« J'ai quelques heures pour vous. Du temps dans le temps. Du mien dans le vôtre. Quelques heures pour vous faire voir autre chose. Autre chose que votre vie à vous. Que votre quotidien trop quotidien. Votre ordinaire trop ordinaire. Vos habitudes trop habituelles. »
Au
moment où je commence cette chronique, je me heurte à une difficulté de taille...
Au fil de chacune de mes lectures, j’ai pour habitude de noter les passages qui
me touchent, dont j’ai envie de me souvenir. J’en conserve quelques-uns que
j’insère dans mes chroniques pour que vous puissiez vous imprégner du ton du
livre, de son ambiance. Oui mais voilà, pour ce livre en question, les extraits
que j’ai relevés s’étalent sur plusieurs pages… Et aucun ne me semble moins
mériter sa place ici qu’un autre ! Pour tout vous dire, je n’avance pas.
Car une fois qu’on a lu les mots de Marie Barrillon, on ne peut ni les ignorer,
ni en oublier aucun. Ainsi je reprends ceux du chroniqueur Clément Châtain que
chacun pourra faire sien après cette lecture : « Chaque phrase raisonne encore dans ma tête tant la plume de
Marie Barrillon est forte. »
Cette
force, c’est celle du cœur à n’en pas douter. Un cœur que l’on sent lourd,
meurtri, mais toujours prêt à s’ouvrir, à aimer, à partager malgré tout. Il m’a
rarement été donné de lire une prose aussi poétique, je me suis rarement
(jamais ?) sentie aussi intimement et profondément touchée par des mots
que par ceux-là.
Marie Barrillon nous prend par la main
pour nous emmener à ses côtés, au rythme de ses pas, sur le chemin de ses
souvenirs de moments passés auprès d’êtres qui lui étaient chers, d’épreuves
qui l’ont fragilisée et à la fois rendue plus forte. « Ma vie est un terrain miné où il est risqué de s’aventurer sous
peine de se blesser, de s’égarer, d’être aimé trop peut-être, de me
blesser. »
Dès
les premières lignes de ces Leçons de vie,
nous sentons que nous sommes sur le point de partager un moment privilégié
d’intimité avec l’auteur, un cœur à cœur.
Elle
nous parle de ces souvenirs qui emplissent nos vies, teintent notre
présent ; de l’oubli qui ne peut s’emparer d’eux. Elle en évoque certains qui
lui appartiennent – comme la perte de sa grand-mère que le temps ne parvient
pas à rendre moins douloureuse - et préfère en taire d’autres, soucieuse de
leur préférer l’avenir.
Elle
nous parle de nous, de notre urgence de vivre, de cette course permanente
contre le temps qui finalement file, nous sème, nous essouffle. Et puis
l’amour… seul remède à tous nos maux, et pourtant à l’origine de nos
souffrances les plus vives. L’amour qui construit, l’amour qui parfois détruit
tout.
« L’amour fait de nous
ce qu’il veut. De moi principalement. Il me traîne sur son chemin dont la seule
vision n’est qu’ombre. Il m’enivre puis se détourne. Je me cramponne à lui
comme à une corde usée dans ma dérive où l’illusion est assurée. L’amour encore
et toujours brouille l’horizon. Le vôtre. Le mien. Chaque vie s’en trouve
perturbée. Chaque aube déchirée. Chaque coucher de soleil brisé. Chaque été
balayé. »
Elle nous parle aussi de l’importance de
l’écriture dans sa vie, ce « pansement
qui absorbe les trop pleins », ce «
désinfectant des plaies intérieures ».
Ses mots sont justes, ses métaphores efficaces, sa plume chargée de
douceur et de sensibilité.
Elle se désole des malheurs du monde, de tout
ce qui teinte nos vies de gris. Et pour faire face aux intempéries qui nous
menacent, nous recouvrent parfois : nos rêves, ultime espace de bonheur et
de liberté dont nul ne peut nous priver. Si Marie Barrillon semble porter un
regard plutôt sombre sur la vie, l’espoir toujours revient, par petites
touches. « J’ai dans les yeux des
soleils étincelants, des pluies d’orages, des brumes opaques, des brouillons
compacts, des arcs-en-ciel aussi. »
Pour tous les extraits que j’ai – finalement
et péniblement – dû supprimer, ne vous en privez surtout pas et plongez-vous
dans ces Leçons de vie qui vous
transporteront d’un bout à l’autre.
« J'ai besoin de savoir si mes mots vous animent. Si je touche votre cœur à travers vos yeux. » Marie sois rassurée : tu as fait bien plus que ça. Merci.
« J'ai besoin de savoir si mes mots vous animent. Si je touche votre cœur à travers vos yeux. » Marie sois rassurée : tu as fait bien plus que ça. Merci.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de janvier 2011.
Entretien avec Marie Barrillon à découvrir ICI.
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