« Ces vingt ans qui prenaient
trois secondes pour les dire et filaient en points de suspension, c'était
finalement le bon rythme, la bonne ponctuation. Nos premiers mots prononcés à
la Sorbonne n'en finissaient pas. Ava et moi: une phrase ininterrompue qui
charriait gens, livres, voyages, aventures...Tous ces moments passés ensemble
palpitaient encore dans l'onde de nos voix, de nos rires, à la terrasse des
cafés, dans les rues, au bout du fil au milieu de la nuit. Nous aurons tout
partagé, sauf des souvenirs. »
Ils ont
vingt ans lorsqu'ils se rencontrent à la Sorbonne au début des années 80, et
succombent aux forces de leur attraction. Lui, le narrateur, et elle, Ava. Bien
plus qu'une simple femme, Ava est un idéal, un fantasme auquel l'auteur rend
hommage tout au long de ce court roman autobiographique. Elle est à la fois le
jour et la nuit, le ciel et la terre, la grâce, la vie, éblouissante et
mystérieuse.
Entre
amitié et amour, une harmonie parfaite unit ces deux êtres qui s'appartiennent
sans se retenir, s'égarent sans se perdre, s'aiment sans se le dire, vingt
années durant, sans que le temps n'use ce lien qui toujours les ramène l'un
vers l'autre. Ils se perdent amants, se retrouvent amis, vont et viennent
ainsi, de l'un à l'autre, pris et épris dans un tourbillon de liberté.
Unis dans
leurs solitudes, solitaires dans leur union, leur relation ne respecte aucun
principe, aucune norme. Loin de la jalousie, des doutes et des reproches, ils
vivent un amour simple et sans crainte, insouciant, un amour qui ne se définit
même pas. « Nous nous aimions sans peur
et sans reproche, sans éprouver le besoin de nous le dire. On se foutait la
paix avec l'amour. Je me demande même si l'on savait qu'on s'aimait. »
Mais à
force de jouer avec le temps, le destin s'en mêle et la mort vient brutalement
séparer les deux âmes sœurs. Face à l'absence, la force de l'amour se révèle
douloureusement. Parce qu'ils savaient leur amour éternel ils en avaient oublié
que la vie était courte...
«
Aujourd'hui le ciel est vide. J'aurais aimé raconter une histoire, mais c'est
tout ce qu'il m'en reste, et je n'en reviens pas .»
A travers
une prose délicate et magnifiquement juste, Jean-Marc Parisis se raccroche à
celle qui était son absolu et nous livre une confession brève mais puissante,
au goût de désespoir et au parfum d'éternité. Ses mots, d'une beauté humble et
saisissante, nous portent sans aller au-delà de l'essentiel.
Un livre
magnétique sur un amour comme il en est parfois, de ceux qui s'ancrent au plus
profond de l'être, qui réécrivent le temps, impossibles à éteindre, bien
supérieurs à la mort.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Mai 2012.
Très belle chronique.
RépondreSupprimerUne envie? Lire ce roman dont vous parlez si bien.
Merci beaucoup Christelle.
RépondreSupprimerN'hésitez pas à revenir donner votre avis si vous le lisez ;-)