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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

12 avr. 2012

Chronique 'Deux fois par semaine', Christine Orban




« - Asseyez-vous, dit-il.
Tout tourne autour de moi.
J'ai vingt ans.
Cent ans, parfois.
Une vie commencée par la fin.
Je suis jeune, mais qu'est-ce que la jeunesse quand on a perdu l'insouciance ? »

Mariée depuis peu, une jeune femme de 20 ans se trouve confrontée à la maladie de celui qu’elle aime et qu’elle est sur le point de perdre. Étouffée par une souffrance qu’elle ne sait pas dire, démunie face au drame qui se profile et la prive de toute capacité à ressentir la moindre émotion, elle décide, sur les conseils de son médecin, d’entamer une psychanalyse.  
C’est ainsi que, semaine après semaine, de lundis en jeudis, nous la suivons dans ce cabinet où se tisse peu à peu une relation ténue, presque muette mais néanmoins primordiale, entre elle et son psy. Une psychanalyse dont elle n’espère pourtant rien. « Si je vous parle et que vous parveniez à me guérir, ce sera pour vivre quoi ? »
Car que peut-on attendre de la vie lorsqu’elle nous a dépossédés de nos rêves et de ce qui nous est le plus cher alors même que nous y faisions nos premiers pas ? Qu’a-t-on à espérer d’une vie qui, au lieu de se laisser vivre, nous confronte à la mort de la manière la plus inadmissible qui soit ? A quoi bon ?
Des questions qui hanteront silencieusement chacun de ces entretiens au cours desquels elle tentera, avec pudeur et simplicité, de mettre des mots sur cette « anesthésie du cœur », ce mal-être insoutenable qui la ronge de l’intérieur et la pousse à trouver refuge sur ce divan, deux fois par semaine, face à un psy impénétrable qui n’a à lui offrir que des acquiescements, des raclements de gorge et quelques « hum » de temps à autre. Ersatz de communication auxquels elle s’accroche comme à une bouée de sauvetage, qu’elle tente d’interpréter, tout comme ses silences. Des silences qui la renvoient finalement à elle-même, là où se trouvent les réponses à ses interrogations, les ressources qui lui manquent.
« J'ai loué un espace de temps ; trois quart d'heures, deux fois par semaine. L'espace m'est réservé : reste trente minutes. Une demi-heure peut contenir l'histoire, les douleurs et les secrets d'une existence. Il suffirait de quelques mots, quelques minutes, pour s'alléger d'un fardeau. (...) Pour combattre, nous n'avons pas d'autres outils que les mots. Il n'y a ici ni affection ni compassion. Pas de bras dans lesquels se réfugier, aucune épaule sur laquelle poser sa tête. »
Et c’est par ce lien fragile et dénué de tout sentiment affectif qui se crée qu’elle s’extrait doucement, presque imperceptiblement, de la prison de solitude dans laquelle elle s’était enfermée, reprenant lentement contact avec elle-même et réapprenant la relation à l’autre, si essentielle.
Dans ce roman autobiographique, Christine Orban nous décrit avec précision et simplicité ce qu’est le début d’une analyse, la façon dont se construit et s’articule la relation entre le psy et son patient, l’observation mutuelle à laquelle ils se livrent au cours des séances, la difficile confrontation avec soi-même et le pouvoir des mots face à l’insoutenable.
Un livre tout en pudeur dans lequel les émotions se devinent plus qu’elles ne sont exprimées, nous frôlant sans jamais nous pénétrer. Un ouvrage sensible et intimiste.
Mélina Hoffmann

 Chronique publiée dans le BSC News Magazine de Mars 2012.

3 commentaires:

  1. Bonsoir
    "..... les émotions se devinent plus qu’elles ne sont exprimées, nous frôlant sans jamais nous pénétrer. "

    Effectivement je trouve que c'est vrai ce que vous avez dit,mais en même temps en voyant ton "état d’âme" et "la météo du cœur" ,n'y a t-il similitude entre l'histoire du livre et la votre?
    Alain

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  2. Bonsoir Alain,
    Mes choix de lecture ne laissent en effet que peu de place au hasard.. Il va néanmoins falloir que j'actualise "Mes états d'âme", car je fais désormais en sorte qu'il y ait plus de rires que de larmes dans ma vie. Du moins j'essaye..

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  3. Bonsoir Mélina
    Restes comme tu es ,réelle afin de ne pas tomber dans l'hypocrisie car avoir le cœur dans la main est un don du ciel .Je te souhaites en tout cas plus de rire que de larmes dans ta vie.

    Fernand Pessoa avait disait un jour:

    ".....et ces chanceux qui ont sur le bout de la langue la phrase par laquelle leur pensée s'est révélée à eux - la phrase incontournable, la phrase semblable à l'idée elle-même, la phrase-expression"

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