De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

26 déc. 2013

'Afrique Terre sauvage', Alex Bernasconi


Il arrive parfois qu'en guise de livre, on se retrouve avec un bijou dans les mains. A peine l'écrin ouvert, on découvre à quel point le contenu est précieux, comme quelque chose qui, d'un seul regard, vient capter bien plus que notre attention.
Cet ouvrage exceptionnel nous dévoile ce que l'Afrique a de plus intime, des instants pris sur le vif d'une nature libre et sauvage. Une nature pour laquelle Alex Bernasconi - photographe au talent artistique indéniable - a autant d'admiration que de respect.
C'est un voyage hors des sentiers battus, là où la faune sauvage peut laisser libre cours à ses instincts dans des paysages d'une incroyable diversité, aux quatre coins d'un continent auquel il voue un véritable amour. 
Les photographies sont d'une beauté à couper le souffle. D'une infinie sensibilité et souvent spectaculaires, elles nous plongent dans une proximité bouleversante et unique avec l'animal. Chacune d'elles pourrait faire l'objet d'une chronique propre tant l'émotion qu'elles contiennent est puissante et nous ramène à l'essence même de la vie. Chaque photographie est un voyage à elle seule, un cadeau précieux, une ode féérique à la nature sauvage dans ce qu'elle a de plus intime et de plus pur, dépourvue de tout artifice, préservée de l'homme et de son insatiable quête de profit. Mais pour combien de temps encore ?...
Car derrière chacune de ces photographies, au-delà des longues heures de patience et de persévérance, des risques et de l'audace qui se cachent, également l'inquiétude - en filigrane - d'un patrimoine de plus en plus menacé par la modernisation, et la pollution et la destruction de l'environnement qui lui sont inhérentes.
"Le contraste saisissant entre le milieu dans lequel nous avons l'habitude de vivre et celui que nous mettons en péril m'incite à photographier et à immortaliser le monde naturel."
Et l'on devine aisément la complexité d'une telle entreprise où ce sont l'animal et la nature qui décident où, quand et comment, imposant au photographe d'être au rendez-vous. Des rendez-vous parfaitement honorés par Alex Bernasconi qui nous livre ici une formidable palette de couleurs et d'émotions, résultat - ainsi que l'exprime avec justesse Saba Douglas Hamilton dans la préface - de "l'étrange jonction entre la chance, l'instinct et le talent."
L'émerveillement est à chaque page.
Ce livre est une œuvre d'art, rien de moins.

Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Décembre 2013.

31 oct. 2013

'Rompre avec nos rôles, l'éloge d'être soi', Sarah Seriévic


"[…] Tant que nous n’avons pas renoué avec ce qui vibre à l’intérieur, nous sommes réduits à un rôle, un chiffre, un numéro, un bon exécutant ; c’est oublier que notre plus grande souffrance ne vient pas de ce que nous avons ou de ce que nous n’avons pas, mais de ce que nous ne sommes pas. Nous ne pouvons pas être libres dans le déni de qui nous sommes et c’est peut-être cette liberté qui nous fait tellement peur. "

Être soi-même, cela sonne comme une évidence. Quoi de plus complexe pourtant, de plus effrayant parfois, que cette rencontre avec soi ? Tout un apprentissage à faire en réalité. Un apprentissage nécessaire si l'on veut s'épanouir dans une vie qui nous ressemble, loin du chemin que nous a plus ou moins consciemment tracé notre entourage proche, nos parents, la société, l'environnement dans lequel nous avons grandi et sur lequel nous avançons machinalement.
Une fois adulte, il nous faut en effet faire le tri, nous libérer de nos rôles et reprendre en main les rênes de notre vie. Une entreprise difficile dans la mesure où elle implique de nous aventurer hors de notre zone de confort, et d'aller parfois à l'encontre de la volonté de nos proches et des espoirs qu'ils avaient fondés en nous.

Être en accord avec soi-même et ses désirs profonds est l'une des conditions - si ce n'est LA condition - essentielles au bonheur.

« Nous ne vivons pas en fonction de la conscience que nous avons de nous, mais dans l’idée de nous faire apprécier par ceux qui nous entourent. Cela nous rend d’une part dépendant du désir des autres et d’autre part, nous rend prisonnier de toutes sortes de séductions qui nous coûtent la vie. »

Sarah Sérievic nous invite à nous poser des questions essentielles pour retrouver le chemin de nos propres besoins et désirs. Elle nous fait partager son expérience de thérapeute au gré de situations vécues avec ses propres patients, mais aussi au travers d'expériences plus personnelles. Des situations toujours très révélatrices et symboliques qui illustrent parfaitement l’esprit de ce livre.
Elle insiste sur la nécessité de prendre régulièrement du recul face aux évènements de la vie afin d’en tirer les meilleurs  enseignements, mais aussi sur l'importance de la thérapie qui permet de libérer notre esprit d'émotions bloquées dans notre subconscient,

Par le biais d'exercices de réflexion, l’auteur nous invite à nous réapproprier nos émotions, à décoder nos sensations, à exprimer notre ressenti, à modifier le regard que nous portons sur les choses et à développer des pensées positives. Savoir tirer le positif de chaque situation permet de les rendre constructives, de transformer les échecs en expériences, sans quoi ils reviendront sans cesse parasiter notre vie et nos relations avec les autres. Elle nous apprend beaucoup sur notre propre personnalité, nos peurs, nos désirs, sur les vertus thérapeutiques de l'amour aussi.

« On ne peut pas être absent de soi-même et présent aux autres ».

L'amour, la confiance, le respect, l'estime que nous offrons à l'autre ne peuvent être authentiques que si on les ressent d'abord sincèrement pour soi.
Ce cheminement vers soi demande de la persévérance et de nombreuses prises de conscience. Il demande aussi d'oser, oser s'aventurer vers l'inconnu et ces zones non encore explorées de notre être profond, oser ne plus répondre à certaines attentes de notre entourage ou de la société, oser aimer et dépasser nos peurs. Mais cela en vaut la peine si l'on souhaite mener une vie harmonieuse, en accord avec nos valeurs et désirs profonds.

Car le bonheur n'est pas dans le paraître, la possession ou le regard des autres.
Le bonheur est enfoui en nous, sous toutes ces choses qui nous sont finalement extérieures.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE d'Octobre 2013.

7 oct. 2013

'Une larme m'a sauvée', Angèle Lieby



« Les jours ont passé. Je me suis réveillée, mais la nuit ne m'a pas quittée. Le savent-ils, les médecins, Ray, Cathy, que je suis de retour ? Tout est calme. J'entends cette respiration et ces bruits de machines en permanence, j'entends des voix régulièrement, mais elles ne me parlent jamais. J'ai l'impression que l'on m'ignore. D'être là sans l'être vraiment. Ou plutôt d'être présente sans que les autres le sachent, comme un fantôme... (…) Je suis parfaitement éveillée, et ils me croient dans les limbes de l'inconscience. »

Imaginez... Vous êtes allongé dans un lit, vous ressentez les sensations. Toutes. Mais votre corps ne vous répond plus, incapable du moindre mouvement. Imaginez... Vous souffrez, tout votre être hurle intérieurement sa douleur. Mais vous êtes dans l'incapacité totale de communiquer. Imaginez... vous venez de retrouver la lumière du jour, la vie vous habite à nouveau. Mais tout le monde vous croit encore plongé dans la pénombre. Pire, tout le monde vous condamne.

A la suite d'un malaise, Angèle Lieby est transportée aux urgences de l'hôpital de Strasbourg. Elle s'exprime de plus en plus difficilement, peine à respirer, jusqu'à perdre connaissance. Les médecins la plongent alors dans un coma artificiel pour l'intuber et tenter de comprendre ce qui a provoqué son état. Mais les jours passent, et Angèle ne se réveille pas. Pour le personnel médical, le verdict est sans appel, la jeune femme est considérée comme morte. Pourtant, Angèle est bel et bien consciente, prisonnière de ce corps inerte.

Ce qu'elle va vivre alors ressemble de très près à l'enfer. Traitée comme un corps sans vie, le personnel soignant ne se soucie plus de ses ressentis. Les douleurs qu'on lui inflige sont bien pires que celles qu'elle avait ressenties jusqu'alors. Elle voudrait hurler, se débattre, mais elle ne peut que subir, suppliant intérieurement que ce calvaire prenne fin.

« La douleur est insupportable. Irréelle, indescriptible. Et elle est décuplée par mon impuissance : non seulement je ne peux pas me débattre, mais je ne peux pas même l'exprimer. Je meurs de souffrance et j'ai la discrétion suprême de n'en rien laisser paraître. Pas un cri, pas une grimace, pas même un frémissement. »

Jusqu'à un miracle : une larme.

Angèle Lieby ne cherche pas, avec ce livre, à régler ses comptes, mais bien à attirer l'attention sur cette expérience terrible qu'elle a vécue, d'alerter les soignants afin qu'aucun autre malade ne subisse à son tour de telles souffrances. Elle se veut porte-parole de ceux qui, comme elles, ont été ou seront un jour dans la même situation de vulnérabilité qu'elle. Pour que tout cela n'ait pas servi à rien. Pour que l'on s'interroge quant à la légitimité d'un diagnostique aussi brutal et catégorique à peine quelques heures après le moment auquel elle aurait dû se réveiller. Pour que l'erreur ne se reproduise pas.

Elle raconte avec beaucoup d'émotion ces instants de profonde solitude et de souffrance indicible, ce combat mental pour que la vie triomphe, mais aussi le retour difficile à l'autonomie, la nécessité de réapprendre à respirer, sans machine. « Ce ne sera pas simple de redevenir moi. »

Un témoignage aussi bouleversant que nécessaire, et une très belle leçon de courage.


Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Septembre 2013.

30 sept. 2013

Ton sourire sur mes lèvres ?

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Il est des sourires, comme ça, auxquels on aimerait secrètement mêler nos lèvres. Des sourires qui ne disent pas tout, qui laissent entrevoir juste... Des sourires auxquels on ne s'attendait pas et qui nous rendent soudain friable, nous mettent à nu sans un seul geste. Des sourires que l'on aimerait figer dans un souffle, un effleurement léger. Des sourires qui arrêtent le temps et nous agitent au-dedans.

Des sourires auxquels on aimerait dire "Reste...", du bout des lèvres.

Comme ces regards que l'on cherche  et qui, lorsqu'ils nous trouvent au même instant, nous font perdre pied. Nos douze ans, juste là. Et ce fameux contrôle que l'on croyait avoir... Foutaises. Quand ces sourires-là viennent nous caresser le cœur, on ne contrôle plus rien, les protections s'effondrent, le cœur s'emballe, le corps frissonne, le sol tremble sous nos pieds.

C'est effrayant. C'est doux. Ça ressemble à une promesse.



Il est des sourires, comme ça... Des sourires comme le tien.

Mélina, Septembre 2013.

28 sept. 2013

'Secrets de femmes - A cet instant de l'autre', de Nathalie Cougny


« Une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint. »

Si ce chiffre reste beaucoup moins élevé que dans d'autres parties du monde, il n'en demeure pas moins affligeant, révoltant, inacceptable. Surtout si l'on considère que, si la violence conjugale connaît une issue dramatique pour un certain nombre de femmes, beaucoup d'autres subissent les coups et le harcèlement moral de leur conjoint, parfois sans que cela ne soit visible de l'extérieur. Pour ces femmes, ce n'est plus de vie dont il est question, mais de survie. La plupart d'entre elles se taisent. Seules 10,6% portent plainte.

Toutes, pourtant, sont profondément abimées quand elles ne sont pas complètement détruites, prisonnières d'un mal-être qui les ronge et bouleverse leur rapport au monde. 

Nathalie Cougny donne la parole à quelques-unes de ces femmes blessées, bafouées, à jamais marquées dans leur chair et leur âme par une relation – souvent longue - avec un homme violent. Pour certaines, l'état des lieux est toujours difficile à faire, même après plusieurs années. Les séquelles sont réelles, le rapport à l'autre et à l'amour inévitablement transformés, l'estime de soi rarement intacte, la reconstruction difficile. Leurs témoignages sont touchants, douloureux, sincères. Toutes s'interrogent sur leur incapacité à aimer et à être aimée, à faire à nouveau confiance à un homme.

« Mais cette histoire de 17 ans m'a brisée dans les profondeurs de l'amour, elle a dévié les chemins, elle a fracturé mes certitudes, défait à jamais les mailles de la confiance pour un homme. Je cherche un amour absolu qui  n'existe pas, un amour qui délivre constamment des preuves d'amour par peur d'être trahie, trompée, bafouée. »

Au-delà de ces témoignages poignants, l'auteur nous informe, nous alerte sur la place des femmes dans le monde et les discriminations dont elles font l'objet dans de nombreux domaines. Des chiffres tirés de divers rapports qui font froid dans le dos et qui interrogent. Ainsi, un rapport de 2007 de l'UNICEF révèle que si les femmes accomplissent 66% du travail mondial et produisent 50% de la nourriture, elles ne perçoivent en retour que 10% des revenus et 1% de la propriété. Et ce n'est qu'un exemple... 

La violence faite aux femmes est une réalité non négligeable et pourtant l'un des crimes les moins poursuivis. Comment expliquer que la société ferme les yeux face à un tel phénomène ? Pourquoi cette nécessité de l'homme d'avoir une emprise sur la femme ? Une prise de conscience est nécessaire pour lever les tabous et permettre aux femmes et aux hommes d'avancer enfin conjointement, sans supériorité ni domination de l'un sur l'autre.

Le chemin à parcourir est encore long, mais chacun d'entre nous peut apporter sa pierre à l'édifice en se faisant l'écho des cris du cœur de ces femmes aux destins brisés.


Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Septembre 2013

11 août 2013

'Ne la quitte pas des yeux', Linwood Barclay




« Mon idée du bonheur ? Trois jours de pluie, un frigo bien rempli et le nouveau Linwood Barclay.»
Stephen King

David Harwood est journaliste local dans la ville de Promise Falls où il vit avec sa femme Jan et son jeune fils Ethan. Jan déprime depuis plusieurs semaines, aussi lorsqu’elle propose une virée en famille au parc d’attraction de Five Mountains réputé pour ses montagnes russes, David accepte. Cette sortie sera l’occasion pour lui de souffler un peu et pour sa femme de se changer les idées. Une belle journée en famille en perspective.
Mais à peine arrivés sur place, Jan se volatilise. David alerte la police, mais sa femme est introuvable. Enlèvement ? Fuite préméditée ? Suicide ?

Rapidement, et contre toute attente, David devient le suspect numéro 1. Il faut dire que tout l’accable : non seulement rien ne vient confirmer l’état dépressif de sa femme, mais rien même ne prouve qu’elle a mis les pieds avec lui dans ce parc d’attraction ! Pour David, c’est l’incompréhension totale. Fermement déterminé à découvrir la vérité et à retrouver sa femme, il mènera alors sa propre enquête. Mais de surprises en révélations, il se retrouvera face à une réalité qu’il n’aurait jamais envisagée et à une femme qu’il ne connaît pas si bien qu’il le croyait…

Ce n’est pas pour rien que l’on parle de Linwood Barclay comme l’un des nouveaux maîtres du polar !
Malgré une intrigue sans grande originalité et quelques invraisemblances que l’on pardonne volontiers, il signe ici un thriller convaincant et riche en suspense, ponctué de nombreux rebondissements et autres fausses pistes. Tout ce qu’il faut, en somme, pour capter notre attention d’un bout à l’autre, jusqu’à un dénouement surprenant.
Secrets, trahisons, mensonges, drames : tout y est !
Et si de nombreux éléments se laissent deviner assez facilement et peuvent donner l’impression au lecteur d’avoir presque toujours un temps d’avance sur l’histoire, le tout est suffisamment bien mené et rythmé pour que la recette prenne.

Un polar efficace et sans temps mort, qui devrait ravir les amateurs du genre.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Juillet-Août 2013