« Je ne sais pas si deux solitudes s'annulent,
je ne sais pas si elles se consolent. Je ne sais pas si au contraire elles ne
forment pas un vide encore plus grand. J'espère que non. »
Il y a Hannah, la
fille aux yeux verts qui promène son chagrin dans les rues de Paris. Sur les
murs et les bancs de la capitale, elle grave inlassablement cette
inscription : « Il y a si peu d’endroits confortables ». Parce
que les yeux de celle qu’elle aimait étaient le seul endroit où elle se sentait
bien. Des yeux qui se sont détournés d’elle. Un cœur laissé à l’abandon. « Pendant
que je me consume, Paris se remplit du manque de toi. »
Et puis il y a
Joss, le garçon aux cheveux bleus, venu à Paris pour peindre et oublier son
passé. « Je suis venu chercher
l'oubli, j'ai trouvé de la pluie. (...) La vérité c'est qu'on est
imperméable à que dalle. Surtout pas au manque. »
Leurs voix
s’entremêlent avant que leurs solitudes ne se croisent et s’unissent pour
tenter de se réchauffer le cœur et de faire cesser cette pluie qui les
recouvre. Tandis qu’Hanna fait découvrir à Joss toute la magie de Paris à
travers son regard, le jeune homme tente de redonner à Hanna le sourire et
l’espoir. Il pensait y être arrivé… Nous l’espérions aussi. Mais la réalité,
parfois, parvient à engloutir les plus beaux rêves…
Ce livre se
classe sans l’ombre d’un doute dans le top 3 de mes coups de cœur ! Une
claque en pleine figure ! Un coup de poing dans le ventre ! Plusieurs
semaines après l’avoir lu – que dis-je, dévoré ! -, il me hante encore,
surtout les jours de pluie. L’atmosphère dans laquelle nous plonge Fanny
Salmeron est délicieusement inconfortable, faite de tristesse, de souffrance,
de manques, de solitude, d’errance, le tout sur un fond gris sale, sous un
triste ciel d’hiver. Ce qui trouble, ce qui frappe, ce qui dérange à coup sûr,
c’est sans doute le réalisme excessif de l’histoire, l’absence totale de
féérie, la brutalité des émotions.
Difficile de ne
pas tomber amoureux de la plume magique de Fanny Salmeron qui signe là un
premier roman très prometteur. L’écriture haletante, oppressante parfois, nous
prend aux tripes et c’est dans une sorte d’état second que l’on achève la
lecture, presque essoufflé.
Une lecture à
éviter toutefois à la sortie d’une déception amoureuse douloureuse !
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'Avril 2012.
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