De moi, vous dire..

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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

26 mai 2012

Chronique 'Les aimants', Jean-Marc Parisis



« Ces vingt ans qui prenaient trois secondes pour les dire et filaient en points de suspension, c'était finalement le bon rythme, la bonne ponctuation. Nos premiers mots prononcés à la Sorbonne n'en finissaient pas. Ava et moi: une phrase ininterrompue qui charriait gens, livres, voyages, aventures...Tous ces moments passés ensemble palpitaient encore dans l'onde de nos voix, de nos rires, à la terrasse des cafés, dans les rues, au bout du fil au milieu de la nuit. Nous aurons tout partagé, sauf des souvenirs. »

Ils ont vingt ans lorsqu'ils se rencontrent à la Sorbonne au début des années 80, et succombent aux forces de leur attraction. Lui, le narrateur, et elle, Ava. Bien plus qu'une simple femme, Ava est un idéal, un fantasme auquel l'auteur rend hommage tout au long de ce court roman autobiographique. Elle est à la fois le jour et la nuit, le ciel et la terre, la grâce, la vie, éblouissante et mystérieuse.
Entre amitié et amour, une harmonie parfaite unit ces deux êtres qui s'appartiennent sans se retenir, s'égarent sans se perdre, s'aiment sans se le dire, vingt années durant, sans que le temps n'use ce lien qui toujours les ramène l'un vers l'autre. Ils se perdent amants, se retrouvent amis, vont et viennent ainsi, de l'un à l'autre, pris et épris dans un tourbillon de liberté.
Unis dans leurs solitudes, solitaires dans leur union, leur relation ne respecte aucun principe, aucune norme. Loin de la jalousie, des doutes et des reproches, ils vivent un amour simple et sans crainte, insouciant, un amour qui ne se définit même pas. « Nous nous aimions sans peur et sans reproche, sans éprouver le besoin de nous le dire. On se foutait la paix avec l'amour. Je me demande même si l'on savait qu'on s'aimait. »
Mais à force de jouer avec le temps, le destin s'en mêle et la mort vient brutalement séparer les deux âmes sœurs. Face à l'absence, la force de l'amour se révèle douloureusement. Parce qu'ils savaient leur amour éternel ils en avaient oublié que la vie était courte...
« Aujourd'hui le ciel est vide. J'aurais aimé raconter une histoire, mais c'est tout ce qu'il m'en reste, et je n'en reviens pas .»
A travers une prose délicate et magnifiquement juste, Jean-Marc Parisis se raccroche à celle qui était son absolu et nous livre une confession brève mais puissante, au goût de désespoir et au parfum d'éternité. Ses mots, d'une beauté humble et saisissante, nous portent sans aller au-delà de l'essentiel.
Un livre magnétique sur un amour comme il en est parfois, de ceux qui s'ancrent au plus profond de l'être, qui réécrivent le temps, impossibles à éteindre, bien supérieurs à la mort.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Mai 2012.

15 mai 2012

Chronique 'Prête-moi ton homme', Emily Giffin


« La pensée de Darcy m'effleure fugitivement l'esprit, mais elle est aussitôt refoulée dans les tréfonds de mon cerveau par une force plus puissante que notre amitié et ma conscience. Dex s'allonge sur moi. Je ferme les yeux, les rouvre, puis les referme, et voilà comment, par une de ces bizarreries dont la vie a le secret, je me retrouve à faire éperdument l'amour avec le fiancé de ma meilleure amie. »
A la veille de ses trente ans, Rachel fait le point sur sa vie. Avoir un travail qui lui plaît et un homme qu'elle aime, voilà les seules choses dont elle rêve. Rien d'extravagant à priori. Des rêves dont elle est encore bien loin pourtant... Son métier d'avocate dans un grand cabinet new-yorkais, elle le déteste ; quant à sa vie sentimentale : un désert à perte de vue.
Heureusement que Rachel a de nombreux amis avec lesquels elle peut régulièrement tromper sa solitude, et surtout, heureusement qu'elle a Darcy, sa meilleure amie depuis toujours ! Elle en aurait, pourtant, des raisons de la détester cette amie égocentrique et un brin peste, qui a toujours été la plus jolie, la plus chanceuse, la plus brillante, la plus "tout" en fait !, et qui a surtout toujours pris un malin plaisir à le lui rappeler ! Aujourd'hui encore, Darcy a un travail prestigieux et un fiancé - Dex - avec lequel elle forme un magnifique couple.
C'est d'ailleurs Rachel qui sera sa demoiselle d'honneur au mariage qui se profile. Un rôle dont elle se réjouissait… jusqu'à ce qu'elle ne commette l'impensable, l'irréparable : coucher avec Dex ! Mais le pire peut encore être évité, après tout il ne s'agissait que d'une bêtise après une soirée trop arrosée... Il suffirait d'oublier ce faux-pas et de faire comme si rien ne s'était jamais passé, comme si le fiancé de sa meilleure amie ne l'avait jamais attirée. Ils pourraient en parler et décider d'un commun accord d’oublier ce qui s'est passé ! A moins qu'un nouveau baiser ardemment souhaité ne vienne définitivement balayer l'hypothèse du faux-pas et tout bouleverser...
« Comment pourrais-je tourner le dos à une expérience que je n'ai encore jamais faite et que j'attends depuis toujours ? Personne avant Dex ne m'avait bouleversée à ce point. Et si le miracle ne se reproduisait jamais plus ? Et si c'était lui l'homme de ma vie ? »
Voilà un roman à l’eau de rose comme on les aime (à condition de les aimer évidemment !). Le scénario n’est certes pas original - une relation triangulaire entre deux meilleures amies et le fiancé de l’une d’elle, impliquant l’éternel dilemme entre préserver une amitié ou ouvrir la porte à un nouvel amour - mais Emily Griffin sait allier passion, trahison, humour et légèreté pour que la recette prenne.
Rachel choisira-t-elle de préserver son amitié avec sa meilleure amie ? Dex finira-t-il par annuler son mariage ? Darcy découvrira-t-elle la trahison de son fiancé ? Et si cette relation permettait à Rachel de voir son ami sous un nouveau jour ?
Difficile de lâcher ce livre avant d’avoir les réponses à ces questions ! Et malgré un dénouement légèrement tiré par les cheveux il faut le reconnaître, on passe un bon moment, et ça tombe bien, c’est exactement ce qu’on cherchait !
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'avril 2012.

2 mai 2012

Chronique 'Si peu d'endroits confortables', Fanny Salmeron




« Je ne sais pas si deux solitudes s'annulent, je ne sais pas si elles se consolent. Je ne sais pas si au contraire elles ne forment pas un vide encore plus grand. J'espère que non. »

Il y a Hannah, la fille aux yeux verts qui promène son chagrin dans les rues de Paris. Sur les murs et les bancs de la capitale, elle grave inlassablement cette inscription : « Il y a si peu d’endroits confortables ». Parce que les yeux de celle qu’elle aimait étaient le seul endroit où elle se sentait bien. Des yeux qui se sont détournés d’elle. Un cœur laissé à l’abandon. « Pendant que je me consume, Paris se remplit du manque de toi. »
Et puis il y a Joss, le garçon aux cheveux bleus, venu à Paris pour peindre et oublier son passé. « Je suis venu chercher l'oubli, j'ai trouvé de la pluie. (...) La vérité c'est qu'on est imperméable à que dalle. Surtout pas au manque. »
Leurs voix s’entremêlent avant que leurs solitudes ne se croisent et s’unissent pour tenter de se réchauffer le cœur et de faire cesser cette pluie qui les recouvre. Tandis qu’Hanna fait découvrir à Joss toute la magie de Paris à travers son regard, le jeune homme tente de redonner à Hanna le sourire et l’espoir. Il pensait y être arrivé… Nous l’espérions aussi. Mais la réalité, parfois, parvient à engloutir les plus beaux rêves…
Ce livre se classe sans l’ombre d’un doute dans le top 3 de mes coups de cœur ! Une claque en pleine figure ! Un coup de poing dans le ventre ! Plusieurs semaines après l’avoir lu – que dis-je, dévoré ! -, il me hante encore, surtout les jours de pluie. L’atmosphère dans laquelle nous plonge Fanny Salmeron est délicieusement inconfortable, faite de tristesse, de souffrance, de manques, de solitude, d’errance, le tout sur un fond gris sale, sous un triste ciel d’hiver. Ce qui trouble, ce qui frappe, ce qui dérange à coup sûr, c’est sans doute le réalisme excessif de l’histoire, l’absence totale de féérie, la brutalité des émotions.
Difficile de ne pas tomber amoureux de la plume magique de Fanny Salmeron qui signe là un premier roman très prometteur. L’écriture haletante, oppressante parfois, nous prend aux tripes et c’est dans une sorte d’état second que l’on achève la lecture, presque essoufflé.
Une lecture à éviter toutefois à la sortie d’une déception amoureuse douloureuse !
Mélina Hoffmann
 Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'Avril 2012.