« Il y a des nuits où les songeries de
l'endormissement se prolongent en un long point d'orgue tourné vers l'infini.
Et à la faveur de cette dérive s'éveillent en nous de nouveaux rivages... »
Enseignant-chercheur de
Littérature à l'Université de Savoie, Claude Cavallero signe ici un recueil
enchanteur de sept nouvelles qui, à mi-chemin entre le rêve et le souvenir,
nous transportent dans le monde de l'enfance et à l'adolescence.
Il y
a cette petite fille qui découvre un beau jour que ses parents l'ont en réalité
adoptée et qui doit alors réapprivoiser sa vie ; il y a Elsa, la petite fille
solitaire du phare de l'île devenue maîtresse d'école ; il y a Fanette,
arrachée à ses parents arrêtés par les allemands, qui apprivoise sa solitude
sans jamais céder au désespoir ; il y a encore Mirella, qui vit dans son propre
monde teinté de mélancolie, insaisissable...
La plume de Claude Cavallero
est juste, délicate et nuancée. Elle peint avec poésie et magie des décors où
la nature, ses éléments et ses saisons, sont sans cesse célébrés, comme dans
cette nouvelle où la neige vient recouvrir de sa blancheur un village où elle
était attendue et espérée depuis longtemps, redessinant par petites touches les
courbes du village, dévoilant lentement un autre monde teinté de féérie.
La nature apparaît tel un
personnage à part entière de ces nouvelles tant elle leur donne leur tonalité,
leurs nuances.
« Ainsi depuis quelques jours, la
flamme douce et dorée de l'automne s'était éteinte au profit d'une horde
d'épais nuages dont les contours, d'abord distincts, s'étaient ensuite
effilochés. Le ciel était devenu une bâche grise uniforme de laquelle
filtraient seulement, çà et là, les bribes d'une lumière mélancolique. Personne
n'en parla d'abord. Dans les jardins, les dernières feuilles accrochées aux
branches avaient viré à la lie de vin avant de lâcher prise sous le poids de
l'humidité. »
Un
recueil de nouvelles, comme une parenthèse de douceur, où l'instant présent est
délicatement capturé, puis s'évapore sous notre regard émerveillé.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Mai 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire