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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

31 oct. 2013

'Rompre avec nos rôles, l'éloge d'être soi', Sarah Seriévic


"[…] Tant que nous n’avons pas renoué avec ce qui vibre à l’intérieur, nous sommes réduits à un rôle, un chiffre, un numéro, un bon exécutant ; c’est oublier que notre plus grande souffrance ne vient pas de ce que nous avons ou de ce que nous n’avons pas, mais de ce que nous ne sommes pas. Nous ne pouvons pas être libres dans le déni de qui nous sommes et c’est peut-être cette liberté qui nous fait tellement peur. "

Être soi-même, cela sonne comme une évidence. Quoi de plus complexe pourtant, de plus effrayant parfois, que cette rencontre avec soi ? Tout un apprentissage à faire en réalité. Un apprentissage nécessaire si l'on veut s'épanouir dans une vie qui nous ressemble, loin du chemin que nous a plus ou moins consciemment tracé notre entourage proche, nos parents, la société, l'environnement dans lequel nous avons grandi et sur lequel nous avançons machinalement.
Une fois adulte, il nous faut en effet faire le tri, nous libérer de nos rôles et reprendre en main les rênes de notre vie. Une entreprise difficile dans la mesure où elle implique de nous aventurer hors de notre zone de confort, et d'aller parfois à l'encontre de la volonté de nos proches et des espoirs qu'ils avaient fondés en nous.

Être en accord avec soi-même et ses désirs profonds est l'une des conditions - si ce n'est LA condition - essentielles au bonheur.

« Nous ne vivons pas en fonction de la conscience que nous avons de nous, mais dans l’idée de nous faire apprécier par ceux qui nous entourent. Cela nous rend d’une part dépendant du désir des autres et d’autre part, nous rend prisonnier de toutes sortes de séductions qui nous coûtent la vie. »

Sarah Sérievic nous invite à nous poser des questions essentielles pour retrouver le chemin de nos propres besoins et désirs. Elle nous fait partager son expérience de thérapeute au gré de situations vécues avec ses propres patients, mais aussi au travers d'expériences plus personnelles. Des situations toujours très révélatrices et symboliques qui illustrent parfaitement l’esprit de ce livre.
Elle insiste sur la nécessité de prendre régulièrement du recul face aux évènements de la vie afin d’en tirer les meilleurs  enseignements, mais aussi sur l'importance de la thérapie qui permet de libérer notre esprit d'émotions bloquées dans notre subconscient,

Par le biais d'exercices de réflexion, l’auteur nous invite à nous réapproprier nos émotions, à décoder nos sensations, à exprimer notre ressenti, à modifier le regard que nous portons sur les choses et à développer des pensées positives. Savoir tirer le positif de chaque situation permet de les rendre constructives, de transformer les échecs en expériences, sans quoi ils reviendront sans cesse parasiter notre vie et nos relations avec les autres. Elle nous apprend beaucoup sur notre propre personnalité, nos peurs, nos désirs, sur les vertus thérapeutiques de l'amour aussi.

« On ne peut pas être absent de soi-même et présent aux autres ».

L'amour, la confiance, le respect, l'estime que nous offrons à l'autre ne peuvent être authentiques que si on les ressent d'abord sincèrement pour soi.
Ce cheminement vers soi demande de la persévérance et de nombreuses prises de conscience. Il demande aussi d'oser, oser s'aventurer vers l'inconnu et ces zones non encore explorées de notre être profond, oser ne plus répondre à certaines attentes de notre entourage ou de la société, oser aimer et dépasser nos peurs. Mais cela en vaut la peine si l'on souhaite mener une vie harmonieuse, en accord avec nos valeurs et désirs profonds.

Car le bonheur n'est pas dans le paraître, la possession ou le regard des autres.
Le bonheur est enfoui en nous, sous toutes ces choses qui nous sont finalement extérieures.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE d'Octobre 2013.

7 oct. 2013

'Une larme m'a sauvée', Angèle Lieby



« Les jours ont passé. Je me suis réveillée, mais la nuit ne m'a pas quittée. Le savent-ils, les médecins, Ray, Cathy, que je suis de retour ? Tout est calme. J'entends cette respiration et ces bruits de machines en permanence, j'entends des voix régulièrement, mais elles ne me parlent jamais. J'ai l'impression que l'on m'ignore. D'être là sans l'être vraiment. Ou plutôt d'être présente sans que les autres le sachent, comme un fantôme... (…) Je suis parfaitement éveillée, et ils me croient dans les limbes de l'inconscience. »

Imaginez... Vous êtes allongé dans un lit, vous ressentez les sensations. Toutes. Mais votre corps ne vous répond plus, incapable du moindre mouvement. Imaginez... Vous souffrez, tout votre être hurle intérieurement sa douleur. Mais vous êtes dans l'incapacité totale de communiquer. Imaginez... vous venez de retrouver la lumière du jour, la vie vous habite à nouveau. Mais tout le monde vous croit encore plongé dans la pénombre. Pire, tout le monde vous condamne.

A la suite d'un malaise, Angèle Lieby est transportée aux urgences de l'hôpital de Strasbourg. Elle s'exprime de plus en plus difficilement, peine à respirer, jusqu'à perdre connaissance. Les médecins la plongent alors dans un coma artificiel pour l'intuber et tenter de comprendre ce qui a provoqué son état. Mais les jours passent, et Angèle ne se réveille pas. Pour le personnel médical, le verdict est sans appel, la jeune femme est considérée comme morte. Pourtant, Angèle est bel et bien consciente, prisonnière de ce corps inerte.

Ce qu'elle va vivre alors ressemble de très près à l'enfer. Traitée comme un corps sans vie, le personnel soignant ne se soucie plus de ses ressentis. Les douleurs qu'on lui inflige sont bien pires que celles qu'elle avait ressenties jusqu'alors. Elle voudrait hurler, se débattre, mais elle ne peut que subir, suppliant intérieurement que ce calvaire prenne fin.

« La douleur est insupportable. Irréelle, indescriptible. Et elle est décuplée par mon impuissance : non seulement je ne peux pas me débattre, mais je ne peux pas même l'exprimer. Je meurs de souffrance et j'ai la discrétion suprême de n'en rien laisser paraître. Pas un cri, pas une grimace, pas même un frémissement. »

Jusqu'à un miracle : une larme.

Angèle Lieby ne cherche pas, avec ce livre, à régler ses comptes, mais bien à attirer l'attention sur cette expérience terrible qu'elle a vécue, d'alerter les soignants afin qu'aucun autre malade ne subisse à son tour de telles souffrances. Elle se veut porte-parole de ceux qui, comme elles, ont été ou seront un jour dans la même situation de vulnérabilité qu'elle. Pour que tout cela n'ait pas servi à rien. Pour que l'on s'interroge quant à la légitimité d'un diagnostique aussi brutal et catégorique à peine quelques heures après le moment auquel elle aurait dû se réveiller. Pour que l'erreur ne se reproduise pas.

Elle raconte avec beaucoup d'émotion ces instants de profonde solitude et de souffrance indicible, ce combat mental pour que la vie triomphe, mais aussi le retour difficile à l'autonomie, la nécessité de réapprendre à respirer, sans machine. « Ce ne sera pas simple de redevenir moi. »

Un témoignage aussi bouleversant que nécessaire, et une très belle leçon de courage.


Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Septembre 2013.