De moi, vous dire..

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Paris, France
Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

21 janv. 2011

Pour vous souhaiter une belle année...

En ce début d’année, l’heure est aux bilans en tous genres ! Avant même d’embarquer pour une nouvelle destination inconnue, ne serait-il pas, pour chacun de nous, l’occasion de faire une petite analyse de cette année écoulée ? Un petit état des lieux de notre âme ?
Allez, retournez-vous quelques instants et demandez-vous : combien de journées passées à rire ? A pleurer ? A rêver ? Quel pourcentage de moments de bonheur ? De colère ? De peine ? De doute ? Combien de mots d’amour prononcés ? Combien d’autres qui n’ont pas franchi la barrière de vos lèvres ? Combien de maux aussi, imposés par la solitude du cœur ? Avez-vous trouvé le bonheur ? Ou l’avez-vous égaré en chemin alors que vous étiez sur le point de le toucher du doigt ?... Car oui, le bonheur est sauvage, insaisissable et tellement fragile qu’il s’enfuit dès qu’il entend le bruit de nos pas, s’évanouit dès qu’il se sent un peu trop présent, éclate telle une bulle de savon lorsqu’on tente de le capturer.
Mes propres pourcentages vous feraient peur, ou peut-être pas finalement. Peut-être vous y retrouveriez-vous. J’ai un secret à vous confier : je crois que 2010 s’est payé ma tête !
Ah ça oui, elles étaient belles ses promesses d’espoirs, de nouveaux départs, de bonheurs, de réponses à mes interrogations les plus profondes… Mais, que dire au terme de ces douze mois passés avec 2010…
Des bonheurs ? J’en ai eus, bien sûr, à la pelle même ! De ces instants qui rendent la vie infiniment plus belle, plus douce, plus précieuse. Mais toujours dans leur sillon ces moments de tristesse et d’effondrement qui font couler bien trop de ces perles salées le long de nos joues.
Des espoirs ? Évidemment, j’en ai nourris des tonnes ! De ceux qui font pétiller les yeux et apprécier l’orage en plein été! Mais tous déçus.
Mon cœur s’est perdu, cherché, trouvé puis finalement brisé. Quelques cicatrices de plus, mais toujours aucune ride. Mon cœur est un guerrier.
Alors il est grand temps de faire tes valises 2010 ! Sans regret. Et emmène avec toi ton manque d’empathie, ta dureté, et tes coups qui m’ont blessée jusqu’à presque me mettre à terre. Presque je dis bien. Car derrière toutes mes larmes se cachent bien trop de courage pour me laisser abattre, bien trop de sourires pour ne plus croire que la vie est belle, bien trop d’espoirs pour renoncer à tous ces soleils qu’abritent les nuages.
Ressort-on plus fort de toutes ces épreuves? Je ne crois pas non… Et j’ai bien peur de vous décevoir et de vous priver de votre plus cher alibi, mais on n’apprend pas de ses erreurs. Chaque situation est nouvelle, et chaque bonheur, déception, ou échec l’est donc aussi. Parce qu’à chaque instant de notre vie, nous sommes différents de ce que nous étions l’instant précédent, portés par le courant du temps qui passe et de nos expériences. Pour preuve, n’avez-vous jamais essayé de revivre un moment de bonheur passé ? Et n’avez-vous alors pas été déçu de constater que rien ne peut ramener un souvenir au présent ? Une fois passé, le bonheur est perdu, à jamais. Même les souvenirs que nous en avons ne sont pas à la hauteur.
Alors, soyons lucides quelques instants : non, nos blessures ne nous rendent pas plus forts. Bien au contraire, elles nous affaiblissent, on en ressort meurtris, et chaque nouvel échec nous fait toujours aussi mal. C’est ainsi.
Mais retenez surtout une chose : on en ressort en vie ! Et c’est surement là l’essentiel. Tant que nous souffrons, que nous luttons, que nous pleurons, c’est que nous sommes vivants et que nous pouvons encore aller conquérir de nouveaux bonheurs ! Aucun cadeau n’est finalement plus précieux que celui-là. Et puis, ces moments de profonde tristesse ne rendent-ils pas nos instants de bonheur encore plus beaux ? Plus intenses ? Si le malheur s’installe parfois dans nos vies, c’est simplement pour permettre au bonheur de se reposer un peu.
Alors, malgré tout, merci 2010 ! Car grâce à toi, je suis en vie ! Et que 2011 se tienne à carreau, car je compte bien partir à la conquête de mon bonheur, quels que soient les obstacles qu’elle tentera de mettre sur ma route ! Et vous ? En ferez-vous autant ?
A vous que j’aime - famille, amis, et autres trésors que la vie a déposés sur ma route - et à vous tous, qui vous attardez quelques instants sur ces lignes que 2010 m’a inspirées, je vous souhaite une belle et douce année. Que chaque journée soit remplie de rires, d’amour, de joie, de couleur et de poésie. Et si par malheur vous croisez une journée un peu sombre, souriez-lui, et vous verrez qu’elle s’illuminera.
Ne cessez jamais d’espérer. Car c’est dans l’espoir et dans les rêves qui l’accompagnent que se trouve le bonheur ; à la portée de chacun de nous.
Et surtout, surtout, ne cessez jamais d’aimer, quoi qu’il vous en coûte. Car la vraie richesse est celle du cœur.

« Chaque instant est bonheur à qui est capable de le voir comme tel. » Henry Miller

Mélina Hoffmann

1 nov. 2010

Chronique, Les âmes grises


 « Je ne sais pas trop par où commencer. C’est bien difficile. Il y a tout ce temps parti, que les mots ne reprendront jamais, et les visages aussi, les sourires, les plaies. Mais il faut tout de même que j’essaye de dire. De dire ce qui depuis vingt ans me travaille le cœur. Les remords et les grandes questions. Il faut que j’ouvre au couteau le mystère comme un ventre, et que j’y plonge à pleines mains, même si rien ne changera rien à rien. »
 1917. Un petit village du nord-est de la France, près du front où la première Guerre Mondiale fait retentir ses coups de canon. Par un matin glacial de décembre, une petite fille de dix ans - Belle de jour, ainsi qu’on la surnommait - est retrouvée étranglée près du canal. Le narrateur revient sur ce crime survenu des années plus tôt. Un crime qui semble encore entouré de certains mystères et à partir duquel il nous dresse au fil des pages le portrait des habitants du village.
A commencer par Pierre-Ange Destinat, ancien procureur à la retraite après plus de trente années d’exercice. Un homme impressionnant, peu bavard et détaché, capable de prononcer les sentences de mort sans état d’âme. Un homme solitaire, vivant loin du monde, reclus dans son immense château aux côtés de deux domestiques qui ne se voient gratifiés que de quelques mots par jour.
Il y a aussi cette jeune femme, Lysia Verhareine, « […] bien trop belle, beaucoup trop belle pour être une institutrice, belle à ne pas avoir de métier. » La nouvelle institutrice du village, immédiatement appréciée par tout le monde, y compris par le Procureur. Sans doute fut-elle d’ailleurs la seule à avoir jamais su le comprendre…

Et puis il y en a d’autres. D’autres personnages, d’autres personnalités, d’autres âmes. Des âmes grises. « Les salauds, les saints, j’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil… T’es une âme grise, joliment grise, comme nous tous… ».
Tout au long de cette histoire sombre, ponctuée d’incessants voyages dans le temps dans lesquels il est parfois difficile de ne pas se perdre, on les voit tout de même plutôt tirer vers le noir ces âmes aux destins tragiques… Le mépris, l’indignation, la colère, l’humiliation, le désespoir, l’amertume ou encore le pessimisme peignent la toile de fond de ce récit où chacun des personnages porte en lui un lourd et tout aussi sombre secret. Le narrateur lui-même, dans les dernières pages du livre, nous fait une révélation aussi terrifiante que dérangeante, offrant au livre une fin inattendue et percutante.

Les scènes sont décrites avec une telle précision que l’on ressent le froid de cette matinée de décembre qui enveloppe le corps sans vie et trempé de Belle de jour ; on entend le silence glaçant qui accompagne cette scène ; on visualise avec écœurement le comportement cynique du juge capable de réclamer des œufs mollets et de les déguster à côté du cadavre de la petite fille qu’il considère avec un mépris affiché…
Une précision qui, ajoutée à une narration à la première personne et à l’emploi d’un ton très personnel, donne à l’histoire un caractère authentique, et même parfois des allures de journal intime. « Depuis si longtemps je me sens mort. Je fais semblant de vivre encore un peu. J’ai le sursis, c’est tout. », nous confie le narrateur.
Une écriture nuancée, faite de poésie et de suggestions, mais toujours empreinte de pessimisme et  d’une tristesse qui nous enveloppe tout entier avant de nous ensevelir sous son poids dans les dernières pages.
Au final, que retenir de ce petit chef d’œuvre de Paul Claudel ? Un livre glacial et brutal, qui s’affranchit de la morale. Une atmosphère sombre, à l’image de ces âmes grises aux destins tragiques qui peuplent le roman. Une trame complexe, dans laquelle l’auteur lui-même semble se perdre : « Tout cela a l’air bien embrouillé, comme un coq-à-l’âne cafouilleux, mais au fond, c’est à l’image de ma vie, qui n’a été faite que de morceaux coupants, impossibles à recoller. »
Un livre remarquablement écrit qu’on peut ne pas aimer, mais dont on sort difficilement indemne.
Mélina Hoffmann

12 oct. 2010

Olivier Giraud : un spectacle à ne pas rater !

Sur les conseils avisés d'une collègue, je découvrais il y a quelques mois de cela un artiste plein de talent, que je me suis empressée de retourner applaudir peu de temps après avec des amis !

Impossible de ne pas faire partager cette belle et drôle découverte aux lecteurs du BSC News Magazine !
J'ai donc rencontré Olivier Giraud, à la sortie de son spectacle, constatant avec plaisir que le showman était aussi gentil que drôle, et profondément humain.

Je vous livre ici ma chronique du spectacle, ainsi que l'interview d'Olivier Giraud, que je vous conseille vivement d'aller applaudir au théâtre de la main d'or, à Paris.


S’il est un spectacle à ne pas rater actuellement à Paris, c’est bien celui d’Olivier Giraud, How to become a parisian in one hour ?. Un one-man-show entièrement en anglais, dont le titre à lui seul laisse présager une bonne dose d’humour !

Tout au long du spectacle, et dans un anglais parfaitement compréhensible par les plus débutants d’entre nous, ce jeune humoriste de talent passe en revue un certain nombre de clichés pas très flatteurs qui collent à la peau des parisiens. Par une approche délicieusement humoristique, il met en scène diverses situations de la vie quotidienne : le parisien au restaurant, dans le métro, dans les magasins, en boîte de nuit… Et force est de reconnaître qu’il y a de quoi faire !

On sourit beaucoup, on rit, et on a un peu honte parfois que certains sketchs ne soient pas si caricaturés que cela ! Mais attention, pas question de se prendre au sérieux ni de se vexer! Il est bel et bien question ici d’humour, de second degré, et de tendre moquerie.
Et puis de toute façon, nous, parisiens, savons bien que nous ne sommes pas comme ça ! … enfin, un peu peut-être… Bon d’accord, Olivier Giraud a tout bon !
Mais on ne lui en veut pas !

Retrouvez cette chronique sur le site internet du BSC News Magazine


INTERVIEW




Olivier Giraud, vous êtes actuellement à l’affiche du seul one-man show en anglais de Paris ! Pourquoi ce choix de l’anglais ?
Le choix de l’anglais m’a paru évident car ce spectacle est une leçon de survie pour les expatriés et les touristes.

Est-ce difficile de mettre sur pied un tel projet ?
Ce projet a été dur a réaliser, j'avais l’impression d’avoir une montagne à gravir, remplie de crevasses. J’ai du créer une entreprise, obtenir ma licence de producteur, trouver un théâtre. Le stress et l’anxiété furent mes meilleurs amis pendant de nombreux mois.

Comment vous est venue l’idée d’un spectacle mettant en scène quelques-uns des clichés les plus tenaces à l’égard des parisiens ?
J’ai décidé de créer un one man show en anglais car j ai vécu aux US pendant cinq ans et j’ai observé les américains pendant toute cette période. Les différences culturelles m’ont tellement choqué que j’ai décidé de créer ce spectacle sur ce fossé culturel entre parisiens et étrangers.

Paris, une ville que les parisiens aiment détester selon vous ?
Les parisiens « pure souche » sont fiers de leur ville, par contre les provinciaux vivant dans la capitale critiquent sans cesse leur vie difficile a Paris et comparent toujours leur région natale à la capitale « chez moi, c’est mieux». C’est peut être mieux chez eux mais ils vivent à Paris. Cherchez l’erreur……………..

Les anglais et les américains n’échappent cependant pas non plus à votre œil critique et font l’objet de quelques délicieuses caricatures ! Est-ce pour nous décomplexer un peu, nous, parisiens râleurs et arrogants ?!
Le spectacle avait pour but premier de caricaturer les parisiens, mais je ne pouvais pas passer à coté des « oh my god » répété 100 fois par jour par les américains. Du coup, tout le monde en prend pour son grade !

Vous qui êtes né à Bordeaux et avez vécu cinq ans aux Etats-Unis, quel relation entretenez-vous avec Paris et quel regard portez-vous sur les Parisiens ?
J’entretiens une relation fusionnelle avec Paris. Je trouve cette ville magnifique et je m’y sens épanoui. Je porte un regard attendrissant sur les parisiens, il m’arrive très souvent de m’asseoir à une terrasse de café et de les observer pendant des heures, et je me rends compte que mes caricatures sont très très proches de la réalité .

Votre public est en grande partie composé d’américains, d’Australiens et d’Anglais. Comment expliquez-vous cela ?
Plus de la moitié des spectateurs sont français. L’autre moitié se compose de 20 ou 30 nationalités et pas spécialement d’Américains, Australiens ou Anglais.

Comment les parisiens « pure souche » réagissent-ils généralement à votre spectacle ?

Les vrais Parisiens réagissent très bien, ils me disent souvent que je viens de résumer leur vie en une heure.

Vous invitez votre public à déposer un avis à l’issue du show et à laisser des suggestions. Votre spectacle a-t-il beaucoup évolué grâce à cela depuis vos premières représentations ?

De nombreuses personnes me suggèrent l’ajout du parisien au volant, le parisien en vacances, le bobo parisien. Ces trois parties seront ajoutées tres prochainement.

Vous prenez le temps de serrer la main à chacun de vos spectateurs à la fin du spectacle. Pour quelle raison faites-vous cela ?

Tout simplement pour les remercier d’être venu assister au spectacle et répondre a toutes leurs questions.

Où et quand nos lecteurs pourront-ils venir vous applaudir à la rentrée ?

Le spectacle se joue jusqu’ au 22 décembre 2010, au théâtre de la main d’or, 75011 PARIS
Tous les mardis, mercredis à 20H30
Samedi à 19H et à partir d’octobre le dimanche a 17H30 en plus des 3 jours.

Quels sont vos projets à l’heure actuelle ?
De faire rire encore plus de monde !

Merci Olivier, et que le succès vous accompagne !

Retrouvez cette interview sur le site internet du BSC News Magazine

12 sept. 2010

Ecrit personnel - Mes états d'âme


"Je passe le plus clair de mon temps à l'obscurcir parce que la lumière me gêne." Boris Vian


Je ne sais pas vivre sans drames. J’en suis arrivée à ce constat.
Au fond, je ne suis rien d’autre qu’une âme torturée, un esprit tourmenté, un cœur déchiré. Le bonheur me fait peur. Il m’angoisse. Une vie calme, paisible, sereine, sans vague… c’est ce que tout le monde appelle ‘le bonheur’. Moi, j’appelle cela ‘le vide’. Pessimiste moi ? Non. Juste torturée. Déjà dit.
La souffrance est mon essence, mon alibi. Elle me donne une consistance, une légitimité. Elle me rend vivante. Dans le bonheur je me perds ; dans le bonheur on m’oublie.
C’est notre regard qui donne leur couleur aux choses. Moi je préfère voir les choses en gris. Non par morosité ou manque d’optimisme, mais pour leur donner une richesse supplémentaire. Optimiste je le suis. Je l’ai déjà prouvé. La vie telle qu’elle se reflète dans mes yeux est belle, mais ce n’est pas pour ça que je la vois en rose. Et après tout, qu’est-ce que ça peut bien faire ? Rose, gris… Ce n’est qu’une affaire de goût, non ?
Et puis, mon gris à moi a des nuances. J’essaye de fuir le ton sur ton, trop plombant. Je préfère les dégradés.

Rassurez-vous, mon gris n’est pas triste. Il est doux, mélancolique. Comme la pluie.
La pluie… Tellement plus riche et bouleversante que le soleil ! Rarement la bienvenue pourtant… J’aime la voir s’imposer délicatement ou brutalement, finement ou lourdement, furtivement ou plus durablement. Quoi de plus apaisant et inspirant que de la regarder ; de l’écouter tomber et imprégner avec détermination notre décor ; de respirer les effluves qu’elle dégage, différente selon qu’elle vienne frapper la terre ou l’asphalte… Je ne me lasserai jamais de ce spectacle si poétique. La pluie donne vie à tous nos sens. On peut la voir, la toucher, la sentir, l’écouter… et la laisser envahir de poésie et de vague à l’âme notre être tout entier. Non, la pluie n’est pas triste. Pas plus que mon gris.

Le soleil, lui, se pose en silence, de préférence dans un ciel bleu uni et monotone. Il ne se mêle pas à nous, préférant nous regarder de haut, statique et silencieux.
Bien sûr j’aime la caresse pénétrante de ses rayons, la chaleur qu’il diffuse généreusement et qui réchauffe nos corps frissonnants d’un hiver encore trop présent… J’aime fermer les yeux, aveuglée par sa lumière qui me transperce, comme pour tenter de balayer mon gris de fond…
Mais le soleil, aussi plaisant soit-il, m’anesthésie. Il me prive de mes états d’âme les plus profonds, de mes sources d’inspiration les plus belles.

La pluie et moi sommes en accord. Une harmonie parfaite et délicieuse sur fond gris. Sans doute parce que, sur ma vie, il pleut averse...

Mélina Hoffmann

20 juin 2010

BSC News de juin 2010




Le nouveau numéro du BSC News vient de paraître !

Faite vos valises et préparez vos passeports car ce mois-ci, le BSC News mag' nous emmène en voyage ! Destination: les USA !

Vous pourrez y découvrir mes deux nouvelles chroniques littéraires : "Comment se dire Adieu: rupture, séparation et deuil", un très bel ouvrage pour nous aider à surmonter la perte d'un être cher ; et "Les dépendance, ces fantômes insatiables", un livre passionnant sur nos dépendances, aussi diverses soient-elles, leurs origines, et la manière dont elles affectent notre quotidien.
Également, dans la rubrique "Mélina revisite un classique", la chronique de "L'Étranger", d'Albert Camus.

Ne manquez pas non plus l'interview de Jérôme Garcin, par Julie Cadhilac, la rencontre jazz de Guillaume Lagrée, la sélection musicale d'Alexandre Roussel, et bien d'autres encore !

N'hésitez pas à le feuilleter, à le lire, à vous y abonner, et à laisser vos commentaires, ici ou ailleurs !
Bonne lecture, et bon voyage !

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30 mai 2010

Chronique 'Le fusil de chasse'



Le fusil de chasse
Yasushi Inoué
Editions Le Livre de Poche

Voici ma chronique du très beau livre de Yasushi Inoué, parue dans le numéro de mai du BSC News Magazine. Un roman épistolaire qui aborde les tragédies de l'amour avec intensité et sobriété.

Bonne lecture !


« Maintenant que Mère est morte, vous êtes seul à savoir. Et le jour où vous quitterez ce monde, nul être sur cette terre n’imaginera qu’un tel amour ait jamais existé. Jusqu’à présent, je croyais que l’amour était semblable au soleil, éclatant et victorieux, à jamais béni de Dieu et des hommes. Je croyais que l’amour gagnait peu à peu en puissance, tel un cours d’eau limpide qui scintille dans toute sa beauté sous les rayons du soleil, frémissant de mille rides soulevées par le vent et protégé par des rives couvertes d’herbe, d’arbres et de fleurs. Je croyais que c’était cela l’amour. Comment pouvais-je imaginer un amour que le soleil n’illumine pas et qui coule de nulle part à nulle part, profondément encaissé dans la terre, comme une rivière souterraine. »


Ce livre s’ouvre sur un poème éponyme de l’auteur, publié dans la revue Compagnon du Chasseur, éditée par la Société des Chasseurs du Japon. Il y aborde, en prose, la similitude qu’il a pu observer entre un fusil de chasse et l’isolement d’un être humain.
Le poème passa plutôt inaperçu au moment de sa publication, jusqu’à ce que l’auteur reçoive, quelques mois plus tard, la lettre de Josuke Misugi, un homme prétendant s’être reconnu dans cette prose en la personne du chasseur solitaire. Pour l’auteur, il s’agit là d’un mélange de pur hasard et du souvenir d’un chasseur croisé dans la montagne quelques temps auparavant. Comme pour attester de son identité et justifier le sentiment d’isolement que ressent le chasseur du poème, Josuke Misugi envoie à l’auteur trois lettres qui forment la trame de ce roman. Une démarche peu banale, d’autant que l’homme prie l’auteur de bien vouloir brûler ces lettres après les avoir lues.

Mais après lecture, l’auteur ne peut se résoudre à respecter ce souhait et décide de publier ces lettres dans leur intégralité. Adressées à Josuke Misugi, elles proviennent de trois femmes aux destins jusqu’alors secrètement liés par une histoire d’adultère.
La première est celle de Shoko, la fille de sa maîtresse qui a découvert l’existence de leur relation en lisant le journal de sa mère ; la seconde provient de Midori, sa femme, qui lui annonce sa volonté de divorcer, ne supportant plus l’infidélité de son mari ; la troisième, enfin, est écrite de la main de la maîtresse elle-même, peu de temps avant son suicide. Elle revient sur ces treize années d’amour clandestin. « Je reçois le châtiment mérité par une femme qui, incapable de se contenter d’aimer, a cherché à dérober le bonheur d’être aimée. », écrit-elle dans un dernier souffle.

Trois lettres, trois femmes, trois psychologies, trois visions et ressentis différents d’un seul et même évènement : une tragique histoire d’adultère. Toutes expriment à leur manière et avec beaucoup de pudeur leur sentiment de trahison, de mal-être, leur tristesse.
« […] le serpent qui se cache en chacun de nous est une triste chose. Un jour, dans un livre, j’ai rencontré ces mots : « Le chagrin d’être en vie », et, tandis que j’écris cette lettre, j’éprouve ces chagrins que rien ne saurait apaiser. Quelle est donc cette écœurante, cette effroyable, cette triste chose que nous portons au-dedans de nous ? »
Incontournable de la littérature japonaise, cet ouvrage a reçu, en 1950, le Prix Akutagawa - plus prestigieuse récompense littéraire du Japon.
Amour déçu, passionné, interdit, impossible… Si le thème n’a rien d’original, c’est par sa construction et son style que ce bref roman épistolaire se distingue. Des lettres poétiques, intenses et émouvantes, pourtant écrites avec beaucoup de distance, dans une langue très sobre, dénuée de fioritures, dans le plus fidèle style japonais.

Une histoire grave et profonde ; un court mais magnifique moment de lecture.

Mélina Hoffmann