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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

29 nov. 2011

Chronique 'Un amour pour rien', de Jean d'Ormesson



« L'histoire que je vais raconter est la plus simple du monde. C'est l'histoire d'un amour qui aurait pu être heureux. Je ne sais si je la raconte pour la revivre ou pour l'oublier. Je sens seulement en moi le goût amer et tendre des larmes du souvenir. »
Philippe est un jeune homme plein de fougue, qui n'a jamais connu et cherché que le plaisir, la passion et la liberté en toutes choses, et dans ses relations avec les femmes notamment. Ainsi, lorsqu'il rencontre Béatrice lors de vacances à Rome, il ne voit en elle qu’une nouvelle conquête et se laisse porter par cette relation qui lui procure un certain bonheur.
Après quelques semaines passées ensemble, Béatrice est amoureuse, et si Philippe sent que cette femme ne le laisse pas indifférent, son irrépressible besoin d'indépendance le pousse à la quitter dès son retour à Paris. Aveugle à la souffrance de la jeune femme, Philippe ne songe qu'à retrouver la légèreté de sa vie d'avant. Mais lorsqu'il apprend que Béatrice a trouvé un autre compagnon, le choc est aussi violent qu'inattendu. L'évidence s'impose alors, mais trop tard : il aime Bérénice, passionnément. 
C’est une histoire universelle que nous raconte ici Jean d’Ormesson, celle de deux êtres qui auraient pu s’aimer, mais dont les cœurs n’ont pas su se rencontrer. Car pour l’amour, comme pour le bonheur, c’est malheureusement souvent lorsqu’on le perd qu’il se révèle.
L’auteur se livre à une analyse minutieuse des sentiments des personnages qui, à tour de rôle, souffrent d’un même amour. Il décrit les tourments de l’âme d’un homme qui prend soudainement conscience de la passion qui l’habite pour la femme qu’il vient de laisser s’échapper et qui ne veut désormais plus de lui. Une passion qui se mue alors en véritable obsession, avec tout ce que cela comporte d’attente, d’espoirs, d’illusions et de souffrances.  
« L'entêtement de l'amour est incroyable. Comme toute passion, l'amour malheureux se refuse avec une obstination admirable à s'incliner devant les faits. »
Une histoire au goût amer, parsemée de nombreuses réflexions sur l’amour et ses intermittences, la passion et ses nuances, le désir, la douleur, la complexité des sentiments, les rapports entre les êtres… Le tout sur un fond de poésie et de douceur de vivre qui donnent à ce roman toute sa saveur.
« Nous restâmes longtemps assis à regarder l'ombre l'emporter sur le soleil. Il y avait dans ses progrès sûrs et lents quelque chose d'infiniment triste et d'infiniment doux. Les marches tombaient l'une après l'autre dans la grisaille du soir. L'ocre des maisons pâlissait, les grands parasols sur les places se refermaient soudain, les étudiants se levaient, remettaient leur veste, partaient. Un nouveau soir tombait sur la place d'Espagne à Rome, sur le bel escalier de la Trinité-des-Monts. »
Jean d’Ormesson peint les décors plus qu’il ne les écrit, et la magie opère…

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de novembre 2011.

3 nov. 2011

Chronique 'L'éducation d'une fée', de Didier van Cauwelaert



« Elle me regarde durement, immobile, refoulant la tentation, le soulagement. Des larmes viennent dans ses yeux. Elle est à bout de nerfs, de fatigue, de chagrin. Il faudra des mois de patience et de gentillesse pour qu'elle redevienne la femme radieuse, légère et drôle que je devine sous le poids des circonstances. »
Cela aurait pu être une rencontre banale, fugace, celle d'individus empruntant un même avion mais volant vers des destins différents. Ils auraient pu ne faire que se croiser, lui, inventeur de jouets pour enfants, elle, qui vient de perdre son mari à la guerre, et son petit garçon.
Mais ce jour-là, ce vendredi matin précisément, dans un bus d'Air France, lorsque Nicolas rencontre Ingrid et Raoul, la magie opère. « Elle était le rêve de femme que je poursuivais de brouillon en brouillon. »
Nicolas tombe complètement sous le charme de cette femme troublante et désabusée, de sa douceur, de ce chagrin qu'elle semble porter à bout de bras, et de ce petit garçon de 8 ans, si attachant, qui en quelques minutes voit déjà en lui un père de substitution.
A ce coup de foudre succède un mariage, trois mois plus tard. Ils s'aiment avec l'impatience et l'ivresse de deux enfants étourdis par la passion. Jusqu'au jour où, d'une manière aussi brutale qu'inattendue, Ingrid décide de mettre un terme à leurs quatre années de relation. Non pas parce qu'elle n'aime plus Nicolas, bien au contraire, parce qu'elle l'aime, dit-elle, et refuse l'idée que cet amour puisse s'éteindre.
« Je ne veux pas voir dans ton regard autre chose que... nous. Ç’a été trop beau, Nicolas. Trop fort. Je préfère qu'on arrête d'un coup, avant de gâcher le désir, que tu te forces ou que tu fermes les yeux pour penser à une autre... »
Plongé dans l'incompréhension la plus totale, Nicolas trouve soutien et réconfort auprès de César, une jeune immigrée irakienne, caissière au supermarché dans lequel il a l'habitude de faire ses courses. Mais c'est Raoul qu'il tente avant tout de préserver de ces désillusions d'adultes, l'encourageant à croire en un monde enchanté dans lequel les fées peuvent réaliser nos vœux. Le petit garçon n'a alors plus qu'une chose en tête : trouver la fée qui réunira ses deux parents. Et s'il suffisait d'y croire très fort ?
On lit ce roman de Didier van Cauwelaert comme on dégusterait un chocolat chaud fumant au coin du feu par une soirée d'hiver glaciale ! Ou (pour ceux qui n'aimeraient ni le chocolat chaud ni les feux de cheminée !), comme on se blottirait sous la couette avec notre bouquin préféré par un dimanche matin pluvieux ! Croyez-moi, ce conte de fées moderne pour adultes mérite bien ces deux métaphores car tout y est pour nous réchauffer, nous réconforter, nous redonner espoir : une plume d'une grande sensibilité, des personnages touchants et authentiques, de belles histoires d'amour, beaucoup de tendresse, de la magie et de la poésie.
Un roman pour rêver un peu, comme une parenthèse de douceur dans un monde brutal, qui ravira tous ceux qui n'ont pas perdu leur âme d'enfant.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de septembre 2011.