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Ma vie, c'est du bonheur à ne plus savoir qu'Enfer. Journaliste littéraire et culturelle pour le BSC News Magazine, je suis une passionnée, amoureuse de la vie et boulimique de mots. Ceux que je dévore à travers mes très nombreuses lectures, et ceux qui se dessinent et prennent vie sous ma plume. Je travaille actuellement à l'écriture d'un roman, d'un recueil de poèmes ainsi que d'un recueil de tweets. A mes heures perdues, s'il en est, j'écris des chansons que j'accompagne au piano. Mon but dans la vie ? Réaliser mes rêves. Work in progress... LES TEXTES ET POÈMES PRÉSENTS SUR CE BLOG SONT PROTÉGÉS PAR LE CODE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE (COPYRIGHT).

13 janv. 2013

'L'armoire des robes oubliées', Riika Pulkkinen




« Vous pouvez sortir de votre vie sans adieux, sans explications. Il est possible de franchir le seuil, de laisser l'autre pleurer, crier, rester couché par terre dans l'entrée pendant des jours entiers. Il est possible de dire "à demain", tout en sachant qu'il n'y aura jamais de rendez-vous. »

Elsa est malade depuis six mois, victime d’un cancer foudroyant. Elle vit ces derniers moments avec insouciance et légèreté, entourée de ses proches qui tentent au mieux de dissimuler leur chagrin. Il y a son mari, Martti et sa fille Eleonoora.

Il y a aussi Anna, la fille d’Eleonoora, rêveuse et pleine de vie. Anna qui aime par-dessus tout se promener dans le tramway avec son grand-père, un peintre célèbre, et inventer une vie aux passants qu’ils observent ensemble.

Et puis, une robe oubliée dans un placard, retrouvée par hasard. Un souvenir qui ressurgit. Un drame qui a laissé une empreinte silencieuse au sein de sa famille. Un secret dissimulé derrière le mariage apparemment heureux de ses grands-parents, qu’Anna va faire ressurgir.

Qui est cette Eeva dont elle n’a jamais entendu parler et à qui appartiendrait cette robe ? La femme qui gardait sa mère lorsqu’elle était enfant, dans les années 60, lui dit-on. Mais à mesure que le passé se dévoile, Anna comprend que cette Eeva a joué un rôle bien plus important dans la vie de ses grands-parents, et surtout dans le cœur de son grand-père…

Ce livre est une petite merveille de douceur et de poésie. La plume de Riika Pulkkinen est d’une telle musicalité que chaque phrase semble nous imprégner d’une mélodie qui ne nous quitte plus. Une sensation renforcée par le choix de l’auteur de donner aux protagonistes féminins des prénoms et diminutifs sonnant en A.

Avec détail et habileté, elle nous transporte d’une mémoire à l’autre, d’une époque à l’autre, sans jamais nous perdre, pour reconstruire des souvenirs que le temps et les mensonges ont altéré.

« Les murs nous préservent, la nuit nous protège. Tout a déjà commencé, tout avait commencé lorsque j'ai sonné à la porte, tout avait commencé lorsque j'ai franchi le seuil. Tout avait commencé déjà bien avant. Tout est aussi vieux que le temps. »

On se projette sans mal dans chaque scène, tant le décor et l’émotion sont retranscrits avec précision et sensibilité. L’auteur nous promène délicatement à travers les différents stades de l’amour ; du simple confort dans lequel nous plonge la présence de l’autre, notre gestuelle que l’on détaille à son attention, les rêves que l’on nourrit, jusqu’à sa personne que l’on est capable de voir dans sa totalité.

Les mouvements du cœur, de l’âme, de la vie, y sont dessinés telles des notes sur une partition. La mort qui guette, qui s’approche, qui frappe, rassemble puis sépare ; l’amour qui naît, qui s’impose, qui s’embrase, qui fuit, unit ou détruit. Il est aussi beaucoup question de l’enfance, de l’innocence, de l’Art, du temps qui passe…

On sort de ce roman avec comme seule envie celle d’y revenir, de prolonger encore un peu le voyage. Un très beau moment de lecture, comme une parenthèse dans le temps.

Mélina Hoffmann

Chronique publiée dans le BSC NEWS MAGAZINE de Janvier 2012 
 

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