« Et tout à coup, tandis que mes pas s'enchaînaient aux leurs, ma vue se brouilla, substituant les deux silhouettes en deux autres silhouettes, d'une autre époque, d'un autre lieu. Un flash éclair traversa mon esprit sous la forme d'un visage oublié, celui de Patricia, mon amie d'enfance. Cette vision soudaine me donna le vertige. Pourquoi là et maintenant son souvenir m'envahissait-il avec autant de force ? La mémoire jouait parfois de drôles de tours. »
Après quinze années de mariage au bout desquelles son ex-mari avait fini par lui préférer une femme plus jeune, Irène vit seule avec sa fille Solenne.
Difficile pour Irène d'accepter d'avoir été supplantée, non seulement dans son rôle de femme, mais également dans son rôle de mère puisque Solenne - en conflit permanent avec sa mère - considère comme une copine cette nouvelle belle-mère. Alors, lorsque l'adolescente exprime son désir d'aller vivre avec son père, c'en est trop pour Irène qui se sent plus seule et désemparée que jamais.
Lui revient alors subitement le souvenir de Patricia, son amie d'enfance qu'elle a perdu de vue depuis vingt ans. Renouer les liens qui les unissaient s'impose alors comme une nécessité. Irène décide de confier Solenne à son père le temps d'un été, et de partir à la recherche de cette amie perdue.
Mais que peut-il donc rester d'une amitié laissée à l'abandon vingt années durant ? Est-il seulement possible de ramener le passé à la vie ?
Irène part à la rencontre des parents de Patricia pour retrouver sa trace. Mais lorsqu'elle apprend que cette dernière ne leur a pas donné signe de vie depuis cinq ans, Irène comprend qu'il se passe quelque chose d'anormal et que ces retrouvailles risquent de ne pas être aussi simples qu'elle l'imaginait...
Cette histoire n'est pas seulement la quête d'une amitié perdue, elle est aussi la quête personnelle d'une femme à qui la vie semble avoir enlevé tous ses repères. Avec une infinie tendresse et une simplicité déconcertante, Marie-Laure Bigand aborde les thèmes essentiels de la vie courante : liens familiaux, amitié, amour, quête de soi, solitude... et d'autres plus graves que dévoile peu à peu le récit.
En partant à la recherche de son amie d'enfance, Irène va se trouver confrontée à des évènements auxquels elle ne s'attendait pas, qui vont l'amener à jeter un regard différent sur la vie, et à envisager son destin différemment. « Ces vacances ressemblaient à une introspection, c'était comme si je déposais mon passé durant un été pour mieux l'analyser et apprendre à reprendre ma vie en mains. »
On ressort bouleversé de ce récit profondément humain, mais surtout enrichi de toute la sensibilité échappée de la plume de l'auteur.
Je meurs d'envie de vous en dire plus, mais il me semble que ce serait trop en dévoiler et vous priver d'un peu de l'immense plaisir que procure la lecture de ce livre ! Alors je vous souhaite simplement une bonne lecture ! Ce premier pas là, nul doute que vous ne le regretterez pas !
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News Magazine de mai 2011.
Interview Marie-Laure Bigand
Marie-Laure Bigand est une romancière "dans l'air du temps", pour reprendre les mots de son éditrice Laura Mare. Sa sensibilité transparaît dans chacun de ses ouvrages, à travers des personnages qui nous ressemblent. Alors que sort ce mois-ci son quatrième ouvrage, Et un jour tout recommencer, Marie-Laure Bigand s'est prêtée au jeu de l'interview et nous parle de son précédent roman, 'Le premier pas', une belle histoire d'amitié, d'amour et de quête de soi.
Bonjour Marie-Laure. Je suis heureuse de pouvoir présenter aux lecteurs du BSC News Magazine l'auteur talentueuse, généreuse, et bien trop méconnue que vous êtes ! Nous allons parler ensemble de votre deuxième roman, Le premier pas, qui raconte l'histoire d'Irène, une femme divorcée qui, après avoir perdu sa place de femme, sent sa place de mère lui échapper. Désemparée, elle décide un jour de partir à la recherche de son amie d'enfance qu'elle n'a pas vue depuis vingt ans.
Comment vous est venue l'idée de ce roman ?
Bonjour Mélina, tout d’abord merci de m’accorder ce temps et de vous êtes penchée sur mes écrits…
C’est très difficile de dire comment me vient l’idée d’un roman. Un jour c’est là, en moi et peu à peu l’histoire se construit. Pour ce roman le fil conducteur était la recherche de l’amie d’enfance perdue de vue. Qu’est-ce qui fait qu’un jour la vie sépare des amis (ies), quel est l’élément ou les éléments déclencheurs ?
A quand remonte votre première véritable rencontre avec l'écriture ?
Les livres et moi c’est une longue histoire… Dès que j’ai su lire je me suis mise à dévorer les livres. Je m’inventais tout le temps des histoires. C’est vraiment à l’adolescence que j’ai commencé à jeter des mots sur le papier, mais je ne gardais rien. Après, entre le travail, les enfants, une maison à tenir j’avais juste le temps d’écrire le soir des petites choses. C’était plus des impressions, des moments de vie saisis au vol. J’ai ensuite écrit des histoires pour mes enfants, puis quelques nouvelles, avant de me plonger dans le roman et d’y rencontrer une véritable passion.
Pour avoir eu l'occasion - et le plaisir ! - de faire votre connaissance lors d'une rencontre avec des auteurs à Paris le mois dernier, je ne pense pas me tromper en disant que cet ouvrage vous ressemble par la sensibilité et l'humanité qui en imprègnent chaque page. Cette profonde remise en question et ce désir soudain de l'héroïne de prendre son destin en main correspondent-ils à une expérience personnelle ou à un désir enfoui ?
Alors non, j’aime bien ma vie comme elle est, même si comme tout le monde j’ai eu à certains moments de mon existence nombre d’interrogations. Je pense que j’ai la chance de pouvoir m’évader avec mes personnages. J’ai leurs destins entre mes doigts et ça c’est assez génial, même si parfois je me demande si ce ne sont pas eux qui me mènent là où ils veulent aller. Ensuite il est vrai que je suis très sensible, trop même. J’ai appris à vivre avec mais ce n’est pas toujours simple. Cependant je suis bien consciente que si je n’avais pas cette sensibilité je ne pourrais pas écrire. Je suis très attentive aux autres, j’observe beaucoup… Alors bien sûr que dans mes romans c’est un mélange de tout ça !
Vous abordez des sujets sensibles avec une grande délicatesse qui nous fait garder espoir tout au long du livre.
Êtes-vous quelqu'un de plutôt confiant face à l'épreuve ?
Lorsque l’on traverse des épreuves, on n’a pas le choix, il faut les assumer. Je pense aussi que l’on se construit à travers et que cela nous rend plus fort. Mais au moment où on les vit, on ne pense pas vraiment à ça, c’est après seulement qu’on le comprend. J’ai la chance d’avoir une grande part d’optimisme en moi, ce qui m’a toujours aidée…
Le premier pas est généralement le plus difficile à faire. Est-il un premier pas que vous aimeriez mais n'osez pas?
Non… Je crois qu’au cours de ma vie j’ai toujours su faire les premiers pas au moment où je devais les faire. Ceux que je n’ai pas faits c’est parce que j’estimais que ce n’était pas à moi de les faire et non pas parce que je n’ai pas osé...
Vous êtes membre et secrétaire de l'association 'Les mots migrateurs'. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette association ?
C’est un collectif d’écrivains en Val d’Oise dont le but est d’aider toute personne ayant un projet d’écriture. C’est aussi un moyen pour nous de participer à des salons et à diverses manifestations locales. En fait, on fait beaucoup de choses, de plus en plus même. Le mieux est que chacun se rende sur le site pour y découvrir notre travail : http://www.motsmigrateurs.fr/index.html. Depuis plus d’un an maintenant je co-anime une émission radio (radio RGB) avec le président de l’association, Philippe Raimbault.
Votre quatrième roman, Et un jour tout recommencer, vient de paraître. Qu'aimeriez-vous en dire pour donner envie à nos lecteurs de le découvrir ?
Eh bien ce roman-là est assez proche du «premier pas », dans le sens où il s’agit d’une histoire de vie et d’une grande remise en question puisque Valérie, l’héroïne, quitte tout. Elle fuit une vie dans laquelle elle n’arrive plus à avancer. Elle comprend simplement qu’elle doit partir, qu’il y a une véritable urgence avant qu’il ne soit trop tard... Pour donner envie aux lecteurs je dirais que Valérie est une femme touchante dans sa révolte et dans sa façon de se démener avec sa vie, mais aussi parce qu’elle pourrait être n’importe laquelle d’entre nous. Tout au long de son périple, elle va faire des rencontres, certaines plus marquantes que d’autres… Au fur et à mesure le lecteur comprendra ce qui l’a amenée à tout quitter ainsi.
Pour ce nouveau livre, vous avez renouvelé votre confiance à la maison d'édition indépendante Laura Mare Éditions. Quels rapports entretenez-vous avec votre éditrice ?
Je crois que pour un auteur, ne plus avoir à chercher un éditeur une fois le manuscrit refermé est une grande chance. Aujourd’hui avec Laura j’ai cette chance. Laura est ma troisième éditrice… Nous avons « démarré » ensemble en 2004 dans la même maison d’édition, car Laura écrivait également. Nos chemins se sont séparés (enfin pas vraiment car on avait toujours un regard l’une sur l’autre) puis retrouvés. J’ai une profonde admiration pour la façon qu’elle a de tout mener de front. Laura est vraiment quelqu’un de très bien et je la remercie pour sa confiance.
Quels sont vos derniers coups de cœur littéraires ?
Question difficile car je lis pas mal de livres d’amis auteurs… Donc pour ne vexer personne je vais surtout parler de deux livres d’auteurs que je n’ai jamais rencontrés (comme ça c’est plus simple) et qui ont été pour moi deux véritables coups de cœur : « les déferlantes » de Claudie Gallay et « J’ai nom sans bruit » d’Isabelle Jarry. J’ai vraiment adoré…
Un grand merci à vous, Marie-Laure, pour ces quelques confidences. Nous nous retrouverons très bientôt pour la sortie de Et un jour tout recommencer, que j'attends impatiemment !
C’était un plaisir, merci à vous Mélina !
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