« Nathalie avait lu la détresse dans le regard de Markus. Après leur dernier échange, il était parti lentement. Sans faire de bruit. Aussi discret qu'un point-virgule dans un roman de huit cents pages. »
Nathalie est une jeune femme discrète qui aime les choses simples et à qui la vie a toujours souri. « A vingt ans, elle envisageait l'avenir comme une promesse. »
Son histoire avec François s’était passée de la même façon que le reste de sa vie : sans nuage. Ils s’étaient mariés et vivaient heureux depuis sept ans. Jusqu’à ce que le drame survienne, bouleversant ce précieux équilibre : alors qu’il vient d’abandonner Nathalie à sa lecture pour aller faire son jogging, François se fait renverser par une voiture et perd la vie. Difficile pour Nathalie d’envisager l’avenir après un tel drame. Plus rien ne semble aller de soi, jusqu’aux choses les plus anodines en apparence.
« Le livre était ainsi coupé en deux ; la première partie avait été lue du vivant de François. Et à la page 321, il était mort. Que fallait-il faire ? Peut-on poursuivre la lecture d'un livre interrompu par la mort de son mari ? »
Anéantie par la tristesse, Nathalie se réfugie dans sa solitude et se refuse à céder aux convoitises de ses collègues de bureau. Jusqu’au jour où…
C’est un roman tendre, d’une infinie délicatesse, douloureux et drôle à la fois, que signe ici David Foenkinos, avec la plume poétique et décalée qu’on lui connaît. Maniant l’humour avec habileté et subtilité, sans jamais tomber dans le sarcasme, il porte un regard sensible et léger – parfois coquasse - sur les thèmes graves qui perturbent les rapports humains, la souffrance, le deuil.
« C'était d'une intensité rare. Ils étaient là, tous les deux, côte à côte, à quelques mètres de la tombe de François. A quelques mètres du passé qui n'en finit pas de ne pas finir. La pluie tombait sur le visage de Nathalie, si bien qu'on ne pouvait pas discerner où étaient ses larmes. Markus, lui, les voyait. ll savait lire les larmes. Celles de Nathalie. Il s'approcha d'elle et la serra dans ses bras, comme pour encercler sa souffrance. »
Ce livre ne se lit pas, il se déguste comme un bonbon acidulé, au rythme des petites parenthèses coquasses que nous offre l’auteur entre deux chapitres : recette de cuisine, paroles de chanson, définition de mots ; ou encore des notes de bas de page - absurdes parce qu’inutiles ! - qui font sourire et rendent l’angoisse moins angoissante, la douleur moins douloureuse, le désespoir moins désespérant.
En définitive, un roman qui porte merveilleusement bien son titre !
Mélina Hoffmann
Après la lecture d'une telle chronique, mes doigts se sont brutalement mis à taper "amazone" puis "la délicatesse"=> commandé!
RépondreSupprimerMerci Chloé :)
RépondreSupprimerN'hésite pas à revenir poster tes impressions ici après lecture ;)