait la protéger, la rassurer, lui rendre un peu de cet amour qu’elle distribue sans compter. Lucienne est bien plus qu’un personnage de roman, vous le comprendrez en refermant la parenthèse de douceur qu’est ce livre.

Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'Octobre 2012 (pages 106-107)

23 oct. 2012

'L'écho des silences', d'Heather Gudenkauf


« Ses yeux vides d'expression sont levés vers moi et son visage en plastique est figé dans un demi-sourire. Je tends la main vers la poupée et je la prends. Elle est vieille et abîmée, on dirait qu'elle sort d'une poubelle. Sur son torse nu, on a écrit deux mots au marqueur noir, deux mots qui, je le sais, me suivront désormais partout, où que j'aille. Tueuse d'enfant. »

Allison a 16 ans lorsqu'elle entre en prison pour y passer le reste de son adolescence. Elle avait pourtant tout pour réussir et de nombreux projets, si seulement il n’y avait pas eu ce faux-pas, cette « erreur de parcours » qui s’était transformée en véritable tragédie et avait tout fait voler en éclats… Tueuse d’enfant : des mots qui la suivaient désormais comme son ombre. 

C’est une jeune femme fragilisée qui sort de prison cinq ans plus tard. A 21 ans, Allison a tout à reconstruire, et la volonté de le faire.
Elle retourne à Linden Falls, la ville de son enfance, dans l’espoir de se réinsérer dans la société et de renouer avec ses parents, mais surtout avec sa petite sœur Brynn, qui l’adulait. Mais le retour à la vie extérieure n’est pas simple. Rejetée par ses parents trop meurtris, ignorée par sa petite sœur traumatisée par ce drame et considérée comme un monstre par de nombreuses personnes, Allison doit puiser au plus profond d’elle-même la force de se relever sans cesse et de s’imposer dans un monde qui semble ne plus vouloir d’elle. 
Et puis il y a ce silence oppressant qui l’unit à sa sœur et à deux autres femmes, Charm et Clair. Un silence qui abrite de terribles secrets et qu’il lui faut préserver à tout prix. Car à quoi bon remuer un passé déjà si lourd de drames alors qu’elle se trouve à l’aube de son avenir. Surtout quand le destin d’un petit garçon est en jeu…

Mais le silence résonne parfois si fort qu’il finit par se rompre et se répandre dans un vacarme.  

Heather Gudenkauf nous offre ici un polar captivant et émouvant qui réussit – et c’est assez rare pour être précisé – à nous surprendre par une intrigue dramatique originale et parfaitement maîtrisée, sur un sujet pour le moins dérangeant.
Les personnages – à la psychologie travaillée - prennent tour à tour la parole dans de courts chapitres pour mieux nous tenir en haleine jusqu’à un dénouement aussi bouleversant qu’inattendu. On ne cesse de se poser des questions sur les intentions de chacun des personnages, sur les véritables liens qui les unissent, on s’interroge sur ces secrets que chacun se donne tant de mal à préserver, on doute… Et c’est avec une compassion mêlée d’angoisse que nous suivons le parcours d’Allison, héroïne touchante, attachante et courageuse, confrontée aux rebondissements et aux choix les plus délicats.

Un livre qu’on dévore plus qu’on ne le lit, et qui fera, c’est certain, le bonheur des amateurs du genre. Une belle surprise !

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'Octobre 2012 (pages 104-105)

10 oct. 2012

'Les amants du n'importe quoi', de Florian Zeller



« En bas de l'immeuble, Tristan pense à Amélie. Il se dit qu'il va la tromper ce soir, que ce sera la première fois. A-t-il réellement cru, un jour, qu'il parviendrait à se défaire de cette folie qui le pousse de fille en fille ? Au début, peut-être ; mais les débuts ne veulent rien dire, les débuts mentent. »
Amélie aime Tristan. Tristan aime Amélie... et aussi toutes les autres femmes. Pourquoi n'être qu'avec une seule quand on les désire toutes ? Il avait pourtant cru qu'avec elle les choses pourraient être différentes, qu'elle pourrait le faire sien ; il l'avait même laissée s'installer dans sa vie, ébloui par la passion et la magie d'un amour naissant.
Mais Tristan est rapidement rattrapé par sa vraie nature, son immaturité sentimentale. Le jeune homme est en proie au doute. Se sent-il vraiment prêt à renoncer à toutes ces autres femmes qu'il pourrait aimer ? Désire-t-il vraiment devenir l'homme d'une seule d'entre elles ? Ne devrait-il pas plutôt quitter Amélie ? N'est-il pas prisonnier de sa tendresse à son égard ?
Et puis, alors qu'Amélie est en déplacement, il rencontre O. à une soirée et ne résiste pas à ce goût - désormais interdit - de liberté. Pourtant, prisonnier de sa tendresse à l'égard d'Amélie, il ne parvient pas à prendre la décision de la quitter. Comment pourrait-il la faire souffrir ainsi, la décevoir, la laisser telle une orpheline, elle, si fragile, qui ne semble exister qu'à travers son amour pour lui.
« Il lui suffisait d'imaginer Amélie en larmes pour désamorcer toute envie immédiate de rupture. Lui dire quoi ? Qu'il n'était pas heureux ? Qu'il avait besoin de retrouver sa liberté ? Et qu'en ferait-il, de cette liberté retrouvée ? Sans doute repartirait-il à la conquête de la vie. Mais à elle, que lui resterait-il ? Rien. Il était devenu un élément de son identité. Partir, c'était abandonner une enfant sur le bord de la route ; c'était lui couper les vivres. »
Ce court et oppressant roman nous entraîne dans les affres de ce sentiment diffus, intense, incontrôlable, instable et déraisonné qu'est la passion. Une passion qui plonge peu à peu nos deux amants dans l'impasse la plus totale, dans le "n'importe quoi", jusqu'à une rupture aussi inévitable qu'impossible.
Doutes, peurs, espérance, culpabilité, dépendance, jalousie, trahison, lâcheté, attendrissement, peur de l'attachement, crainte de l'abandon, domination de l'autre, non-dits, promesses sans lendemains... Florian Zeller explore avec simplicité et poésie les nombreux pièges insidieux de la passion, obstacles non avoués à la relation amoureuse.
Et puis quelques interrogations en filigrane : l'amour s'arrête-t-il là où la tendresse commence ? Peut-on renoncer à soi-même pour un(e) autre ? Peut-on accepter d'aimer dans la souffrance ? Des questions auxquelles Tristan trouvera peu à peu ses réponses.
Nous assistons ainsi avec angoisse et désillusion à la valse fugace et cruelle de deux êtres en perdition qui, à défaut de savoir s'aimer, finissent par se détruire l'un l'autre.
Un roman ô combien contemporain...
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Septembre 2012 (pages 142-143)

2 oct. 2012

'Mailles à l'envers', de Marlène Tissot

« Je regardais les paysages défiler, sagement assise sur la banquette arrière ; L’herbe, sur le bord de la route, faisait des dessins flous comme un film en accéléré. Je retenais ma respiration pour essayer de ralentir tout ça. Freiner un peu ma vie qui se tricotait. Trop de mailles à l’envers, pas assez à l’endroit. Je savais bien que fermer les yeux ne servait à rien. C’était un peu comme éteindre la lumière pour camoufler le désordre. »

Elle n’a pas de nom, elle est « un accident » comme ils disent, non désirée et pourtant bel et bien là. Debout au milieu des décombres d’une famille à l’agonie.

Mailles à l’envers est le récit douloureux d’une vie abîmée, totalement désertée par la magie. Celle d’une enfant confrontée trop tôt aux désillusions, et qui tente de s’accrocher de toutes ses forces à l’enfance. Pas la sienne, non, celle qu’elle aurait aimé avoir plutôt, celle dont elle rêve encore un peu parfois, à peine.
Car on ne s’accroche pas à une enfance aussi sordide, faite de misère, de taudis crasseux, de parents drogués et alcooliques, d’adultères…

Difficile de peindre tableau plus sombre, et pourtant, on ne chavire pas pour autant dans le tragique ni dans une tristesse sans fond. Il y a, au contraire, dans l’ironie et la rage de cette enfant malmenée, quelque chose qui nous donne du courage et nous pousse à sourire. De la grâce.

« L’avenir se planquait dans le brouillard
j’avançais pieds nus sur le gravier tranchant de la vie
parfois l’insouciance succédait à l’angoisse
parfois
rarement
comme un truc qui cloche
un arbre en fleur dans le paysage
déchiqueté de mon intérieur. »

La plume de Marlène Tissot est tranchante, sauvage, impudique ; elle pleure le dégoût, l’amertume, la colère, le désenchantement. Les plaies sont à vif ; rien n’est embelli ni aseptisé. L’auteur écrit avec ses tripes, et il est vrai que cela peut déranger, à première vue, lorsqu’on n’est pas habitué à un style aussi cru. Mais derrière cette prose brute et brutale : de la poésie, par petites touches, dispersée ça et là comme des rayons de soleil un peu frileux tentant de percer un épais rideau brumeux. De l’espoir ? Du rêve ? Non, ou si peu. Il faut avoir gardé une dose d’innocence et de naïveté pour croire que tout finira par aller mieux. Les jours meilleurs n’existent pas.

« J’aurais aimé qu’un rayon de sommeil me dépose au pays des merveilles. Mais les nuits amènent rarement plus loin que les lendemains. »

Rien n’est linéaire dans ce récit. Ni son style, ni sa construction, qui ne respecte pas d’ordre chronologique mais se plie au gré des souvenirs de l’auteur, allant et venant à travers les différents âges de l’enfance. Un procédé habile grâce auquel l’auteur nous offre la possibilité de lire une deuxième fois son roman, en suivant l’ordre du temps cette fois.

J’ai pour ma part été complètement happée par la manière dont l’auteur jongle ainsi avec les mots, les styles, les époques, nous tenant en haleine d’un bout à l’autre. Et je dois reconnaître avec beaucoup d’étonnement et de plaisir que Marlène Tissot est parvenue à me faire apprécier un univers et un style auxquels je suis habituellement peu réceptive ! Sans doute parce qu’elle a sa façon bien à elle d’ajouter, du bout de sa plume, de petits éclats de douceur et de magie là où n’en attendait pas.

Une belle découverte, et un premier roman pour le moins prometteur !

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Septembre 2012 (pages 140-141)

24 sept. 2012

Colors, un show haut en couleurs !


Vous cherchez un moyen efficace de lutter contre le blues et la grisaille du dimanche soir ? Direction le Théâtre du Petit Gymnase, à Paris, où vous accueille une palette de comédiens déjantés pour un show haut en couleurs !


Colors, c’est un spectacle vivant et complètement improvisé, dont le déroulement est remis chaque soir entre les mains du public qui choisit lui-même les thèmes à partir desquels improviseront les comédiens. Le principe est simple : dès votre arrivée, on vous demande de noter sur un papier un thème de votre choix ainsi qu’une sélection de couleurs. Puis, vous glissez votre papier dans une urne en vous demandant ce qui vous attend !
Avant de le découvrir et de vous laisser emporter par ce festival de couleurs, des élèves de l’EFIT (l’Ecole Française d’Improvisation Théâtrale dirigée par Esteban Perroy et Franck Porquiet) vous proposent un spectacle qui mérite tout autant le déplacement ! Je ne vous en dis pas plus, mais préparez-vous à un moment de franche rigolade ! On les garderait bien un peu plus longtemps sur scène d’ailleurs !
Mais il est temps pour nos cinq comédiens et comédiennes passionné(e)s de faire leur entrée dans les costumes de Miss/Mister Purple, Chrome, Ruby, Orange, Yelow, Bordeaux, Gold ou d’autres couleurs encore selon les soirs.
Et c’est au gré des thèmes proposés par… nous, spectateurs, et piochés au hasard dans la fameuse urne (vous vous souvenez !), que le spectacle s’écrit, dans une ambiance conviviale et chaleureuse (à tous les sens du terme d’ailleurs, car la température dans la salle monte très vite et très haut, soyez-en prévenus !).
Si votre thème est tiré au sort, comme ce fut le cas pour moi avec le thème « Demain j’arrête de… » !, vous aurez alors le privilège de choisir comment celui-ci sera décliné en écoutant les débuts d’improvisation proposés par trois des personnages de votre choix ! Parmi les différentes tonalités proposées et propres à chacun d’eux – drôle, caustique, dramatique, fantastique, absurde… - c’est vous qui décidez !
Mister Purple et les autres s’effaceront alors pour devenir les personnages, objets  ou concepts qu’ils incarneront. 
Et c’est presque essoufflés mais conquis que l’on quitte la salle 1h30 à 2h plus tard pour aller saluer nos hôtes d’un soir !
Des comédiens à l’imagination et à la générosité débordante, des improvisations multivitaminées, des rebondissements à n’en plus finir, de l’émotion, du partage, beaucoup d’humour, et en prime un invité mystère renouvelé chaque dimanche et qui intègre la troupe dans le rôle de Miss/Mister White le temps d’un spectacle : vous l’aurez compris, Colors, c’est un cocktail de bonne humeur qui vous fera, à coup sûr, oublier l’arrivée du lundi matin !
Mélina Hoffmann

Retrouvez ‘Colors’ tous les dimanches à 20h45 au Théâtre du Gymnase (Paris 10ème).
Et pour plus d’informations : le site Internet du spectacle www.colorsimpro.org

Article publié dans le BSC News Magazine de Septembre 2012 (pages 129-130)

Esteban Perroy, une rencontre colorée !



A la suite d’une représentation, Esteban Perroy - créateur, producteur et metteur en scène du spectacle Colors, aux côtés de Franck Porquiet - a accepté de se prêter au jeu de l’interview pour le BSC News Magazine. Une rencontre forcément colorée, à l’image de cet homme drôle, passionné et chaleureux !


Esteban bonjour ! Pour la sixième année consécutive, Colors investit la scène du Théâtre du Gymnase à Paris chaque dimanche soir, devant un public toujours aussi conquis. Aviez-vous imaginé un tel succès ?

On espère, on fantasme toujours secrètement le succès d’un spectacle. Mais il ne suffit pas d’avoir de la chance pour que cela arrive. Il faut d’abord une communication efficace autour de l’évènement. Mais surtout, pour qu’un spectacle fonctionne il doit apporter quelque chose au spectateur : de l’émotion, de la générosité, du partage, de la bienveillance, bref de l’humanité ; lui offrir la possibilité de s’échapper des problèmes de son quotidien, le surprendre. On voit notamment à Paris des spectacles qui fonctionnent mal malgré d’importants moyens financiers déployés et de grosses têtes d’affiche, pour la simple raison que les spectateurs n’y trouvent rien de tout cela. Pour provoquer l’acte d’achat le spectacle doit être formellement attractif, mais si le fond ne suit pas, les critiques seront d’autant plus dures et le bouche-à-oreille désastreux.

Est-ce que nous avions prévu ce succès ? Non. Mais nous l’espérions c’est certain, et nous nous donnons les moyens qu’il continue d’être au rendez-vous les prochaines années. Quand un spectateur nous dit en sortant que le spectacle était « sympa », c’est certainement que de notre côté nous n’en sommes pas satisfaits. Nous allons alors débriefer pendant une heure avec l’équipe pour savoir ce qui n’allait pas. En revanche, si les spectateurs l’ont trouvé « génial, merveilleux, fantastique, incroyable…» nous nous octroyons un peu d’apaisement en se disant que « ce soir, on a fait notre job ». Nous voulons que les gens sortent éblouis, enjoués, qu’ils n’aient qu’une seule envie : revenir la semaine suivante parce qu’ils auront partagé avec nous un moment où ils auront ri, où ils se seront sentis bien, où ils auront eu un peu foi en l’humanité. C’est peut-être prétentieux mais l’objectif reste de transmettre du bonheur et de joie de vivre à des spectateurs qui nous font l’honneur de payer pour venir nous voir.

Comment en êtes-vous venu à l’improvisation ? Pourquoi ce choix ? 

J’ai rencontré l’impro par hasard il y a 20 ans. J’étais en école de commerce à Grenoble, et il m’a fallu choisir entre trois matières optionnelles : graphologie, improvisation ou psychologie de l’acheteur. Etant plutôt grande gueule, je me suis dit que j’allais prendre impro pour cartonner. Grossière erreur, j’ai morflé pendant plus de 10 ans ! Dès lors il m’a fallu me battre contre moi-même, mon ego et mes certitudes. Parce qu’être grande gueule, dans l’impro, ça ne marche pas. C’est une discipline qui nécessite avant tout de la générosité, l’écoute et la curiosité de l’autre, beaucoup de respect et de l’abnégation. J’avais beaucoup de problèmes à résoudre avec moi-même à l’époque, et autant dire que j’étais loin de posséder toutes ces qualités. L’impro m’y a beaucoup aidé. Aujourd’hui, je suis heureux grâce à ça, et j’en ai fait ma vie.

 
Comment aborde-t-on une improvisation ? Y a-t-il des règles à respecter ? Des codes entre les comédiens ?

L’impro est une discipline artistique à la fois intellectuelle, physique et très ludique.
Attention je ne parle pas du match d’impro qui est une forme spécifique de spectacle avec des règles précises. J’évoque la matière improvisation en général. Il n’y a pas de codes ni de règles, mais plutôt des techniques. Savoir écouter l’autre, apprendre à rebondir sur ce qu’il va proposer ou faire, travailler son imaginaire pour construire en temps réel, et sa mémorisation pour assurer la cohérence de l’histoire, des lieux, des accessoires créés, accepter de lâcher prise pour favoriser la spontanéité et la surprise… On y ajoute la partie théâtrale : être capable d’inventer et incarner un personnage, avec son visage, son corps, sa voix. Il peut s’agir d’hommes, de femmes, jeunes ou vieux, d’un animal, d’un objet, même d’un concept ; comme la mort est par exemple représentée par une faucheuse, je peux incarner le concept du mensonge, l’air du temps, etc.
Il faut travailler de nombreuses années sur l’énergie et l’incarnation de ce que l’on va faire avec son corps, sa voix, son visage, sa respiration, la manière dont on va s’ancrer dans le sol… Enfin, il y a la technique pure liée à l’improvisation, à savoir la capacité à constituer un nœud dramatique dans une histoire, à rebondir sur les propositions de l’autre et à renoncer parfois à une idée si la proposition de l’autre ne s’y prête pas.
Il faut que les spectateurs et vos partenaires de jeu croient en les personnages qu’ils voient, qu’ils oublient les comédiens.  C’est essentiel.

Vous participez au spectacle en tant que Mister Purple. J’allais vous demander pourquoi vous aviez choisi cette couleur, mais en voyant la coque de votre Iphone (qui est violette), j’ai une petite idée !

Oui ! (rires) Je peux vous montrer mon porte-monnaie aussi si vous voulez… Même mes chaussettes mais bon... !
J’ai toujours été fasciné par les couleurs, j’aime cette notion d’embrasement, de prismes, d’explosion de couleurs, de lumière que l’on retrouve dans chaque spectacle.
Et le violet a toujours été ma couleur préférée, alors quand nous avons choisi les couleurs je me suis dépêché de choisir la mienne pour qu’on ne me la prenne pas !

Chaque dimanche vous recevez un invité spécial, généralement un comédien, qui endosse le costume de Miss ou Mister White aux côtés des autres comédiens. Quel est votre souvenir le plus marquant ? L’invité qui vous a le plus surpris ? 

Nous avons eu beaucoup d’invités merveilleux. Je pense notamment à Bérénice Béjo, Nicolas Briançon, Isabelle Mergault, ou encore Michel Boujenah qui a fait preuve d’une générosité et d’une incroyable énergie sur scène.

J’ai une anecdote qui remonte à une quinzaine d’années. Je venais de découvrir le film d’Olivier Dahan ‘Déjà mort’, dans lequel il y avait notamment Benoît Magimel, Romain Duris et Zoé Félix. Ce jour-là j’ai eu un coup de cœur pour Zoé Félix. L’année dernière elle est venue jouer dans Colors. A la deuxième impro, j’étais allongé à moitié mourant sur une île déserte, et elle m’a fait du bouche-à-bouche pour me réanimer – je n’avais rien demander à personne ! J’étais tellement ému que je suis resté scotché (ce qui n’a pas manqué de faire réagir les spectateurs). Nous étions en état de jeu, je n’étais pas conscience de la scène en tant que moment réaliste, je n’ai absolument pas profité de la sensation de ce baiser. Et puis, je savais que son compagnon était dans la salle donc ça n’aurait pas été très classe ! Voilà, c’était un moment incroyable, mais en même temps j’ai loupé le coche, je m’en veux un peu. (rires)


Un autre très bon souvenir : un soir, le comédien qui était prévu pour jouer le rôle de Mister White a annulé sa venue à la dernière minute.  La salle était pleine, le spectacle était sur le point de commencer, et nous n’avions pas de Mister White. Et là, le régisseur du spectacle remarque la moto de Vincent Moscato – ancien international de rugby français, animateur radio sur RMC et comédien - garée devant le café d’à côté. A l’époque je ne le connaissais pas personnellement mais je savais qu’il faisait du théâtre et des one-man. Je suis allé le voir direct. Il était avec sa femme et son enfant, il ne savait pas qui j’étais, je lui ai expliqué la situation et mon problème technique en dix secondes… et il a dit « ok » ! On lui a commandé une pizza à l’arrache qu’il a englouti en trois minutes avant le lever de rideau…
La soirée a été magique ! Il n’avait jamais fait d’impro de sa vie, il n’a pas eu le temps de se mettre la pression et était donc en lâcher-prise total ! Il a été extraordinaire et nous avons passé un moment inoubliable. L’un des plus beaux Colors sans doute.


Et qui aimeriez-vous recevoir ? 

José Garcia, Marina Foïs, et le must du must serait Benoît Poelvoorde.
Benoît si tu lis ces lignes, je te veux, tu es notre héros ! Nous t’offrons deux heures de lâcher prise totale sur la scène d’un merveilleux théâtre, tandis que 800 vierges aux yeux de nacre scanderont ton nom et que des cascades de miel et de myrtes couleront à tes pieds. Appelle-moi, facebook–moi !
 
La sixième saison de Colors nous réserve-t-elle quelques surprises ?

Absolument ! (Silence)

Nous n’en saurons donc pas plus !

Et bien non, c’est le principe de la surprise ! (rires)
Pour le moment, je peux néanmoins vous dire que nous aurons dans les mois à venir notamment la visite de Michèle Laroque et Arthur Jugnot.
Et peut-être une énorme surprise en janvier…

Quels sont vos projets pour les mois à venir ? D’autres spectacles en préparation ?

Je continue à donner, presque chaque soir, des cours à l’école française d’impro que je dirige avec Franck Porquiet qui est aussi le co-producteur de Colors et un partenaire de scène de longue date.
J’ai des projets cinéma, notamment une comédie que j’ai co-écrite et qui sera produite l’année prochaine, ainsi que deux films prévus en tournage pour 2013.
Un recueil de nouvelles devrait voir le jour courant novembre, intitulé ‘Contes de la Blanche-Nuit’ et illustré par Nicolas Perruchon, avec une dizaine d’histoires aux univers variés.
Et puis côté théâtre, vous me retrouvez les dimanches soir au Gymnase pour Colors. Et également les vendredis et samedis soirs au Palais des Glaces pour ‘La Boîte de Pandore’, un spectacle plus intimiste avec seulement deux ou trois comédiens sur scène, des improvisations plus longues et un univers assez hilarant et très onirique.

Quelle question auriez-vous aimé que je vous pose ?

Que faites-vous ce soir ?

Et que m’auriez-vous répondu ?

On va boire un Mojito Framboise ?

Propos recueillis par Mélina Hoffmann

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Interview publiée dans le BSC News Magazine de Septembre 2012 (pages 122-128)