De moi, vous dire..

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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

11 juil. 2011

Chronique "Chroniques d'une pieuvre", de Laure Mezarigue



« L'épisode malheureux avec l'Homme-Panda avait sérieusement égratigné mon côté fleur bleue au profit d'une facette plus désinvolte que je ne me soupçonnais guère. Cette déconvenue me fit comprendre que, à l'heure du tout jetable où une relation chasse l'autre, les histoires d'amour ne font pas de vieux os. Si la société de consommation avait transformé l'humain en vulgaire produit, pourquoi ne pas faire du shopping au gré des catalogues en ligne ? »
Suite à un divorce douloureux, une trentenaire vagabonde sur la Toile, en quête de l'homme idéal.
Mais elle va rapidement se rendre compte que ses attentes et espoirs sont un peu trop élevés ! En guise de princes charmants vont se succéder des hommes aux personnalités hors-norme. Il y a l'Homme Panda, l'Homme Mégalo, ou encore l'Homme Gourmet, ainsi qu'elle les surnomment !
Des rencontres coquasses, inattendues et savoureuses dont, rapidement, elle ne parvient plus à se passer. Et nous non plus ! Le virtuel prend le pas sur le réel et les déceptions s'enchaînent, la poussant peu à peu à "affiner ses tactiques de recherche"! Et nous nous délectons ainsi, au fil des pages, de ses déboires amoureux avec ses "muses électroniques", qu'elle nous fait partager sur un ton déjanté en les agrémentant avec spontanéité de commentaires parfois hilarants !
Un délicieux roman contemporain que l'on n'a plus envie de lâcher une fois commencé ! Laure Mezarigue manie l'humour avec beaucoup de doigté, d'aisance et d'efficacité. Un vrai régal !

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de juin 2011.

12 juin 2011

Chronique "Le premier pas" + Interview Marie-Laure Bigand



« Et tout à coup, tandis que mes pas s'enchaînaient aux leurs, ma vue se brouilla, substituant les deux silhouettes en deux autres silhouettes, d'une autre époque, d'un autre lieu. Un flash éclair traversa mon esprit sous la forme d'un visage oublié, celui de Patricia, mon amie d'enfance. Cette vision soudaine me donna le vertige. Pourquoi là et maintenant son souvenir m'envahissait-il avec autant de force ? La mémoire jouait parfois de drôles de tours. »
Après quinze années de mariage au bout desquelles son ex-mari avait fini par lui préférer une femme plus jeune, Irène vit seule avec sa fille Solenne.
Difficile pour Irène d'accepter d'avoir été supplantée, non seulement dans son rôle de femme, mais également dans son rôle de mère puisque Solenne - en conflit permanent avec sa mère - considère comme une copine cette nouvelle belle-mère. Alors, lorsque l'adolescente exprime son désir d'aller vivre avec son père, c'en est trop pour Irène qui se sent plus seule et désemparée que jamais.
Lui revient alors subitement le souvenir de Patricia, son amie d'enfance qu'elle a perdu de vue depuis vingt ans. Renouer les liens qui les unissaient s'impose alors comme une nécessité. Irène décide de confier Solenne à son père le temps d'un été, et de partir à la recherche de cette amie perdue.
Mais que peut-il donc rester d'une amitié laissée à l'abandon vingt années durant ? Est-il seulement possible de ramener le passé à la vie ?
Irène part à la rencontre des parents de Patricia pour retrouver sa trace. Mais lorsqu'elle apprend que cette dernière ne leur a pas donné signe de vie depuis cinq ans, Irène comprend qu'il se passe quelque chose d'anormal et que ces retrouvailles risquent de ne pas être aussi simples qu'elle l'imaginait...
Cette histoire n'est pas seulement la quête d'une amitié perdue, elle est aussi la quête personnelle d'une femme à qui la vie semble avoir enlevé tous ses repères. Avec une infinie tendresse et une simplicité déconcertante, Marie-Laure Bigand aborde les thèmes essentiels de la vie courante : liens familiaux, amitié, amour, quête de soi, solitude... et d'autres plus graves que dévoile peu à peu le récit.
En partant à la recherche de son amie d'enfance, Irène va se trouver confrontée à des évènements auxquels elle ne s'attendait pas, qui vont l'amener à jeter un regard différent sur la vie, et à envisager son destin différemment. « Ces vacances ressemblaient à une introspection, c'était comme si je déposais mon passé durant un été pour mieux l'analyser et apprendre à reprendre ma vie en mains. »
On ressort bouleversé de ce récit profondément humain, mais surtout enrichi de toute la sensibilité échappée de la plume de l'auteur.

Je meurs d'envie de vous en dire plus, mais il me semble que ce serait trop en dévoiler et vous priver d'un peu de l'immense plaisir que procure la lecture de ce livre ! Alors je vous souhaite simplement une bonne lecture ! Ce premier pas là, nul doute que vous ne le regretterez pas !
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de mai 2011.


Interview Marie-Laure Bigand


Marie-Laure Bigand est une romancière "dans l'air du temps", pour reprendre les mots de son éditrice Laura Mare. Sa sensibilité transparaît dans chacun de ses ouvrages, à travers des personnages qui nous ressemblent. Alors que sort ce mois-ci son quatrième ouvrage, Et un jour tout recommencer, Marie-Laure Bigand s'est prêtée au jeu de l'interview et nous parle de son précédent roman, 'Le premier pas', une belle histoire d'amitié, d'amour et de quête de soi.

Bonjour Marie-Laure. Je suis heureuse de pouvoir présenter aux lecteurs du BSC News Magazine l'auteur talentueuse, généreuse, et bien trop méconnue que vous êtes ! Nous allons parler ensemble de votre deuxième roman, Le premier pas, qui raconte l'histoire d'Irène, une femme divorcée qui, après avoir perdu sa place de femme, sent sa place de mère lui échapper. Désemparée, elle décide un jour de partir à la recherche de son amie d'enfance qu'elle n'a pas vue depuis vingt ans.
Comment vous est venue l'idée de ce roman ?
Bonjour Mélina, tout d’abord merci de m’accorder ce temps et de vous êtes penchée sur mes écrits…
C’est très difficile de dire comment me vient l’idée d’un roman. Un jour c’est là, en moi et peu à peu l’histoire se construit. Pour ce roman le fil conducteur était la recherche de l’amie d’enfance perdue de vue. Qu’est-ce qui fait qu’un jour la vie sépare des amis (ies), quel est l’élément ou les éléments déclencheurs ?
A quand remonte votre première véritable rencontre avec l'écriture ?
Les livres et moi c’est une longue histoire… Dès que j’ai su lire je me suis mise à dévorer les livres. Je m’inventais tout le temps des histoires. C’est vraiment à l’adolescence que j’ai commencé à jeter des mots sur le papier, mais je ne gardais rien. Après, entre le travail, les enfants, une maison à tenir j’avais juste le temps d’écrire le soir des petites choses. C’était plus des impressions, des moments de vie saisis au vol. J’ai ensuite écrit des histoires pour mes enfants, puis quelques nouvelles, avant de me plonger dans le roman et d’y rencontrer une véritable passion.

Pour avoir eu l'occasion - et le plaisir ! - de faire votre connaissance lors d'une rencontre avec des auteurs à Paris le mois dernier, je ne pense pas me tromper en disant que cet ouvrage vous ressemble par la sensibilité et l'humanité qui en imprègnent chaque page. Cette profonde remise en question et ce désir soudain de l'héroïne de prendre son destin en main correspondent-ils à une expérience personnelle ou à un désir enfoui ?
Alors non, j’aime bien ma vie comme elle est, même si comme tout le monde j’ai eu à certains moments de mon existence nombre d’interrogations. Je pense que j’ai la chance de pouvoir m’évader avec mes personnages. J’ai leurs destins entre mes doigts et ça c’est assez génial, même si parfois je me demande si ce ne sont pas eux qui me mènent là où ils veulent aller. Ensuite il est vrai que je suis très sensible, trop même. J’ai appris à vivre avec mais ce n’est pas toujours simple. Cependant je suis bien consciente que si je n’avais pas cette sensibilité je ne pourrais pas écrire. Je suis très attentive aux autres, j’observe beaucoup… Alors bien sûr que dans mes romans c’est un mélange de tout ça !

Vous abordez des sujets sensibles avec une grande délicatesse qui nous fait garder espoir tout au long du livre.
Êtes-vous quelqu'un de plutôt confiant face à l'épreuve ?
Lorsque l’on traverse des épreuves, on n’a pas le choix, il faut les assumer. Je pense aussi que l’on se construit à travers et que cela nous rend plus fort. Mais au moment où on les vit, on ne pense pas vraiment à ça, c’est après seulement qu’on le comprend. J’ai la chance d’avoir une grande part d’optimisme en moi, ce qui m’a toujours aidée…

Le premier pas est généralement le plus difficile à faire. Est-il un premier pas que vous aimeriez mais n'osez pas?
Non… Je crois qu’au cours de ma vie j’ai toujours su faire les premiers pas au moment où je devais les faire. Ceux que je n’ai pas faits c’est parce que j’estimais que ce n’était pas à moi de les faire et non pas parce que je n’ai pas osé...

Vous êtes membre et secrétaire de l'association 'Les mots migrateurs'. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette association ?
C’est un collectif d’écrivains en Val d’Oise dont le but est d’aider toute personne ayant un projet d’écriture. C’est aussi un moyen pour nous de participer à des salons et à diverses manifestations locales. En fait, on fait beaucoup de choses, de plus en plus même. Le mieux est que chacun se rende sur le site pour y découvrir notre travail : http://www.motsmigrateurs.fr/index.html. Depuis plus d’un an maintenant je co-anime une émission radio (radio RGB) avec le président de l’association, Philippe Raimbault.

Votre quatrième roman, Et un jour tout recommencer, vient de paraître. Qu'aimeriez-vous en dire pour donner envie à nos lecteurs de le découvrir ?
Eh bien ce roman-là est assez proche du «premier pas », dans le sens où il s’agit d’une histoire de vie et d’une grande remise en question puisque Valérie, l’héroïne, quitte tout. Elle fuit une vie dans laquelle elle n’arrive plus à avancer. Elle comprend simplement qu’elle doit partir, qu’il y a une véritable urgence avant qu’il ne soit trop tard... Pour donner envie aux lecteurs je dirais que Valérie est une femme touchante dans sa révolte et dans sa façon de se démener avec sa vie, mais aussi parce qu’elle pourrait être n’importe laquelle d’entre nous. Tout au long de son périple, elle va faire des rencontres, certaines plus marquantes que d’autres… Au fur et à mesure le lecteur comprendra ce qui l’a amenée à tout quitter ainsi.

Pour ce nouveau livre, vous avez renouvelé votre confiance à la maison d'édition indépendante Laura Mare Éditions. Quels rapports entretenez-vous avec votre éditrice ?
Je crois que pour un auteur, ne plus avoir à chercher un éditeur une fois le manuscrit refermé est une grande chance. Aujourd’hui avec Laura j’ai cette chance. Laura est ma troisième éditrice… Nous avons « démarré » ensemble en 2004 dans la même maison d’édition, car Laura écrivait également. Nos chemins se sont séparés (enfin pas vraiment car on avait toujours un regard l’une sur l’autre) puis retrouvés. J’ai une profonde admiration pour la façon qu’elle a de tout mener de front. Laura est vraiment quelqu’un de très bien et je la remercie pour sa confiance.

Quels sont vos derniers coups de cœur littéraires ?
Question difficile car je lis pas mal de livres d’amis auteurs… Donc pour ne vexer personne je vais surtout parler de deux livres d’auteurs que je n’ai jamais rencontrés (comme ça c’est plus simple) et qui ont été pour moi deux véritables coups de cœur : « les déferlantes » de Claudie Gallay et « J’ai nom sans bruit » d’Isabelle Jarry. J’ai vraiment adoré…

Un grand merci à vous, Marie-Laure, pour ces quelques confidences. Nous nous retrouverons très bientôt pour la sortie de Et un jour tout recommencer, que j'attends impatiemment !
C’était un plaisir, merci à vous Mélina !

Retrouvez cette interview sur le site internet du BSC News Magazine

25 mai 2011

Chronique, "Une enfance australienne"



« Adrian aspire à un monde calme et doux; aussi est-il prêt à accepter beaucoup de bizarreries, du moment que cette tolérance garantit la paix. Plus tard, il comprendra que tous les modes de vie ne sont pas acceptables. Pour l’instant, il est encore trop petit. »
Adrian est un petit garçon de neuf ans qui vit avec sa grand-mère et son oncle depuis que sa mère a été jugée inapte à l’élever presque un an auparavant. Il rêve secrètement de choses simples et abrite de nombreux tourments dans sa solitude. Sa grand-mère s’occupe bien de lui, elle le dépose devant son école tous les matins et revient le chercher chaque après-midi, mais ils ne se parlent pas beaucoup.
« Elle lui dit souvent qu’il est son fil à la patte. Il ne sait pas trop ce qu’elle entend par là. Il a beau regarder, il ne voit pas en quoi il ressemble à un fil. »
Adrian a peur de beaucoup de choses, simples inquiétudes ou peurs intimes: des sables mouvants aux monstres marins en passant par la foule, la combustion spontanée ou encore l’abandon... Adrian a peur qu’un jour on l’oublie, qu’il se retrouve seul. Mais aussi fortes que soient ces peurs, la plupart du temps il les garde pour lui. Parce qu’il sent bien qu’elles pourraient paraître ridicules aux yeux des autres.
Une nouvelle inquiétude vient s’ajouter a sa liste secrète lorsqu’il entend parler de la disparition de trois enfants alors qu’ils allaient acheter des glaces. A l’inquiétude s’ajoute l’incompréhension.
« Jamais Adrian n’avait imaginé qu’un enfant ordinaire, un garçon comme lui (...) était susceptible d’intéresser quelqu’un d’autre que sa famille ou ses amis. Jamais il n’avait envisagé que l’on pût enlever ou vouloir un enfant banal. En fait, il n’avait jamais envisagé qu’un enfant ordinaire pût être désirable. »
Et puis il y a cette étrange famille qui vient de s’installer en face de sa maison et qui semble avoir des choses à cacher...Sonya Hartnett pénètre magnifiquement le monde de l’enfance et ses souffrances, ses doutes, ses espoirs, ses inquiétudes, ses incompréhensions, ses drames également. Elle peint avec justesse et précision la naïveté des enfants, leur inconscience du danger, l’interprétation de la réalité qui les entoure, la manière dont ils intériorisent ce qu’ils ne perçoivent pas encore comme des souffrances...« Adrian est un enfant pour qui la vie peut s’effondrer à la moindre occasion. Une seule petite difficulté suffit à le briser. Devant la fenêtre, il se laisse envelopper par l’inquiétude; la marée des soucis lui soulève le cœur. Ses yeux gris s’humectent. Ses angoisses semblent vouloir s’infiltrer. Il n’a que neuf ans, mais le monde tente déjà de le submerger. Il ne sait pas comment il survivra quand il sera grand, quand ses angoisses auront crû avec les années, quand elles auront fleuri, quand elles se seront multipliées. »
Par ce récit, l’auteur s’attache à redonner de la légitimité aux peurs et aux angoisses auxquelles peut être confronté un enfant. Des angoisses que nombre d’adultes se contentent de minimiser, voire d’ignorer, sous prétexte du jeune âge et de l’inexpérience que ces jeunes âmes ont du monde. Par sa plume douce, juste, riche en descriptions et en détails, elle nous rappelle à quel point la solitude peut être douloureuse, même lorsqu’on a que neuf ans.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée sur le site Internet du BSC News Magazine, ICI.

22 mai 2011

Chronique, 'Par un matin d'automne'



« Aujourd’hui, en ce bout du monde, une page va être tournée sur un rêve, un secret va être dévoilé. Nous sommes à Thiepval ; seul l’épais brouillard d’un matin d’automne parvient à dissimuler l’imposante arche de brique du mémorial des disparus de la Somme, témoignage de notre conscience collective. C’est là que Léonora Galloway a amené sa fille pour entamer le récit de ce qu’elle a mis elle-même si longtemps à comprendre. »
30 avril 1916. Cette date gravée sur les murs du Mémorial franco-britannique des soldats morts au cours de la bataille de la Somme est celle à laquelle le père de Léonora est mort.
Élevée par une tante séductrice et cruelle dans un endroit où elle ne s’est sentie ni aimée ni la bienvenue, Léonora n’a reçu aucun héritage de sa famille dont l’histoire a toujours été entourée du plus grand silence.
Mais comment son père peut-il avoir été tué le 30 avril 1916 alors que Léonora est née le 14 mars 1917, soit onze mois plus tard ? Et quel est cet autre mystère qui entoure la mort de sa mère qui n’a d’ailleurs ni tombe ni stèle à son nom ?
Nous sommes à la fin des années 1990. Après s’être réappropriée son passé lourd de secrets, Léonora décide de voyager en France avec sa fille - jusqu’au mémorial de Thiepval - pour lui en faire le récit détaillé et lever ainsi le voile sur son histoire et ses origines. Un récit qui nous plonge littéralement au cœur du quotidien d’une demeure anglaise qui, en 1914, accueille des officiers et sous-officiers en convalescence. L’un d’eux est le meilleur ami du père de Léonora qui vient de mourir au combat. En pénétrant dans cette maison et dans le quotidien étrange de ses habitants, celui-ci n’avait probablement aucune idée des drames auxquels il allait être confronté…
Amour, trahisons, secrets de famille, mensonges, drames et chantage tissent la trame de ce récit bouleversant dans lequel présent et passé s’entremêlent. A peine croit-on avoir résolu un mystère qu’un autre se dessine dans son ombre.
« Nous ne savons pas à quel moment la vie va nous présenter ses plus grands défis. »
Voilà qui résume l'état d'esprit de ce roman à l'ambiance très anglaise qui se construit à la manière d’un puzzle, révélant pièce par pièce les secrets d’une intrigue riche, pour nous emmener avec délectation jusqu’à son dénouement.
Robert Goddard témoigne ici d’un grand sens du romanesque.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine d'avril 2011.

14 avr. 2011

Chronique, 'La grand-mère de Jade'



« Jade voyait désormais Mamoune différemment... Comme si elle avait rencontré une autre femme. Pour la faire rire un soir, elle lui avait dit : Je connaissais Mamoune et maintenant j’ai rencontré Jeanne. Et cette Jeanne-là était devenue bien plus que sa grand-mère. Une femme qu’elle aimait à travers son histoire, ses lectures, ses amours et sa secrète intensité qui l’émouvait profondément. »
Jade vit seule dans son appartement depuis qu’elle a quitté celui en qui elle avait cru voir l’homme de sa vie pendant cinq ans. Un soir, elle apprend que sa grand-mère de quatre-vingts ans a fait un malaise qui a convaincu son père et ses tantes de la placer en maison médicalisée. Jeanne, est indignée. Sa Mamoune, comme elle l’appelle, mérite mieux que cela. Elle se refuse à voir celle qui a distribué tant d’amour et d’attention tout au long de sa vie être ainsi abandonnée à sa solitude et sa vieillesse.
Jade décide alors de suivre son cœur et d’aller chercher sa grand-mère afin de la prendre sous son aile. Commence alors une cohabitation chaleureuse entre une jeune femme qui se rêve écrivain et sa grand-mère qui, sa vie durant, s’est livrée clandestinement à sa passion pour la lecture. Deux femmes qui se connaissent depuis de longues années, et qui se rencontrent enfin, autour d’une même passion. « J’ai soudain devant moi une étrangère. Elle n’est plus dans sa fonction de grand-mère. Elle est une femme avec ses aspirations secrètes (...) »
Une rencontre bouleversante entre deux générations qu’à priori tout oppose mais qui ont beaucoup à s’apprendre et à partager. Ainsi, les sentiments d’incompréhension et de décalage cèdent peu à peu la place à la curiosité, l’étonnement, l’apprentissage, le partage et la complicité. « C’est sans doute ce que nous tricotons avec bonheur, Jade et moi, dans notre drôle de vie en commun : une découverte passionnée de l’autre, au-delà de ce que nous en savons. »
Une histoire touchante - où s’entremêlent les voix de Jade et de Jeanne - qui aborde avec brio les thèmes de la vieillesse - sur laquelle l’auteur pose un regard chargé de tendresse -, de la passion amoureuse, de la rencontre, du travail de l’écrivain ou encore des plaisirs innombrables prodigués par la lecture.
Une plume d’une infinie délicatesse et d’une grande sensibilité pour un livre tout en philosophie qui nous invite à aller à la découverte de l’autre - celui que l’on ne connaît pas, que l’on connaît bien ou que l’on croit connaître-, et dont le dénouement complètement imprévisible nous laisse sans voix.
Un magnifique et poétique moment de lecture.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de mars 2011.

29 mars 2011

Chronique, 'L'amant Liesse'


« Elle l’attend. Elle est l’attente. Chaque matin davantage depuis une semaine qu’elle a pour la première fois senti l’immense vague lui creuser le ventre au rythme de sa langue dans sa bouche, la langue de Liesse, elle est l’attente, l’attente ailée confiante d’une chrysalide, elle sourit, elle pense à la fatalité du désir, puisqu’il arrive (...) »

Prenez une profonde inspiration avant d’entamer la lecture de cette nouvelle brûlante, car vous ne pourrez reprendre votre souffle qu’une fois le livre refermé !
Nul besoin d’intrigues ou de rebondissements, Bertrand Leclair parvient, par un exercice de style magistral, à nous maintenir en haleine d’un bout à l’autre de ce texte transpirant de désir. Un désir projeté dans l’attente quasi insoutenable d’une femme mariée pour son amant, un amant qu’elle appelle Liesse. «Elle veut à frémir qu’il arrive et ses mains sur elle et son souffle et sa peau, sa peau, oui, elle veut sa peau, c’est exactement ça elle veut la peau de Liesse (...)».
Les mots s’enchaînent à une vitesse folle, dans une prose délicieusement poétique où le désir exacerbé repousse les points et les virgules. On lit ce texte d’une seule traite, comme on courrait un 100 mètres. Impossible de s’arrêter.
On se laisse emporter dans ce tourbillon de mots, dans cette cascade de désir. Un désir brut exprimé sans tabou, avec, d’un côté, le désir étourdissant d’une femme qui attend son amant, un amant qui redonne vie à chaque parcelle de son corps, de son être, «la vie vraie de l’âme au corps accordée», la ramenant à elle-même, entière et vivante ; et de l’autre côté son mari, rongé par la jalousie, qui couche ses doutes sur le papier pour ne pas affronter la réalité. Une réalité qui s’impose de plus en plus à lui, qui se devine de plus en plus dans l’attitude de cette femme «absente à leur univers et pourtant présente à elle-même comme il l’a rarement observée.»
Le désir imprègne chaque phrase, dont certaines s’écrivent sur plusieurs pages avant de nous autoriser à reprendre notre souffle. Un désir interdit vécu sans culpabilité. « (...) femme adultère, ce mot d’adulte au parfum de mystère, ce mot de grande personne peut-être, elle songe, traçant les lettres éphémères au souffle du miroir, ce mot qui la fait grandir et grandir jusqu’au vertige, elle songe, qui vous fait grandir mais vous précipite au sens de la terre (...) ».
L’auteur manipule les mots avec une aisance déconcertante. Jeux de mots, métaphores, brèves incursions poétiques... : on ne lit pas simplement ce livre pour l’histoire qu’il raconte, mais aussi pour la qualité et l’originalité déconcertante de la plume de l’auteur.
Un chant érotique enivrant qui éveillera tous vos sens.
Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC News Magazine de février 2011.