« Les états d’âme sont l’expression de ce grand
mélange indissociable de tout ce qui se passe en nous et autour de nous :
mélange d’émotions et de pensées, de corps et d’esprit, de dehors et de dedans,
de présent et de passé. Ce mélange est évidemment aussi riche que
compliqué : impur, unique, labile, toujours recommencé, jamais exactement
le même. Comme les vagues de la mer… »
Ils nous bouleversent, nous fragilisent, nous oppressent,
nous tourmentent ou nous apaisent...; Ils nous rendent parfois plus forts,
souvent plus fragiles et vulnérables ; Ils sont l’essence-même de nos remises
en question, influencent nos comportements, viennent régulièrement semer le
trouble dans nos esprits lorsqu’ils ne se contentent pas de les inonder
d’inquiétude… ; Source de créativité, ils sont parfois nos meilleurs guides
vers la sagesse, la sérénité et le bonheur, tandis que - d’autres fois - ils
nous en éloignent sans ménagement.
Joie, excitation, curiosité, bonne humeur, mais aussi nostalgie,
inquiétude, culpabilité, tristesse, … : nos états d’âme font partie
intégrante de nous. Simplement, nous pourrions dire qu’ils nous rendent
vivants.
On peut choisir d’en souffrir, de se laisser submerger
par eux, ou s’enrichir de leur présence sans les laisser prendre le contrôle de
nos vies. Pour cela, il est indispensable de comprendre leurs mécanismes.
A quoi servent les états
d’âme positifs et négatifs? ; Faut-il faire une différence entre douleur et
souffrance ? ; Pourquoi sommes-nous si inquiets ? ; Comment réguler
ses états d’âme d’inquiétude ? ; Existe-t-il des états prédépressifs ?
; Que faire face aux états d’âme de
tristesse; qu’est-ce qu’aller bien ? ; Comment le matérialisme
bouscule-t-il nos états d’âme ? ; Vaut-il mieux se libérer de l’espoir ou
fuir le désespoir ? ; Peut-on augmenter ses capacités à ressentir du
bonheur ? ; Qu’est-ce que la sagesse ? ;…
Christophe André,
médecin psychiatre et psychothérapeute, apporte - dans cet ouvrage à la fois
scientifique et chaleureux - des réponses claires et détaillées à toutes ces
questions, et à bien d’autres encore. Selon lui, il est indispensable de ne pas nier
l’existence de ces mouvements de l’âme, d’accepter de les laisser passer en
nous sans les laisser s’enraciner et nous perdre ; de les observer, les
comprendre, et surtout d’apprendre à les réguler. En effet, fuir ou tenter
d’éradiquer nos états d’âme peut donner lieu à de nombreuses souffrances, et
même à des comportements pathologiques tels que la boulimie ou tout autre type
d’addiction dans laquelle, par automatisme, nous finirons par nous réfugier à
chaque approche d’un état d’âme douloureux. « On
s’est juste rendu dépendant d’une manière de réguler ses états d’âme en
achetant quelque chose, en consommant des biens. Une manière peu efficace et
coûteuse de prendre soin de soi : remplir nos cerveaux de vide, nos
estomacs de saletés et nos armoires d’inutilités, pour pallier les fluctuations
de nos états d’âme. »
Certains de ces
états d’âme peuvent d’ailleurs être appréhendés plus sereinement si l’on
s’efforce de les considérer comme des
opportunités, à condition toutefois de ne pas leur donner trop
d’importance.
« La tristesse est un sentiment envahissant, qui
occupe l’entièreté de notre âme. Quand on est triste dans sa tête, tout devient
triste en nous : notre regard, notre démarche, le timbre de notre voix.
Par contre, il n’est pas toujours si douloureux d’être triste, car il y a
quelque chose de spécifique à la tristesse : la douceur. […] La tristesse est sans doute une des bases les plus fécondes pour notre vie
intérieure, tant elle semble pouvoir donner du relief, de la douceur, du poids
à tous nos autres états d’âme. »
Dans une société qui prône la consommation comme remède à
tous nos maux, difficile parfois de se souvenir que l’essentiel se trouve en
nous et que, plus nous remplissons notre existence, moins nous l’habitons. Les
difficultés, les épreuves, font partie inhérente de nos vies. C’est en
l’acceptant et en ne les considérant pas systématiquement comme des drames que
nous pourrons gérer aux mieux ces situations, sans laisser s’installer des
états d’âme toxiques qui auraient pour effet de nous centrer davantage sur le
problème en lui-même que sur sa solution. Un cheminement que nous invite à
suivre l’auteur à travers les nombreux chapitres de ce livre richement
documenté.
Un ouvrage
passionnant, accessible à tous, qui nous invite à devenir plus attentifs à ce
qui se passe en nous, à la manière dont nous raisonnons, à notre perception du
monde qui nous entoure ; à renouer avec nos sens, ou encore, à faire de la
compassion notre meilleure alliée, pour ne jamais - ou presque ! - perdre
le contrôle de nos états d’âme.
Mélina Hoffmann