De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

1 nov. 2010

Chronique, Les âmes grises


 « Je ne sais pas trop par où commencer. C’est bien difficile. Il y a tout ce temps parti, que les mots ne reprendront jamais, et les visages aussi, les sourires, les plaies. Mais il faut tout de même que j’essaye de dire. De dire ce qui depuis vingt ans me travaille le cœur. Les remords et les grandes questions. Il faut que j’ouvre au couteau le mystère comme un ventre, et que j’y plonge à pleines mains, même si rien ne changera rien à rien. »
 1917. Un petit village du nord-est de la France, près du front où la première Guerre Mondiale fait retentir ses coups de canon. Par un matin glacial de décembre, une petite fille de dix ans - Belle de jour, ainsi qu’on la surnommait - est retrouvée étranglée près du canal. Le narrateur revient sur ce crime survenu des années plus tôt. Un crime qui semble encore entouré de certains mystères et à partir duquel il nous dresse au fil des pages le portrait des habitants du village.
A commencer par Pierre-Ange Destinat, ancien procureur à la retraite après plus de trente années d’exercice. Un homme impressionnant, peu bavard et détaché, capable de prononcer les sentences de mort sans état d’âme. Un homme solitaire, vivant loin du monde, reclus dans son immense château aux côtés de deux domestiques qui ne se voient gratifiés que de quelques mots par jour.
Il y a aussi cette jeune femme, Lysia Verhareine, « […] bien trop belle, beaucoup trop belle pour être une institutrice, belle à ne pas avoir de métier. » La nouvelle institutrice du village, immédiatement appréciée par tout le monde, y compris par le Procureur. Sans doute fut-elle d’ailleurs la seule à avoir jamais su le comprendre…

Et puis il y en a d’autres. D’autres personnages, d’autres personnalités, d’autres âmes. Des âmes grises. « Les salauds, les saints, j’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil… T’es une âme grise, joliment grise, comme nous tous… ».
Tout au long de cette histoire sombre, ponctuée d’incessants voyages dans le temps dans lesquels il est parfois difficile de ne pas se perdre, on les voit tout de même plutôt tirer vers le noir ces âmes aux destins tragiques… Le mépris, l’indignation, la colère, l’humiliation, le désespoir, l’amertume ou encore le pessimisme peignent la toile de fond de ce récit où chacun des personnages porte en lui un lourd et tout aussi sombre secret. Le narrateur lui-même, dans les dernières pages du livre, nous fait une révélation aussi terrifiante que dérangeante, offrant au livre une fin inattendue et percutante.

Les scènes sont décrites avec une telle précision que l’on ressent le froid de cette matinée de décembre qui enveloppe le corps sans vie et trempé de Belle de jour ; on entend le silence glaçant qui accompagne cette scène ; on visualise avec écœurement le comportement cynique du juge capable de réclamer des œufs mollets et de les déguster à côté du cadavre de la petite fille qu’il considère avec un mépris affiché…
Une précision qui, ajoutée à une narration à la première personne et à l’emploi d’un ton très personnel, donne à l’histoire un caractère authentique, et même parfois des allures de journal intime. « Depuis si longtemps je me sens mort. Je fais semblant de vivre encore un peu. J’ai le sursis, c’est tout. », nous confie le narrateur.
Une écriture nuancée, faite de poésie et de suggestions, mais toujours empreinte de pessimisme et  d’une tristesse qui nous enveloppe tout entier avant de nous ensevelir sous son poids dans les dernières pages.
Au final, que retenir de ce petit chef d’œuvre de Paul Claudel ? Un livre glacial et brutal, qui s’affranchit de la morale. Une atmosphère sombre, à l’image de ces âmes grises aux destins tragiques qui peuplent le roman. Une trame complexe, dans laquelle l’auteur lui-même semble se perdre : « Tout cela a l’air bien embrouillé, comme un coq-à-l’âne cafouilleux, mais au fond, c’est à l’image de ma vie, qui n’a été faite que de morceaux coupants, impossibles à recoller. »
Un livre remarquablement écrit qu’on peut ne pas aimer, mais dont on sort difficilement indemne.
Mélina Hoffmann

12 oct. 2010

Olivier Giraud : un spectacle à ne pas rater !

Sur les conseils avisés d'une collègue, je découvrais il y a quelques mois de cela un artiste plein de talent, que je me suis empressée de retourner applaudir peu de temps après avec des amis !

Impossible de ne pas faire partager cette belle et drôle découverte aux lecteurs du BSC News Magazine !
J'ai donc rencontré Olivier Giraud, à la sortie de son spectacle, constatant avec plaisir que le showman était aussi gentil que drôle, et profondément humain.

Je vous livre ici ma chronique du spectacle, ainsi que l'interview d'Olivier Giraud, que je vous conseille vivement d'aller applaudir au théâtre de la main d'or, à Paris.


S’il est un spectacle à ne pas rater actuellement à Paris, c’est bien celui d’Olivier Giraud, How to become a parisian in one hour ?. Un one-man-show entièrement en anglais, dont le titre à lui seul laisse présager une bonne dose d’humour !

Tout au long du spectacle, et dans un anglais parfaitement compréhensible par les plus débutants d’entre nous, ce jeune humoriste de talent passe en revue un certain nombre de clichés pas très flatteurs qui collent à la peau des parisiens. Par une approche délicieusement humoristique, il met en scène diverses situations de la vie quotidienne : le parisien au restaurant, dans le métro, dans les magasins, en boîte de nuit… Et force est de reconnaître qu’il y a de quoi faire !

On sourit beaucoup, on rit, et on a un peu honte parfois que certains sketchs ne soient pas si caricaturés que cela ! Mais attention, pas question de se prendre au sérieux ni de se vexer! Il est bel et bien question ici d’humour, de second degré, et de tendre moquerie.
Et puis de toute façon, nous, parisiens, savons bien que nous ne sommes pas comme ça ! … enfin, un peu peut-être… Bon d’accord, Olivier Giraud a tout bon !
Mais on ne lui en veut pas !

Retrouvez cette chronique sur le site internet du BSC News Magazine


INTERVIEW




Olivier Giraud, vous êtes actuellement à l’affiche du seul one-man show en anglais de Paris ! Pourquoi ce choix de l’anglais ?
Le choix de l’anglais m’a paru évident car ce spectacle est une leçon de survie pour les expatriés et les touristes.

Est-ce difficile de mettre sur pied un tel projet ?
Ce projet a été dur a réaliser, j'avais l’impression d’avoir une montagne à gravir, remplie de crevasses. J’ai du créer une entreprise, obtenir ma licence de producteur, trouver un théâtre. Le stress et l’anxiété furent mes meilleurs amis pendant de nombreux mois.

Comment vous est venue l’idée d’un spectacle mettant en scène quelques-uns des clichés les plus tenaces à l’égard des parisiens ?
J’ai décidé de créer un one man show en anglais car j ai vécu aux US pendant cinq ans et j’ai observé les américains pendant toute cette période. Les différences culturelles m’ont tellement choqué que j’ai décidé de créer ce spectacle sur ce fossé culturel entre parisiens et étrangers.

Paris, une ville que les parisiens aiment détester selon vous ?
Les parisiens « pure souche » sont fiers de leur ville, par contre les provinciaux vivant dans la capitale critiquent sans cesse leur vie difficile a Paris et comparent toujours leur région natale à la capitale « chez moi, c’est mieux». C’est peut être mieux chez eux mais ils vivent à Paris. Cherchez l’erreur……………..

Les anglais et les américains n’échappent cependant pas non plus à votre œil critique et font l’objet de quelques délicieuses caricatures ! Est-ce pour nous décomplexer un peu, nous, parisiens râleurs et arrogants ?!
Le spectacle avait pour but premier de caricaturer les parisiens, mais je ne pouvais pas passer à coté des « oh my god » répété 100 fois par jour par les américains. Du coup, tout le monde en prend pour son grade !

Vous qui êtes né à Bordeaux et avez vécu cinq ans aux Etats-Unis, quel relation entretenez-vous avec Paris et quel regard portez-vous sur les Parisiens ?
J’entretiens une relation fusionnelle avec Paris. Je trouve cette ville magnifique et je m’y sens épanoui. Je porte un regard attendrissant sur les parisiens, il m’arrive très souvent de m’asseoir à une terrasse de café et de les observer pendant des heures, et je me rends compte que mes caricatures sont très très proches de la réalité .

Votre public est en grande partie composé d’américains, d’Australiens et d’Anglais. Comment expliquez-vous cela ?
Plus de la moitié des spectateurs sont français. L’autre moitié se compose de 20 ou 30 nationalités et pas spécialement d’Américains, Australiens ou Anglais.

Comment les parisiens « pure souche » réagissent-ils généralement à votre spectacle ?

Les vrais Parisiens réagissent très bien, ils me disent souvent que je viens de résumer leur vie en une heure.

Vous invitez votre public à déposer un avis à l’issue du show et à laisser des suggestions. Votre spectacle a-t-il beaucoup évolué grâce à cela depuis vos premières représentations ?

De nombreuses personnes me suggèrent l’ajout du parisien au volant, le parisien en vacances, le bobo parisien. Ces trois parties seront ajoutées tres prochainement.

Vous prenez le temps de serrer la main à chacun de vos spectateurs à la fin du spectacle. Pour quelle raison faites-vous cela ?

Tout simplement pour les remercier d’être venu assister au spectacle et répondre a toutes leurs questions.

Où et quand nos lecteurs pourront-ils venir vous applaudir à la rentrée ?

Le spectacle se joue jusqu’ au 22 décembre 2010, au théâtre de la main d’or, 75011 PARIS
Tous les mardis, mercredis à 20H30
Samedi à 19H et à partir d’octobre le dimanche a 17H30 en plus des 3 jours.

Quels sont vos projets à l’heure actuelle ?
De faire rire encore plus de monde !

Merci Olivier, et que le succès vous accompagne !

Retrouvez cette interview sur le site internet du BSC News Magazine

12 sept. 2010

Ecrit personnel - Mes états d'âme


"Je passe le plus clair de mon temps à l'obscurcir parce que la lumière me gêne." Boris Vian


Je ne sais pas vivre sans drames. J’en suis arrivée à ce constat.
Au fond, je ne suis rien d’autre qu’une âme torturée, un esprit tourmenté, un cœur déchiré. Le bonheur me fait peur. Il m’angoisse. Une vie calme, paisible, sereine, sans vague… c’est ce que tout le monde appelle ‘le bonheur’. Moi, j’appelle cela ‘le vide’. Pessimiste moi ? Non. Juste torturée. Déjà dit.
La souffrance est mon essence, mon alibi. Elle me donne une consistance, une légitimité. Elle me rend vivante. Dans le bonheur je me perds ; dans le bonheur on m’oublie.
C’est notre regard qui donne leur couleur aux choses. Moi je préfère voir les choses en gris. Non par morosité ou manque d’optimisme, mais pour leur donner une richesse supplémentaire. Optimiste je le suis. Je l’ai déjà prouvé. La vie telle qu’elle se reflète dans mes yeux est belle, mais ce n’est pas pour ça que je la vois en rose. Et après tout, qu’est-ce que ça peut bien faire ? Rose, gris… Ce n’est qu’une affaire de goût, non ?
Et puis, mon gris à moi a des nuances. J’essaye de fuir le ton sur ton, trop plombant. Je préfère les dégradés.

Rassurez-vous, mon gris n’est pas triste. Il est doux, mélancolique. Comme la pluie.
La pluie… Tellement plus riche et bouleversante que le soleil ! Rarement la bienvenue pourtant… J’aime la voir s’imposer délicatement ou brutalement, finement ou lourdement, furtivement ou plus durablement. Quoi de plus apaisant et inspirant que de la regarder ; de l’écouter tomber et imprégner avec détermination notre décor ; de respirer les effluves qu’elle dégage, différente selon qu’elle vienne frapper la terre ou l’asphalte… Je ne me lasserai jamais de ce spectacle si poétique. La pluie donne vie à tous nos sens. On peut la voir, la toucher, la sentir, l’écouter… et la laisser envahir de poésie et de vague à l’âme notre être tout entier. Non, la pluie n’est pas triste. Pas plus que mon gris.

Le soleil, lui, se pose en silence, de préférence dans un ciel bleu uni et monotone. Il ne se mêle pas à nous, préférant nous regarder de haut, statique et silencieux.
Bien sûr j’aime la caresse pénétrante de ses rayons, la chaleur qu’il diffuse généreusement et qui réchauffe nos corps frissonnants d’un hiver encore trop présent… J’aime fermer les yeux, aveuglée par sa lumière qui me transperce, comme pour tenter de balayer mon gris de fond…
Mais le soleil, aussi plaisant soit-il, m’anesthésie. Il me prive de mes états d’âme les plus profonds, de mes sources d’inspiration les plus belles.

La pluie et moi sommes en accord. Une harmonie parfaite et délicieuse sur fond gris. Sans doute parce que, sur ma vie, il pleut averse...

Mélina Hoffmann

20 juin 2010

BSC News de juin 2010




Le nouveau numéro du BSC News vient de paraître !

Faite vos valises et préparez vos passeports car ce mois-ci, le BSC News mag' nous emmène en voyage ! Destination: les USA !

Vous pourrez y découvrir mes deux nouvelles chroniques littéraires : "Comment se dire Adieu: rupture, séparation et deuil", un très bel ouvrage pour nous aider à surmonter la perte d'un être cher ; et "Les dépendance, ces fantômes insatiables", un livre passionnant sur nos dépendances, aussi diverses soient-elles, leurs origines, et la manière dont elles affectent notre quotidien.
Également, dans la rubrique "Mélina revisite un classique", la chronique de "L'Étranger", d'Albert Camus.

Ne manquez pas non plus l'interview de Jérôme Garcin, par Julie Cadhilac, la rencontre jazz de Guillaume Lagrée, la sélection musicale d'Alexandre Roussel, et bien d'autres encore !

N'hésitez pas à le feuilleter, à le lire, à vous y abonner, et à laisser vos commentaires, ici ou ailleurs !
Bonne lecture, et bon voyage !

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C'est 100% gratuit !

30 mai 2010

Chronique 'Le fusil de chasse'



Le fusil de chasse
Yasushi Inoué
Editions Le Livre de Poche

Voici ma chronique du très beau livre de Yasushi Inoué, parue dans le numéro de mai du BSC News Magazine. Un roman épistolaire qui aborde les tragédies de l'amour avec intensité et sobriété.

Bonne lecture !


« Maintenant que Mère est morte, vous êtes seul à savoir. Et le jour où vous quitterez ce monde, nul être sur cette terre n’imaginera qu’un tel amour ait jamais existé. Jusqu’à présent, je croyais que l’amour était semblable au soleil, éclatant et victorieux, à jamais béni de Dieu et des hommes. Je croyais que l’amour gagnait peu à peu en puissance, tel un cours d’eau limpide qui scintille dans toute sa beauté sous les rayons du soleil, frémissant de mille rides soulevées par le vent et protégé par des rives couvertes d’herbe, d’arbres et de fleurs. Je croyais que c’était cela l’amour. Comment pouvais-je imaginer un amour que le soleil n’illumine pas et qui coule de nulle part à nulle part, profondément encaissé dans la terre, comme une rivière souterraine. »


Ce livre s’ouvre sur un poème éponyme de l’auteur, publié dans la revue Compagnon du Chasseur, éditée par la Société des Chasseurs du Japon. Il y aborde, en prose, la similitude qu’il a pu observer entre un fusil de chasse et l’isolement d’un être humain.
Le poème passa plutôt inaperçu au moment de sa publication, jusqu’à ce que l’auteur reçoive, quelques mois plus tard, la lettre de Josuke Misugi, un homme prétendant s’être reconnu dans cette prose en la personne du chasseur solitaire. Pour l’auteur, il s’agit là d’un mélange de pur hasard et du souvenir d’un chasseur croisé dans la montagne quelques temps auparavant. Comme pour attester de son identité et justifier le sentiment d’isolement que ressent le chasseur du poème, Josuke Misugi envoie à l’auteur trois lettres qui forment la trame de ce roman. Une démarche peu banale, d’autant que l’homme prie l’auteur de bien vouloir brûler ces lettres après les avoir lues.

Mais après lecture, l’auteur ne peut se résoudre à respecter ce souhait et décide de publier ces lettres dans leur intégralité. Adressées à Josuke Misugi, elles proviennent de trois femmes aux destins jusqu’alors secrètement liés par une histoire d’adultère.
La première est celle de Shoko, la fille de sa maîtresse qui a découvert l’existence de leur relation en lisant le journal de sa mère ; la seconde provient de Midori, sa femme, qui lui annonce sa volonté de divorcer, ne supportant plus l’infidélité de son mari ; la troisième, enfin, est écrite de la main de la maîtresse elle-même, peu de temps avant son suicide. Elle revient sur ces treize années d’amour clandestin. « Je reçois le châtiment mérité par une femme qui, incapable de se contenter d’aimer, a cherché à dérober le bonheur d’être aimée. », écrit-elle dans un dernier souffle.

Trois lettres, trois femmes, trois psychologies, trois visions et ressentis différents d’un seul et même évènement : une tragique histoire d’adultère. Toutes expriment à leur manière et avec beaucoup de pudeur leur sentiment de trahison, de mal-être, leur tristesse.
« […] le serpent qui se cache en chacun de nous est une triste chose. Un jour, dans un livre, j’ai rencontré ces mots : « Le chagrin d’être en vie », et, tandis que j’écris cette lettre, j’éprouve ces chagrins que rien ne saurait apaiser. Quelle est donc cette écœurante, cette effroyable, cette triste chose que nous portons au-dedans de nous ? »
Incontournable de la littérature japonaise, cet ouvrage a reçu, en 1950, le Prix Akutagawa - plus prestigieuse récompense littéraire du Japon.
Amour déçu, passionné, interdit, impossible… Si le thème n’a rien d’original, c’est par sa construction et son style que ce bref roman épistolaire se distingue. Des lettres poétiques, intenses et émouvantes, pourtant écrites avec beaucoup de distance, dans une langue très sobre, dénuée de fioritures, dans le plus fidèle style japonais.

Une histoire grave et profonde ; un court mais magnifique moment de lecture.

Mélina Hoffmann

23 avr. 2010

Interview Balimurphy

Interview publiée dans le BSC News Magazine du mois de mars.



Avril 2009. Par une belle journée ensoleillée, je déambule dans les allées bondées du Printemps de Bourges, un Festival musical qui se déroule chaque année à cette période. L’occasion pour de jeunes talents de se faire connaître grâce à une large programmation dans les bars et à plusieurs scènes ouvertes disséminées à travers la ville.

Ce jour-là, je m’attarde quelques instants devant un groupe de musiciens à l’enthousiasme contagieux, qui s’est littéralement emparé de la scène devant un public conquis. Incapable de détourner mon attention, je me laisse porter par la poésie de leurs textes et la puissance envoutante de leurs mélodies folck-rock, portées - entre autres - par l’humeur mélancolique d’un violon et d’un accordéon. Cette rencontre un coup de cœur immédiat !
Quand vient l’heure pour eux de céder la scène aux artistes suivants, il est hors de question pour moi de les laisser partir comme ça. J’en veux plus ! Je me précipite donc pour acheter l’un des quelques exemplaires de leur CD qu’ils ont emmenés avec eux de Belgique, et échanger quelques mots avec eux. J’apprends alors que Balimurphy - c’est ainsi que se nomme le groupe, n’en est pas à son premier album et a déjà fait ses preuves sur la scène belge. Et pour preuve : le groupe fête ses dix ans, rien de moins ! Il n’arrive pourtant que cette année en France… Cherchez l’erreur !
J’interpelle le chanteur du groupe : « Votre musique est formidable ! Mais comment se fait-il qu’on ne vous connaisse pas en France ?! »
« On arrive ! » me répond-il avec le même enthousiasme que je lui découvrais quelques instants plus tôt sur scène. Je leur souhaite tout le succès qu’ils méritent avant de les laisser avec la foule qui fait la queue derrière moi, mon précieux CD entre les mains…

Un an a passé, et leurs chansons passent toujours en boucle dans mon MP3.

Balimurphy, ce sont des textes à la saveur aigre-douce, délicieux mélange de tristesse, de mélancolie, de lucidité, mais aussi d’humour, de joie de vivre et d’un optimisme teinté d’amertume. Des airs qui nous restent dans la tête, dont on ne se lasse pas. Ce sont des musiciens fantastiques qui vivent leur musique avec une passion qui vous hypnotise. C’est aussi une voix envoûtante, celle de Cédric, qui transpire le vécu, la sensibilité.
A travers des thèmes comme le progrès, le diktat de l’apparence, la rupture, la maturité… ils se font les critiques poétiques du quotidien.
Après être retournée les applaudir lors d’un concert à Paris en octobre dernier, je me suis promis de faire connaître ce groupe sympathique au talent incontestable et à l’énergie débordante, future figure incontournable de la scène française. C’est en tous cas tout le mal que je leur souhaite.
Leur album Poussières, sorti le 8 mars dernier en France, fait du bien. Il détend, redonne espoir, fait rêver et soulage les maux de l’âme. Ne vous en privez pas, dépendance assurée !

Mélina Hoffmann

INTERVIEW

BaliMurphy bonjour ! Vous vous apprêtez à conquérir la France avec vos mélodies folk-rock envoûtantes, après avoir séduit la Belgique, où vous êtes devenus incontournables ! Dans quel état d’esprit abordez-vous la scène musicale française ?
Nous abordons tout cela de façon très positive! Pas spécialement parce que c'est la France, mais surtout parce que nous allons pouvoir voyager ensemble par et pour la musique. Nous accordons énormément d'importance aux rencontres et aux échanges. Il nous semble primordial de se nourrir de toutes ces expériences pour grandir musicalement et humainement parlant. On se dit souvent qu'il est important de « vivre des choses » et quoi de plus excitant que le voyage pour s'accomplir?


Votre album
Poussière sort le 8 Mars prochain. Ce sera votre première rencontre avec le public français. Il ne s’agit pourtant pas de votre premier album… Racontez-nous un peu votre parcours.
Un parcours de dix ans n’est pas simple à résumer : plusieurs formules, avec une structure plus claire depuis 5 ans, des rencontres musicales, des albums autoproduits (« la Valise », « L’homme descend du tram »), avec les moyens du bord jusqu’à cette première production professionnelle pour l’album « Poussière ». Nous évoluons à notre rythme, avec des défis autres que la musique pure : vidéos, décors etc. et un attrait particulier pour la scène, qui est notre lieu de prédilection.
Pourquoi « BaliMurphy » ?
Quand nous avons commencé à faire de la musique ensemble, c'était d'abord comme ça, pour le plaisir, car il nous semblait important de nous retrouver et d'essayer de créer quelque chose. Puis arrive un premier concert et la question du nom se pose. Nous nous sommes accordés sur BaliMurphy qui fait référence à un quartier de Belfast qu'un de nos anciens musiciens venait de visiter et qui l'avait particulièrement marqué.
Quelles sont vos influences musicales ? J’ose avancer Debout sur le zinc, dont les sonorités et la rythmique sont assez proches des vôtres, je me trompe ?
La question des influences est assez vaste... Bien sur nous faisons de la chanson française avant tout, donc forcément nous avons des liens certains avec toute cette famille actuelle comme les Debout sur le Zinc, les Têtes Raides, les Ogres de Barback ou encore la Rue Ketanou. On ne peut évidemment pas passer à côté des grands noms de la chanson comme Brel, Brassens ou Gainsbourg qui planent inévitablement au dessus de nous et qui nous inspirent par leur parcours, leurs textes et leur personnalité. Mais ce qui est magique en musique c'est qu'on peut s'inspirer de tout! Il faut être curieux, sans cesse... Chaque style de musique a ses forces et on peut aussi bien s'inspirer d'une mélodie pop rock, du texte d'un rappeur que d'un riff de guitare d'un groupe malgache. Nous sommes six musiciens, six personnalités avec des goûts et des sensibilités différentes et nous passons beaucoup de soirées à nous faire découvrir ce qui nous touche.
« Tout le monde s'arrache un monde en toc », « Elle est plus belle sans moi », « Ma confiance en l’avenir se résume un peu au néant »… Si vos textes mêlent habilement tristesse, lucidité, humour et optimisme, ils révèlent toujours une sensibilité à fleur de peau. Vous identifiez-vous à travers vos textes ? Où prenez-vous votre inspiration ?
Nous ne choisissons pas les thèmes que nous allons aborder, ils s’imposent à nous naturellement. Nous parlons de ce qui habite nos pensées et notre réflexion au jour le jour. Alors bien sûr, le fait de parler librement de la mort et de l’absurdité de la vie nous semble primordial. D’autant que nous trouvons que ce sont des thèmes qui sont trop souvent écartés.
Vous hésitez beaucoup j’ai l’impression! Le train, la marche à pied ? La poste ou Internet ? Vous partez, vous restez ? La drogue, le rugby ? (ndlr : J’hésite encore extrait de l’album Poussières) Avez-vous trouvé quelques réponses depuis ?!
Nous vivons dans un monde de fausse abondance, de potentiel frustrant, et ce sentiment s’accroit de jour en jours. Les questions s’accumulent, et les réponses et certitudes s’éloignent. Cette hésitation est aussi une position de vie qui empêche l’immobilisme et accepte la complexité de l’existence. Avec ce que cela entraîne comme angoisse, inévitable. Vive les questions, et attention aux réponses…
Dans la chanson Mademoiselle Coco [NDLR « C’est pas moi que tu regardes dormir, avec qui tu veux te réveiller / J’suis pas ton pari sur l’avenir, juste un moment abandonné / Tu dis où, tu dis quand, tu dis dégage et puis reviens… »], l’un de vous avait-il des comptes à régler ?!
Bien entendu ! Mais comme dans ces conversations que l’on ressasse plus tard, lorsque l’on n’a pas su trouver les mots sur le moment, on se donne les bonnes répliques, le bon rôle. Nos chansons s’inspirent de nos vies, mais le processus inverse existe aussi : les chansons sont lues, chacun y entend ce qu’il souhaite. Elles échappent à notre contrôle.
Vous abordez avec beaucoup de conviction le thème du progrès et on vous sent plutôt réticent à ce sujet ! « On n’arrête pas le progrès », « Tout le monde s’achète un monde en toc », « Tout le monde vit, ou plutôt surnage » Pensez-vous que le progrès nous dépasse et nous plonge dans un monde de plus en plus artificiel ? Qu’il nous mène en quelque sorte à notre propre perte ?
Cela prolonge la question de l’hésitation. Faut-il revenir en arrière ou foncer en avant ? Ni l’un ni l’autre bien sûr, mais pas besoin d’être philosophe ou sociologue pour comprendre que les idéologies aveugles du progrès, de la croissance, sont devenus de véritables religions. La réflexion à long terme n’existe plus. On tente juste d’apporter notre interprétation à cette problématique énorme. Quant à l’artificiel, pas besoin non plus d’être grand clerc : l’homme et la planète qui l’a engendré sont pratiquement en instance de divorce !
Quels thèmes aimeriez-vous aborder dans vos prochaines compositions ? Et en est-il que vous vous interdisez ?
Certainement pas, mais on évite les sujets « bateau » ou trop anecdotiques. La démarche poétique, ouverte, reste de mise. Il s’agit d’ouvrir un monde, un univers. Mais comment éviter le sujet récurrent de l’intérêt de la vie et de la finalité de la mort ? ou encore de l’éclatement des rapports humains ?
Quels sont vos projets à l'heure actuelle ?
Nous avons toujours eu et nous aurons toujours des projets. C'est très important à nos yeux d'avoir continuellement un objectif en ligne de mire. A l'heure actuelle, bien sur, nous nous préparons pour les quelques tournées que nous allons faire en France et en Suisse, mais à côté de ça, nous travaillons déjà sur le prochain album et nous essayons, avec l'équipe qui nous entoure, de voir ce qui pourrait se faire dans d'autres pays comme le Canada ou l'Europe de l'est.

Une anecdote à partager avec nos lecteurs ?
Le bonheur complet suivit de la douche froide la plus terrible qu'on ai jamais eue... il y a quelques années, nous avons organisé notre toute première tournée. Nous avons cassé notre tirelire, acheté notre première camionnette, et nous sommes partis quinze jours en France. Ce furent des moments qui resteront gravés à jamais dans nos mémoires. Nous avons joué où on voulait bien de nous, sur les places, les campings, les boîtes de nuit, etc. Il faisait beau, il faisait chaud, nous logions dans une maison à quelques centaines de mètres de l'océan... Nos premières vacances payées par la musique!. Puis nous sommes rentrés chez nous, des souvenirs plein la tête. Quelques jours plus tard, après une série d'orages et de pluies torrentielles, nous nous sommes retrouvés dans notre local de répétition pour bosser un peu... un mètre vingt d'eau, une guitare qui flotte, les amplis remplis de boue. On a passé les trois jours suivants à démonter minutieusement notre matériel, à tout passer sous un jet d'eau claire pour nettoyer, puis a tout sécher, pièce par pièce, au sèche-cheveux. Heureusement, nous avons pu récupérer une bonne partie et pour le reste, on s'est fait plaisir, on a emprunté un peu d'argent et nous avons racheté le matériel qui nous faisait envie! On s'était endetté pour les 5 ans à venir mais il fallait qu'on le fasse, c'était impensable pour nous de tout perdre comme ça!
Quelle question auriez-vous aimé que je vous pose ?
Ça roule ?
Que m’auriez-vous répondu ?
Nickel !
Voilà qui est fait !
Merci Balimurphy !

Propos recueillis par Mélina Hoffmann pour BSC News Magazine

Retrouvez l'article et l'interview ici.

11 avr. 2010

Poème, 'Un coeur à la dérive'


Un cœur à la dérive


Ne pas pleurer, ne pas plier sous le poids de la déception
Faire taire ce cœur qui bat trop fort, redonner voix à la raison
Ne plus s'attacher à des mots, laisser s'échapper les sourires
Ne plus nourrir le moindre espoir, ne plus rêver d'un avenir

Aimer notre complicité, sans lui donner trop d'importance
Ne pas se dire que l'on s'attache, fermer les yeux sur l'évidence
Ne pas savoir ce que l'on veut, mais être tellement bien ensemble
Aimer le bonheur qu'on se donne, mais refuser qu'il nous rassemble

Apprivoiser la solitude, se sentir vide mais en secret
Avoir l'air fort, garder en soi les larmes qui voudraient couler
Oublier les mots qui condamnent, ceux qui donnaient envie d'y croire
Quand la mélancolie nous ronge, apprendre à perdre la mémoire

Oublier l'odeur d'un parfum qui faisait frissonner le corps
Se débarrasser des regrets, fermer notre cœur aux remords
Rester important l'un pour l'autre, mais sans se donner trop de place
S'aimer mais sans s'appartenir, jusqu'à ce que l'un de nous s'efface

Sourire au temps qui nous désarme, ne pas montrer que l'on a mal
Rire de bon cœur même si, au fond, notre bonheur est en cavale
Abandonner nos illusions, ne plus vouloir figer le temps
Se souvenir, quoi qu'il arrive, qu'après l'hiver vient le printemps

Fermer les yeux et oublier le manque d'une présence essentielle
Qui sait si bien nous rassurer, qui a fait repousser nos ailes
Oublier tous nos points communs, et les valeurs que l'on partage
Tremper ma plume dans mes larmes, écrire pour ne pas faire naufrage

Ne jamais cesser de rêver, faire de nos vies un arc-en-ciel
Au milieu du noir et du gris, mettre les couleurs les plus belles
Car le bonheur ne s'en va pas quand l'être aimé nous abandonne
Il ne fait que se déplacer, en espérant qu'on lui pardonne.

Mélina Hoffmann, 03/2010

6 mars 2010

BSC News de février 2010



Le nouveau numéro du BSC News vient de paraître !

C'est un numéro spécial Érotisme que nous offre le BSC News pour nous réchauffer en ce mois de février glacial !

Vous pourrez y découvrir ma chronique du passionnant et sidérant livre "Ado : la fin de l'innocence - Enquête sur une sexualité à la dérive.", ainsi que l'interview de son auteur, Géraldine Levasseur, journaliste pour Zone Interdite et le magazine Marie-Claire.
Egalement deux autres nouvelles chroniques littéraires : "Spider", le très efficace polar de Michael Morley, ainsi que le classique de Bernhard Schlink, "L'autre".

Ne passez pas non plus à côté de la délicieuse chronique de Julie Cadilhac, le billet culturel d'Harold Cobert, la rubrique politique de Neila Latrous, la rencontre jazz de Guillaume Lagrée, la sélection musicale d'Alexandre Roussel, et bien d'autres surprises encore ! A ne par rater : un supplément photos regroupant quelques clichés de qualité de Glenn Michel et Juan Carlos Hernandez.


N'hésitez pas à le feuilleter, à le lire, à vous y abonner, et à laisser vos commentaires, ici ou ailleurs !
Bonne lecture !


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C'est 100% gratuit !

27 févr. 2010

Chronique "Nos bonheurs fragiles"



Nos bonheurs fragiles
Laurent Fialaix
Editions Leo Sheer


Voici ma chronique du magnifique livre de Laurent Fialaix, parue dans le numéro de janvier du BSC News Magazine. Un témoignage poignant et bouleversant sur l'amour perdu, la passion destructrice et le deuil...

Bonne lecture !


« … l’histoire d’un deuil dont je ne sais pas encore s’il est tout à fait possible, mon histoire, le journal de ma vie sans toi. Avec mes paradoxes, mes aveuglements, mes larmes et mes furtifs petits bonheurs, mes souffrances et mes espoirs, mes idées noires, mes abandons et cette envie obsessionnelle de tout recommencer. Recommencer. Mais quoi ? Quelque chose qui nous ressemblerait, toi et moi. Quelque chose devenu impossible sans doute. »

Plus que nul autre, ce livre avait sa place entre les pages du BSC News, tout comme il a sa place entre les mains de chacun de nous il me semble.
Parce que sa lecture m’a profondément émue. Parce que j’en suis encore bouleversée. Un coup de cœur comme on en a rarement, de ceux qui changent votre regard sur l’autre, sur vous-même, sur la vie. Un coup de cœur comme je n’en n’avais pas eu depuis le chef d’œuvre de Claire Cros, Ariste.

Impossible de vous en faire un résumé, il ne serait en aucun cas à la hauteur de l’ouvrage. En faire la critique? Encore moins. Comment juger le ressenti d’un être qui nous ressemble ? Même s’il n’est pas tout à fait nous… Comment estimer une souffrance que nous pourrions rencontrer aussi. Même si ce n’est pas la nôtre…
Je ne peux que vous faire partager mon ressenti et quelques extraits qui suffiront très certainement à vous donner envie de vous perdre dans le lyrisme enivrant de la plume de l’auteur, de vous noyer dans le flux bouillonnant des émotions du narrateur. Son âme est perceptible derrière chacun de ses mots, sa souffrance nous percute de plein fouet. C’est le silence qui s’impose à la fin de la lecture. Pendant aussi, d’ailleurs.
Car, derrière ce titre poétique et douloureusement réaliste, derrière cette couverture sobre et à la fois subtilement évocatrice, c’est un récit poignant et percutant qui s’offre à nous.

Un témoignage grave, émouvant, dénué de pudeur. De la souffrance brute, sans fioritures, exprimée avec la plus grande des sincérités. Sans doute parce qu’il s’agit là davantage d’un journal intime que d’un roman. Celui d’un homme qui, après six années de vie commune, vient de perdre brutalement l’amour de sa vie. Un homme anéanti par le chagrin ; submergé par le regret, la culpabilité, l’incompréhension, le doute.

« Il me faut tout revoir de mes rêves. Je suis perdu. »
C’est aussi le témoignage d’un père qui sait qu’il doit tenir bon et reprendre goût à la vie. Coûte que coûte. « Rester debout n’est pas si compliqué, il suffit que la vie nous l’apprenne. Bien sûr, on chancelle, parfois on tombe. Mais à se savoir attendu, on se relève. Presque toujours. »
Son récit est celui d’un amour passionné et destructeur avec un homme dépressif qui, par une dramatique journée de juillet, décide de mettre fin à ses jours. C’est à cet amour à jamais perdu que s’adresse le narrateur à travers ces lignes. « Depuis toujours, tu broies ce que tu aimes, tu détruis ceux que tu aimes. Je n’en peux plus. J’en arrive à croire que je ne t’aime plus. Je te le dis. Je sais aujourd’hui que j’avais tort. »

L’écriture devient son refuge, sa thérapie. Il noircit ses pages des souvenirs qui lui reviennent, des regrets qui le hantent, de la culpabilité de n’avoir rien pu faire, de la solitude qui se fait de plus en plus pesante, des furtives envies d’en finir qui le traversent parfois, des fugaces moments de bonheur et d’espoir qu’il peine à s’autoriser, des regards et des jugements intolérants à l’égard de cet amour « hors-norme », des attitudes qui blessent… « Je me souviendrai de cet homme en uniforme parlant devant moi à son collègue : « Saletés de tapioles ! » Je n’ai même pas la force de réagir. Je suis sous anesthésie générale. »

Puis la lente et délicate reconquête du bonheur, l’envie d’aimer à nouveau, malgré les doutes… « Mon bonheur m’est parfois indécent. Il me bouscule quand il tente de me rattraper tandis que je le fuis. Je ne suis pas certain d’y avoir droit. Encore moins de pouvoir me l’autoriser. » ; parce que la vie nous attend. Parce qu’il le faut...
Dans un style franc et spontané, l’auteur nous livre un véritable témoignage d’amour, rythmé par des phrases courtes, assez brutales, et par une structure anaphorique qui donne un style percutant et émouvant au récit. Un cri du cœur qui vous donnera la chair de poule.

Mélina Hoffmann

2 févr. 2010

BSC News de Janvier 2010



Le nouveau numéro du BSC News vient de paraître !

Pour ce premier numéro de l'année 2010, le BSC News Magazine n'a pas lésiné sur les invités ! Comme toujours, de nombreuses rencontres et découvertes vous attendent !

Vous pourrez également découvrir mes deux nouvelles chroniques littéraires: "Sauver sa peau", l'excellent polar de Lisa Gardner, et "Nos bonheurs fragiles", un livre poignant et bouleversant sur l'amour et le deuil. Et pour la première fois dans le BSC News Magazine, la rubrique "Mélina à fleur de mots", et mon premier article : "Quand le désir s'emmêle".

N'hésitez pas à le feuilleter, à le lire, à vous y abonner, et à laisser vos commentaires, ici ou ailleurs !
Bonne lecture !


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17 janv. 2010

Réflexions sur les états d'âme

Quelques belles réflexions à méditer, tirées de l'ouvrage 'Les états d'âme, un apprentissage de la sérénité', de Christophe André, dont ma chronique paraîtra prochainement dans le BSC News Magazine.
N'hésitez pas à nourrir ces réflexions de vos commentaires.

« L’ironie est une arme. Comme le mépris, elle prend sa source dans des états d’âme où cohabitent sentiment de supériorité, et agacement condescendant envers autrui. Basée sur le désir de rabaisser et non d’améliorer, elle est relationnellement toxique dans la mesure où elle accroît les tensions et ressentiments sans rapprocher d’une recherche de solutions. »


« La tristesse est un sentiment envahissant, qui occupe l’entièreté de notre âme. Quand on est triste dans sa tête, tout devient triste en nous : notre regard, notre démarche, le timbre de notre voix. Par contre, il n’est pas toujours si douloureux d’être triste, car il y a quelque chose de spécifique à la tristesse : la douceur. »

« Par moments, c’est presque toute notre vie qui prend l’habitude de s’écouler comme ça, hors de nous ; Et nous suivons en trottinant derrière, en essayant de ramasser les morceaux, et d’en faire une construction cohérente après coup, en recollant souvenirs, photos, et réflexions éparses. Nous sommes victimes de la rémanence : l’instant d’avant dévore l’instant présent. Ou de l’anticipation et de l’inquiétude : l’instant d’après occupe nos pensées. L’instant présent n’existe plus : noyé dans le néant. Mais passer à côté du présent, est-ce que ce n’est pas passer à côté de sa vie ? »


« La compassion et l’auto-compassion font des sociétés meilleures. Une des raisons en est sans doute qu’elles désactivent les désirs de dominance et de différenciation, pour replacer la personne dans une perspective fraternelle et horizontale, centrée sur la similitude et la collaboration entre humains, plus que sur la domination et la compétition. La compassion est un outil d’égalité et de fraternité.

Et finalement, elle est le remède universel à toutes nos blessures, qui sont toujours au fond des blessures ou des déceptions avec l’amour et le lien. Tous nos chagrins sont des chagrins d’amour, avec un grand A ou des petits a. Et les seuls remèdes qui vaillent sont - aussi - des remèdes d’amour. C’est pour cela que Thoreau, dans son Journal, écrivait : « Il n’y a qu’un remède à l’amour : aimer davantage.» Aimer davantage, pas forcément la même personne : mais ne jamais renoncer à aimer, au-delà de ce qui nous a déçu ou fait souffrir, au lieu de ne plus vouloir aimer. Oui, il n’y a qu’un remède à l’amour : aimer davantage.

Inlassablement. »


« Si nous nous accrochons à eux, nos bonheurs peuvent devenir tristesses. Il faut accepter de passer son chemin, abandonner ce bonheur mort. Accepter qu’il y ait ainsi des tas de cadavres de petits ou grands moments heureux derrière nous. Accepter qu’ils ne survivent que sous forme de souvenir. Ne pas s’attacher ni s’agripper à eux précisément, à ces instants, mais à l’idée même de bonheur.

L’intensité et la douleur du bonheur résident ainsi dans son caractère éphémère.»


« La sérénité ne peut qu’exclure toute forme d’espoir et d’attente. Car l’espérance porte en germe la déception, l’angoisse et la dépendance. Il faut donc cultiver la liberté envers nos espoirs. Sans nihilisme, mais simplement en essayant d’habiter différemment le réel. »