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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

24 juil. 2012

Chronique 'La vie suspendue', Marie Barrillon



« J’en viens à penser que la vie s’acharne toujours sur les mêmes personnes. Comme si la douleur ne suffisait pas en une seule et unique occasion. Non, il en faut encore et encore. Accumuler les douleurs. Assombrir les bonheurs. Faire un néant d’un bonheur qui s’annonçait certain. Faire le vide d’un sentiment exceptionnel. Faire notre, cette vie dans une situation tragique. »

Comment retenir la vie qui nous échappe, le bonheur qui se dérobe sous nos yeux impuissants, le temps qui nous emmène vers une issue qui s’annonce douloureuse ?
Comment combattre le sentiment de colère, de révolte contre cette vie qui s’empresse d’assombrir un bonheur difficilement acquis, d’anéantir des rêves sur le point de devenir des réalités, de nous couper le souffle lorsqu’enfin nous étions parvenus à respirer profondément ?
Dans  ce récit court et poignant, Marie Barrillon nous parle avec une infinie délicatesse d’un amour passionnel que rien ne semblait pouvoir détruire, de moments de bonheur  de ceux auxquels on ne croit plus lorsque la vie nous a trop souvent malmené. Avec beaucoup de poésie et une intensité bouleversante, elle nous raconte l’histoire d’une relation pleine de promesses qui, soudain, bascule tragiquement.
Une relation dans laquelle tout allait pour le mieux, jusqu’à ce qu’une distance s’installe, que l’intimité se fasse de plus en plus rare malgré un amour toujours aussi présent. Une distance incompréhensible, jusqu’à ce que l’homme  aimé murmure à l’oreille de celle dont il partage la vie le seul mot qu’elle n’aurait jamais voulu, jamais imaginé entendre. Un de ces mots que l’on croit toujours naïvement réservé aux autres : maladie. Un mot qui anéantit tout, face auquel la jeune femme se sent désarmée, n’ayant rien d’autre que son amour à offrir pour tenter de combattre ce « mal moderne » qui est désormais le leur. Mais l’amour est parfois insuffisant et n’est alors plus que le spectateur d’une destruction contre laquelle ils ne peuvent rien.
Marie Barrillon nous raconte la lutte de cette femme pour sauver son couple condamné, sa détermination à combattre la fatalité. Puis cet amour qui lui échappe, qui leur échappe, se nourrissant de leurs peurs qui se font de plus en plus présentes : « Nous en sommes arrivés à avoir peur l’un de l’autre et de notre tendresse. Peur de nous toucher sans éveiller les regrets. Peur de nous aimer avec des conditions. Peur de nous parler en évitant les mots d’amour. Peur de nous tenir la main sans faire surgir nos désirs. Peur de notre propre regard l’un vers l’autre et de ce que l’on pourrait y lire. »
Le doute et l’incompréhension s’installent sur une vie qui n’a plus de direction, sur un avenir qui se meurt. Elle tente de fermer les yeux, de tourner le dos à cette tragédie qui les frappe de plein fouet, mais la réalité la rattrape toujours, plus violente et inacceptable à chaque fois.
Elle en vient à se perdre, à ne plus savoir qui elle est. A fuir cet amour qui n’est plus que douleur, sans pour autant avoir la force d’y renoncer.
« Je coule à pic. Si une main pouvait se tendre vers moi, je la saisirai… peut-être. Juste pour que mes larmes aient une autre cause. Mes sourires, un autre horizon. Mes désirs, un autre corps. Mon destin, un autre chemin. »
Marie Barrillon sait nous toucher en posant les mots justes sur les émotions les plus complexes. Au fil de ses phrases courtes et percutantes, sa tristesse, sa colère, son désarroi deviennent les nôtres, au point d’en devenir parfois presque insoutenables.
La vie suspendue, c’est un combat. Le combat d’une femme qui semble retenir son souffle, d’un couple que l’on imagine marcher sur un fil au-dessus du vide. Un beau moment de lecture.
Mélina Hoffmann
Chronique publiée dans le BSC News magazine.

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