"Je
te quitte", "c'est fini", "on ne peut pas continuer
ensemble"... Peu importent les mots choisis et la vitesse à laquelle ils
sont prononcés ; peu importe qu'ils s'accompagnent de larmes ou de tremblements
dans la voix, le résultat est toujours le même lorsque celle ou celui qu'on
aime décide de rompre un lien auquel nous tenions plus que tout.
C'est
une lente descente aux enfers qui commence, une agonie à laquelle on est
persuadé de ne pas survivre, parce que notre raison de vivre c'était justement lui/elle,
parce que nous sommes brutalement privés d'oxygène, amputés de nos repères et
de nos rêves, plongés dans un monde inconnu où l'autre n'est pas ; plus rien à
l'horizon, du chagrin à perte de vue. Chaque jour à venir s'annonce comme une
épreuve douloureuse, il n'est plus question de vivre mais de survivre. Nous
nous retrouvons figés, incapables de faire un pas dans un monde qui, lui,
continue à avancer, sans nous, un peu comme l'autre d'ailleurs. « Les
plus beaux rêves accouchent parfois des plus minables réalités. »
On
s'en remet pourtant. On le sait, au fond, on aime même à le rappeler à nos
ami(e)s qui vivent une déception amoureuse : le cœur cicatrise toujours, même
s'il lui faut parfois beaucoup de temps, même si la cicatrice ne disparaît jamais
complètement. Le cœur aime tant qu'il bat, plus ou moins vite, plus ou moins
fort, plus ou moins à l'unisson d'un autre. Mais quand le mal d'amour nous
frappe nous, on oublie tout ce que pourtant nous savons ! Nos propres paroles
n'ont plus d'écho. La colère, l'incompréhension, le sentiment d'injustice, le
désespoir, la jalousie... tout y passe. Plus jamais, c'est certain ! Ni
lui/elle, ni un(e) autre ! L'amour on n'en veut plus ! Et plus on a aimé, plus
la douleur est coriace bien évidemment, en cela l'amour est cruel. « On
assiste à la vie sans plus la comprendre. L'amour fait perdre l'alphabet de la
vie, elle semble soudain indéchiffrable, au pied de la lettre insensée ».
Dans
ce très lucide abécédaire de la déception amoureuse, Catherine Siguret nous
rappelle qu'il y a bien un "après" la rupture, que la douleur - aussi
intense soit-elle - s'estompe au fil du temps, jusqu'à devenir acceptable,
supportable, jusqu'à laisser la place à un amour tout neuf, riche de nouvelles
promesses. « (...)l'amour qui a pris pour nous un temps ce
visage-là, ces traces-là, en trouvera d'autres demain. »
Elle
nous invite à goûter cette rupture comme une "chance" de s'ouvrir à
nouveau à tous les plaisirs qui s'offrent à nous, de redécouvrir la vie sous un
nouvel angle et d'en finir avec notre quête surréaliste de bonheur. « (...)
le bonheur ne se détient pas, il s'éprouve passagèrement, il est humain. Nous
dire le contraire, c'est non seulement nous tromper, mais nous rendre fragile,
incapable d'affronter le chagrin. Si l'on veut guérir, il faut s'extraire de
là, au plus vite. »
Ce
chagrin - d'un bonheur vécu ou espéré - qui nous amène parfois à faire marche
arrière et à replonger dans
les bras de cet autre qui ne nous aime plus ; ce chagrin, encore, qui nous
pousse à espérer encore l’inespérable ; ce chagrin, toujours, qui nous
laisse égarés entre la gentillesse et la dureté, les mots d'amour qui
persistent et les paroles de colère, les jours où tout semble aller mieux et
ceux où l'on perd à nouveau pied. On lui souhaite le meilleur - parce qu'on
l'aime voilà tout ! -, puis le pire - forcément après le mal qu'il nous a
fait !...
Peu à peu, par de violents coups de
pinceau, nous transformons le portrait que nous faisions de l’autre en une
caricature peu reluisante, sans même nous rendre compte que cette haine que
l'on exprime n'est encore rien d'autre que de l'amour. On pleure encore, parfois,
mais moins l'autre que l'amour lui-même.
Jusqu'au jour où : l'envie de vivre
à nouveau, la fameuse lueur au bout du tunnel, la page qui se tourne enfin…
'L'amour
en miettes' est une sorte de GPS pour cœurs meurtris. On le lit comme on
appliquerait de la pommade sur une brûlure. Si vous traversez une déception
amoureuse, adoptez le comme livre de chevet, et plongez-y vous régulièrement. A
sa lecture, vous vous sentirez moins seul dans la tempête, vous éprouverez une
étrange sensation de réconfort à voir vos propres sentiments disséqués et
inscrits noir sur blanc. D'autant qu'en abordant la chose sur un ton léger et
un peu sarcastique, Catherine Siguret nous aide à prendre du recul, à
relativiser, à ne pas céder à la tentation de nous abandonner à notre désespoir
et surtout à nous souvenir que : « L'éternel, l'immobile, la
non-dégradation possible sont les exactes qualités de ce qui n'est plus de
l'ordre du vivant. La vie, par définition, coule et, en coulant, elle opère,
elle abîme les êtres, les sentiments, leurs enchevêtrements et mariages. »
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