Grâce à son style simple et décalé, sa plume habile et délicate, ou encore
ses personnages loufoques et attachants,
David Foenkinos s’est tout naturellement fait sa place dans le paysage
littéraire français.
En cette rentrée littéraire, l’auteur de La délicatesse*, Nos
séparations, ou encore Le potentiel
érotique de ma femme – pour ne citer que ces titres – revient avec un
nouveau roman, Les Souvenirs, publié
chez Gallimard.
A cette occasion, et pour notre plus grand plaisir, David Foenkinos a
accepté de se prêter au jeu de l’interview !
David Foenkinos, bonjour, et avant tout merci de me consacrer un peu
de votre temps. Pouvez-vous tout d’abord nous dire quelques mots sur votre
parcours ?
J’ai fait des études de lettres à la Sorbonne, et de Jazz au CIM.
Comment vous est venue l’envie d’écrire des romans ?
Vers l’âge de 16 ans, j’ai découvert des auteurs qui m’ont donné le goût de
lire, puis d’écrire. Ce sont ces rencontres-là qui ont été décisives.
Derrière les situations ironiques, burlesques, qui peuplent vos romans
se dissimulent de nombreuses réflexions sur l'amour, les relations
humaines, la société… Finalement, l’air de rien !, dans vos romans
vous nous parlez... de nous ?
J’aime que les situations ou les personnages soient matière à réflexion,
mais je ne cherche jamais à élaborer des théories, ou faire des généralités.
Vous évoquez des thèmes parfois graves (la mort, la séparation, le
suicide…) avec une légèreté déconcertante qui les rendrait presque plus
supportables ! Etes-vous d’une nature plutôt sereine et
optimiste ?
Comme beaucoup, j’oscille en permanence entre les deux. Je suis un
dépressif joyeux. On retient davantage de mes livres la légèreté alors que,
oui, le fond est souvent grave.
Vous maniez les mots et l’humour avec beaucoup d'habileté, de
subtilité, et on ne peut qu'imaginer que vous avez pris autant de plaisir
à écrire vos livres que nous à les lire ! Pratiquez-vous parfois
l’autocensure ?
J’essaye de prendre du plaisir à l’écriture, oui. J’essaye de m’amuser avec
le roman. Je ne sais pas si je pratique l’autocensure, mais mes livres sont de
plus en plus épurés. Je coupe plus qu’avant !
Avez-vous des rituels d'écriture ? Des lieux ou des musiques dans
lesquels vous puisez votre inspiration ?
J’écris souvent le matin. J’aime aussi écrire quand je voyage. Il m’arrive
d’accepter une invitation dans une librairie, car je sais que je vais pouvoir
écrire dans le train.
Le personnage principal de votre roman "Le potentiel érotique de
ma femme" (ndlr. voir chronique dans ce numéro) souffre d’un besoin
irrépressible de tout collectionner, ce qui provoque des situations très
coquasses ! S'agit-il d'un personnage sorti tout droit de votre
imagination ou est-il inspiré de votre propre tendance à collectionner les
lecteurs fidèles, les prix littéraires et les métaphores ?! (sourires)
Ah… au moment où j’ai écrit ce livre, j’étais loin de collectionner les
lecteurs ! C’est un livre sur l’obsession. Sur le besoin permanent et la
nécessité d’être rassuré. C’est un livre sur une fragilité qui devient comique.
Mais j’aimais bien l’idée d’un homme qui a envie de collectionner un geste de
sa femme.
L’adaptation cinématographique de votre roman La délicatesse sortira très prochainement, avec Audrey Tautou
et François Damiens dans les rôles principaux. Vous avez réalisé ce film avec votre
frère. Que vous a apporté cette expérience ? Une sensation d'aboutissement
? Un nouveau regard sur votre livre, vos personnages ? L'envie de renouveler
l'expérience ?
Non, pas d’aboutissement. Le roman demeure mon obsession. Mais c’était
fabuleux de vivre une expérience collective. Et avec mon frère. Mais c’est si
long un film… il faut beaucoup d’énergie ! Il faut avoir envie de passer
beaucoup de temps avec une histoire. Et c’est ce que j’ai éprouvé pour La
délicatesse. J’avais envie, pour la première fois, de continuer à écrire le
livre. Et puis l’expérience avec les acteurs a été très belle. C’était si
étrange de vivre avec Nathalie et Markus en vrai !
Votre nouveau roman, Nos souvenirs,
vient de paraître. Qu’avez-vous envie de dire à nos lecteurs pour qu’ils
se précipitent en librairie ?!
Disons que c’est un livre plus personnel, sûrement plus grave. Je ne peux
pas motiver les gens pour aller en librairie ! J’espère juste que ceux qui
m’ont découvert avec La délicatesse auront envie de me lire à nouveau.
Quels sont vos projets à l’heure actuelle ?
Aucun ! A part faire une tournée pour la sortie du film.
Que lisez-vous en ce moment ? Quels sont vos derniers coups de
cœur littéraires ?
J’ai adoré le livre de Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit. Il
est d’une grande force.
Enfin, quelle question auriez-vous aimé que je vous pose, et qu'y auriez-vous répondu ?
Etes vous fatigué ? Oui, toujours.
Un petit portrait chinois pour terminer :
Si vous étiez…
- un livre ?
L’insoutenable légèreté de l’être.
Cioran.
- un poète ?
Eluard.
- un moment de la journée ?
Le matin.
- une chanson ?
L’amour en fuite, de Souchon.
- un pays ?
La Suisse.
- un pêché capital ?
La mort.
- une boisson ?
Jus d’abricot.
- un défaut ?
La mollesse.
- une saison ?
L’automne.
- un mot ?
Mauve.
- une citation ?
En vain la raison me dénonce la dictature de la sensualité, Aragon.
Merci beaucoup
David Foenkinos, au plaisir de vous retrouver dans nos pages !
Propos recueillis par Mélina Hoffmann
Retrouvez cette interview dans le BSC News Magazine d'octobre 2011.
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