« Une femme meurt
tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint. »
Si ce chiffre reste beaucoup moins élevé que dans
d'autres parties du monde, il n'en demeure pas moins affligeant, révoltant,
inacceptable. Surtout si l'on considère que, si la violence conjugale connaît
une issue dramatique pour un certain nombre de femmes, beaucoup d'autres
subissent les coups et le harcèlement moral de leur conjoint, parfois sans que
cela ne soit visible de l'extérieur. Pour ces femmes, ce n'est plus de vie dont
il est question, mais de survie. La plupart d'entre elles se taisent. Seules
10,6% portent plainte.
Toutes, pourtant, sont profondément abimées quand
elles ne sont pas complètement détruites, prisonnières d'un mal-être qui les
ronge et bouleverse leur rapport au monde.
Nathalie Cougny donne la parole à quelques-unes de
ces femmes blessées, bafouées, à jamais marquées dans leur chair et leur âme
par une relation – souvent longue - avec un homme violent. Pour certaines,
l'état des lieux est toujours difficile à faire, même après plusieurs années.
Les séquelles sont réelles, le rapport à l'autre et à l'amour inévitablement
transformés, l'estime de soi rarement intacte, la reconstruction difficile.
Leurs témoignages sont touchants, douloureux, sincères. Toutes s'interrogent
sur leur incapacité à aimer et à être aimée, à faire à nouveau confiance à un
homme.
« Mais
cette histoire de 17 ans m'a brisée dans les profondeurs de l'amour, elle a
dévié les chemins, elle a fracturé mes certitudes, défait à jamais les mailles
de la confiance pour un homme. Je cherche un amour absolu qui n'existe pas, un amour qui délivre
constamment des preuves d'amour par peur d'être trahie, trompée,
bafouée. »
Au-delà de ces témoignages poignants, l'auteur nous
informe, nous alerte sur la place des femmes dans le monde et les
discriminations dont elles font l'objet dans de nombreux domaines. Des chiffres
tirés de divers rapports qui font froid dans le dos et qui interrogent. Ainsi,
un rapport de 2007 de l'UNICEF révèle que si les femmes accomplissent 66% du
travail mondial et produisent 50% de la nourriture, elles ne perçoivent en
retour que 10% des revenus et 1% de la propriété. Et ce n'est qu'un exemple...
La violence faite aux femmes est une réalité non
négligeable et pourtant l'un des crimes les moins poursuivis. Comment expliquer
que la société ferme les yeux face à un tel phénomène ? Pourquoi cette
nécessité de l'homme d'avoir une emprise sur la femme ? Une prise de
conscience est nécessaire pour lever les tabous et permettre aux femmes et aux
hommes d'avancer enfin conjointement, sans supériorité ni domination de l'un sur
l'autre.
Le chemin à parcourir est encore long, mais chacun
d'entre nous peut apporter sa pierre à l'édifice en se faisant l'écho des cris
du cœur de ces femmes aux destins brisés.
Mélina
Hoffmann
Chronique publiée dans
le BSC NEWS MAGAZINE de Septembre 2013
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