De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

27 févr. 2013

'Quand souffle le vent du Nord', Daniel Glattauer

« Trois jours plus tard
Objet : La pause est finie !
Chère Emmi, nous avons fait une pause de trois jours sans mails. Je trouve que nous pourrions nous y remettre. Je vous souhaite une bonne journée de travail. Je pense beaucoup à vous, le matin, le midi, le soir, la nuit, entre-temps, à chaque fois un peu avant et un peu après – et aussi pendant. Je vous embrasse, Leo. »
Une adresse mail mal recopiée, un courrier adressé à un mauvais destinataire, et voilà comment ce qui aurait dû n’être qu’un banal courrier administratif se transforme en point de départ d’une interminable correspondance entre un homme et une femme  dont les chemins n’avaient – à priori – aucune raison de se croiser.
Leo Leike et Emmi Rothner ne se connaissent pas, ils ne se sont jamais vus et ne savent absolument rien l’un de l’autre. Deux parfaits étrangers en somme. Pourtant, un jour de janvier, c’est dans la boîte mail de Leo qu’arrive par erreur un mail d’Emmi demandant la résiliation de son abonnement à un magazine. Un mail auquel Leo décide de répondre pour avertir la jeune femme de sa mégarde. Tout aurait pu s’arrêter là. Mais il n’y a pas de hasard dit-on…
Ainsi, de trait d’humour en douce provocation, les mails se succèdent, se rapprochent, se bousculent ; Emmi et Leo tentent de se deviner sans rien se révéler de leurs vies respectives ; les mots valsent, se taquinent, se fuient, se rattrapent, s’enlacent, s’agrippent, s’écorchent... Le jeu de séduction s’installe, le lien se crée. Les « Cordialement » deviennent des « bises », qui se changent peu à peu en « je vous embrasse », puis en « je vous embrasse très fort », de même que la signature de la jeune femme - E.Rothner - se mue en Emmi Rothner, avant de devenir Emmi, puis ‘votre Emmi’.
« Je n’arrive pas à dormir.  Vous ai-je déjà parlé du vent du nord ? Je ne le supporte pas quand ma fenêtre est ouverte. J’aimerais bien que vous m’écriviez encore quelques mots. Juste « fermez la fenêtre alors ». Et je pourrai vous rétorquer : je n’arrive pas à dormir avec la fenêtre fermée. »
L’étreinte se resserre entre ces deux êtres dont ni les corps ni même les regards ne se sont jamais rencontrés ; le plaisir de mails échangés se fait besoin, la dépendance s’installe, puis se pose naturellement la question de la rencontre, et cette crainte de rompre ce que ce lien a d’impalpable. Ils se lancent alors un défi : se donner rendez-vous dans un café bondé, et se reconnaître, sans savoir à quoi ressemble l’autre, et avec l’interdiction de s’aborder. Mais y sont-ils vraiment prêts ? Sauront-ils se retrouver au-delà des mots ? Existe-t-il une place pour eux quelque part, ailleurs que dans cet espace virtuel ?
Didier Glattauer nous offre une romance contemporaine diablement efficace que l’on dévore d’une traite ! Une histoire originale, tendre, pleine de fraîcheur ; des répliques pétillantes, piquantes ; des personnages auxquels on s’identifie sans mal et qui nous offrent le délicieux spectacle des premiers temps de l’amour, de ses craintes, ses hésitations, ses impatiences, ses angoisses, ses impossibilités aussi parfois. Au fil des pages, on se laisse envelopper dans une sorte de cocon douillet, une bulle de douceur qui nous fait oublier tout ce qui se passe autour, et on se sent immédiatement devenir - nous aussi !- accros à ces mails, à leur ton taquin et passionné, à la magie de cet amour épistolaire à priori complètement improbable et pourtant crédible.
« Emmi, vous me hantez. Vous me manquez. J’ai le mal de vous. Je lis vos mails plusieurs fois par jour.  Votre Leo. »
On lit le sourire aux lèvres, on a le cœur qui se serre un peu parfois, on devine l’angoisse, on devient Emmi, ou Leo, et on savoure chaque nouveau mail comme s’il nous était adressé.
Et puis on guette notre boîte mail, au cas où…
Un livre drôle, rythmé, tendre, qu’on lit le sourire aux lèvres et dont on a beaucoup de mal à se défaire. Mais heureusement, Leo et Emmi n’ont pas dit leur dernier mot…

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Février 2012   

9 févr. 2013

'Derrière la neige', Audrey Guiller



« Avril 2009 : Cause départ étranger, propriétaire meublé cherchent couple de retraités non fumeurs, sans animaux, sans amis, sans chaussures à talons et particulièrement honnêtes, pour location d'un an. »

Il faut une sacrée dose de courage pour quitter son petit chez soi douillet pour un endroit où il fait froid toute l’année, où il neige, où la nuit tombe tôt, où il fait froid, où il neige, où il… neige… ! Surtout quand vos amis vous encouragent à coups de « Il fait vraiment froid là-bas, et puis toute cette neige…! »

Au diable les préjugés et qu’importe le froid ! Audrey Guiller a décidé de s’installer pendant un an au Québec, en compagnie de son mari et de ses trois enfants. Une épopée familiale que la journaliste bretonne nous fait partager, saison après saison, au travers d’anecdotes et autres petites chroniques pétillantes de la vie quotidienne. Des chroniques qui n’avaient nulle autre ambition que le blog de la jeune femme, initialement réservé à ses proches, puis devenu public à la demande de ses amis, et repéré par un éditeur qui lui a proposé d’en faire un livre. 

Nous découvrons alors… le froid, certes !, mais aussi tout ce qui se cache derrière la neige : du contact facile et généreux avec les inconnus jusqu’aux nombreuses opportunités offertes par la société, en passant par l’estime de soi favorisée et encouragée dès les premières années d’école, ou encore les restaurants où on apporte le vin et où on emporte les restes !

« Ils ne roulent pas sur les doigts de pieds des piétons trop lents à traverser, ils ne doublent pas dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, ils sont détendus du klaxon, zen de l'appel de phares. Ils s'insultent moins que des Français de 3 ans en cours de trottinette. »

Il n’y a, dans ce livre, ni vérité absolue, ni volonté de dénigrer un pays ou un peuple au profit de l’autre. Les bons et les mauvais côtés de chacun se côtoient sans aucune animosité. Audrey Guiller porte un regard tendre, malicieux et sans prétention sur ce qui l’entoure, n’hésitant pas à pratiquer l’autodérision : « Qu'est-ce qui est plus tolérant qu'un Québécois ? Deux québécois. Et qu'est-ce qui est plus râleur et impoli qu'un français ? Pffff. Rien. Un seul suffit. » 
Elle évoque aussi les moments de nostalgie, toujours avec un fond d’humour, comme lorsqu’elle avoue avoir parfois gardé son bikini sous ses vêtements chauds : « Un acte de rébellion contre l'hiver. [...] Sous les pavés, la plage, quoi ! »

Ce livre a d’abord été chaleureusement accueilli par le public canadien avant d’arriver en France. Une lecture divertissante et rafraîchissante, qui donnerait presque envie de tenter l’aventure… s’il n’y avait pas ce froid !


Mélina Hoffmann


Le blog de l’auteur : http://audrey.openkam.net/

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Janvier 2012