Julia Germillon, auteur du roman 'Funambules' (voir chronique ci-dessous), s'est prêtée au jeu de l'interview pour le BSC News Magazine.
Rencontre avec une jeune femme aussi passionnée que passionnante.
Bonjour Julia. Tout
d’abord pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous, votre parcours, vos
passions ?
Adolescente, je
voulais être comédienne et j’ai d’ailleurs débuté ma carrière professionnelle
dans le milieu du théâtre mais rapidement ce monde m’a déçue et puis ça ne
payait pas. Je me suis naturellement tournée vers l’écriture et j’ai écrit et
monté ma première pièce en 2008 à Paris, puis mon premier roman Funambules en 2009 (qui n’a été édité
qu’en 2012).
Entre-temps, j’ai
enchaîné différents boulots, dans la musique, l’édition… Parallèlement, j’ai
animé des ateliers de théâtre et d’expression corporelle auprès d’enfants. Je
suis également partie au Pérou et en Inde pour suivre cette direction.
Aujourd’hui, je suis une formation pour être art-thérapeute et j’ai vraiment
l’impression d’avoir trouvé ma voie. Et bien sûr, je continue à écrire !
Funambules marque vos premiers pas dans la littérature. Comment
est née l’idée de ce roman ? Pourquoi Paris ? Pourquoi Berlin ? Entretenez-vous
un rapport particulier avec ces deux villes ?
L’idée est venue
toute seule. J’ai commencé à écrire et me suis retrouvé plongée dans l’univers
de Funambules. Je ne réfléchi pas
vraiment à ce que je vais écrire, c’est plutôt en écrivant que les idées
viennent, que les personnages se dessinent, que l’ambiance se créé. L’écriture
me surprend !
Paris est la ville
dans laquelle j’habite. Je me demande encore pourquoi j’ai choisi de faire
évoluer mes personnages ici car cette ville me lasse souvent, m’insupporte même
parfois. Je vis ici parce que j’aime être près de mes proches. Ceci dit, c’est
le Paris des années 1990 que je décris et non celui de 2012. En revanche, j’ai
un réel attachement pour Berlin. J’y ai habité il y a quelques années et j’ai
eu le coup de foudre ! Je suis franco-allemande donc l’Allemagne en
général fait partie de moi. Son histoire et sa culture me touchent.
Partir pour
recommencer à zéro, pour réécrire l’histoire de sa vie, pour l’habiter enfin,
c’est l’un des thèmes essentiels que vous évoquez au travers de votre roman.
Nourrissez-vous un secret désir d’ailleurs ?
J’ai toujours rêvé
d’ailleurs : un « ailleurs » qui signifie « voyager »
mais aussi (et surtout) un « ailleurs » qui évoque un
« changement d’univers » tout en restant dans le même lieu
géographique. Je pense l’avoir fait en changeant régulièrement de milieu, en
prenant certains risques pour faire ce que je sentais vraiment, ce qui était
juste pour moi. Mais je trouve aussi que c’est important de savoir vivre ici et
maintenant et de ne pas que rêver « d’ailleurs ». Si on passe sa vie
à se projeter et à s’imaginer dans une vie meilleure, on risque de passer à
côté de l’essentiel.
Il est également beaucoup
question de ce besoin qu’ont beaucoup de gens de se construire un monde parallèle,
un monde à eux dans lequel ils se réfugient pour y trouver du réconfort.
Pensez-vous que l’espoir peut finir par user ?
Par rapport à cette
idée de « monde parallèle », je dirai la même chose que
précédemment : se réfugier oui mais passer à côté de sa vie c’est dommage.
Mais parfois, on ne peut tout simplement pas faire autrement, la douleur est
trop forte et se réfugier est le seul moyen de survivre. Il faut juste espérer
qu’on arrive à sortir à nouveau de son petit cocon. Parfois c’est aussi quand
on se frotte à l’inconnu ou au danger qu’on évolue enfin.
L’espoir peut user,
oui ! Comme je disais, parfois on passe sa vie à espérer, à rêver à une
vie meilleure et on en oublie de vivre et de profiter de l’instant présent.
Mais vivre sans aucun espoir, je ne sais pas si c’est possible. Je suis
quelqu’un de très positif et j’ai réellement confiance en la vie. Sans cette
confiance, beaucoup de prises de risque et de décisions auraient été impossible
à prendre pour moi.
Le titre de votre
roman, ‘Funambules’ évoque parfaitement l’instabilité de vos personnages,
vacillant tout au long du récit comme sur un fil, entre illusions et réalité. Vous
sentez-vous proche de l’un d’eux ? Et alors, si vous perdiez l’équilibre,
de quel côté tomberiez-vous plutôt ?
Oui je me sens très
proche d’eux. Sans vraiment leur ressembler, j’ai l’impression d’avoir ressenti
à un moment ou à un autre leurs peurs, leurs angoisses, leurs espoirs et leurs
rêves. Et puis, comme eux, j’ai souvent cherché ma place dans la société. Je ne
me sentais pas bien dans certains emplois par exemple tout en ne sachant pas
forcément vers où aller. C’est une sensation vraiment désagréable et puis le
fait de voir d’autres gens s’adapter si facilement à la vie, se satisfaire du
rythme « métro boulot dodo » sans se poser de questions, nous fait
sentir encore plus seul. Au final, il suffit de s’écouter, de se faire
confiance et surtout d’oser. C’est ce que j’ai fait et c’est ce que mes
personnages font. Ne pas écouter l’avis des gens, se défaire de leur regard…
les « autres » auront toujours quelque chose à redire, mais cela ne
devrait avoir aucun impact sur notre vie.
De quel côté je tomberais ?
Impossible à dire… il n’y a pas de bon ou de mauvais côté, la vie nous fait
parfois basculer dans l’illusion parce que c’est plus commode et parfois dans
la réalité parce qu’on en a la force.
Votre livre est une
véritable caverne d’Ali baba pour mélomanes ! Entre Brian Adams, Nirvana,
Pearl Jam, Serge Gainsbourg ou encore Téléphone, les références musicales – plutôt
rock – sont omniprésentes tout au long du récit. Pourquoi ce désir
d’accompagner votre roman d’une bande-son ?
J’ai toujours été
accompagnée par la musique. Dès 12 ans, j’avais mon walkman dans ma poche et
les écouteurs autour de mon cou près à être utilisé. Puis ce fut un discman et
aujourd’hui c’est mon lecteur mp3 que je trimballe partout. La musique est très
importante pour moi. Elle me calme, m’inspire, me fait vibrer et j’écris
toujours en musique !
J’aime beaucoup
mélanger les arts aussi. Lorsque j’avais mis en scène ma pièce de théâtre,
j’avais demandé à des musiciens d’assister aux répétitions, de composer la
musique et de venir jouer sur scène lors des représentations. De la même
manière, je trouvais cela intéressant d’associer à un roman une bande son. Il
s’agit de nostalgie, de passé, d’histoire dans Funambules et la musique est une
des façons les plus fortes pour moi de se replonger dans des ambiances et des
souvenirs passés.
Quels sont les
auteurs contemporains qui vous inspirent ? Vos derniers coups de cœur
littéraires ?
J’ai toujours du mal
à répondre à cette question qu’il s’agisse de mes auteurs favoris, de mes
chanteurs préférés ou du dernier film qui m’a vraiment ému. Je n’ai aucune
logique dans ce que je lis, même chose pour la musique. Je peux relire un
classique puis engloutir trois livres d’un auteur contemporain puis lire des
illustres inconnus puis revenir sur un classique. Je lis également beaucoup
d’essais qui traitent des sujets qui m’inspirent.
En ce moment, je lis beaucoup de livres sur l’art-thérapie par exemple. En terme de romans, et au risque de ne pas paraître très originale, j’ai récemment lu des œuvres de Murakami. Avant cela, je m’étais replongée dans Françoise Sagan, Hemingway et Hermann Hesse. J’ai également lu des livres d’auteurs moins connus dont je ne me rappelle plus le nom.
En ce moment, je lis beaucoup de livres sur l’art-thérapie par exemple. En terme de romans, et au risque de ne pas paraître très originale, j’ai récemment lu des œuvres de Murakami. Avant cela, je m’étais replongée dans Françoise Sagan, Hemingway et Hermann Hesse. J’ai également lu des livres d’auteurs moins connus dont je ne me rappelle plus le nom.
Pour terminer,
quelques mots sur vos projets pour les mois à venir ? D’autres romans
en cours ?
Oui ! J’écris
actuellement la suite de Funambules
qui, j’espère, sortira en 2013. Je vais animer plusieurs ateliers auprès
d’adultes et d’enfants handicapés à partir de septembre, dans le cadre de ma
formation d’art-thérapie.
Et puis, j’ai
commencé à écrire une pièce de théâtre que j’aimerais beaucoup terminer
aussi. Le monde de la scène me manque !
Normalement, je
devrais repartir en Inde aussi ou peut-être en Birmanie…
Merci Julia, et bonne chance pour la suite !
Mélina Hoffmann
Propos recueillis pour le BSC News Magazine de Juin.
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