« L'histoire que je vais raconter est
la plus simple du monde. C'est l'histoire d'un amour qui aurait pu être
heureux. Je ne sais si je la raconte pour la revivre ou pour l'oublier. Je sens
seulement en moi le goût amer et tendre des larmes du souvenir. »
Philippe
est un jeune homme plein de fougue, qui n'a jamais connu et cherché que le
plaisir, la passion et la liberté en toutes choses, et dans ses relations avec
les femmes notamment. Ainsi, lorsqu'il rencontre Béatrice lors de vacances à
Rome, il ne voit en elle qu’une nouvelle conquête et se laisse porter par cette
relation qui lui procure un certain bonheur.
Après
quelques semaines passées ensemble, Béatrice est amoureuse, et si Philippe sent
que cette femme ne le laisse pas indifférent, son irrépressible besoin
d'indépendance le pousse à la quitter dès son retour à Paris. Aveugle à la
souffrance de la jeune femme, Philippe ne songe qu'à retrouver la légèreté de
sa vie d'avant. Mais lorsqu'il apprend que Béatrice a trouvé un autre
compagnon, le choc est aussi violent qu'inattendu. L'évidence s'impose alors,
mais trop tard : il aime Bérénice, passionnément.
C’est
une histoire universelle que nous raconte ici Jean d’Ormesson, celle de deux
êtres qui auraient pu s’aimer, mais dont les cœurs n’ont pas su se rencontrer.
Car pour l’amour, comme pour le bonheur, c’est malheureusement souvent
lorsqu’on le perd qu’il se révèle.
L’auteur
se livre à une analyse minutieuse des sentiments des personnages qui, à tour de
rôle, souffrent d’un même amour. Il décrit les tourments de l’âme d’un homme
qui prend soudainement conscience de la passion qui l’habite pour la femme
qu’il vient de laisser s’échapper et qui ne veut désormais plus de lui. Une
passion qui se mue alors en véritable obsession, avec tout ce que cela comporte
d’attente, d’espoirs, d’illusions et de souffrances.
« L'entêtement de l'amour est incroyable. Comme toute passion,
l'amour malheureux se refuse avec une obstination admirable à s'incliner devant
les faits. »
Une
histoire au goût amer, parsemée de nombreuses réflexions sur l’amour et ses
intermittences, la passion et ses nuances, le désir, la douleur, la complexité
des sentiments, les rapports entre les êtres… Le tout sur un fond de poésie et
de douceur de vivre qui donnent à ce roman toute sa saveur.
« Nous restâmes longtemps assis à
regarder l'ombre l'emporter sur le soleil. Il y avait dans ses progrès sûrs et
lents quelque chose d'infiniment triste et d'infiniment doux. Les marches
tombaient l'une après l'autre dans la grisaille du soir. L'ocre des maisons
pâlissait, les grands parasols sur les places se refermaient soudain, les
étudiants se levaient, remettaient leur veste, partaient. Un nouveau soir
tombait sur la place d'Espagne à Rome, sur le bel escalier de la
Trinité-des-Monts. »
Jean
d’Ormesson peint les décors plus qu’il ne les écrit, et la magie opère…
Mélina Hoffmann
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